đż 2022-07-08 13:23:33 â Paris/France.
JusquâĂ la premiĂšre du documentaire acclamĂ© Movistar Plus +, LocomĂa Ă©tait un souvenir. Un Ă©clair queer-rococo, un pĂ©tard Ă©phĂ©mĂšre aux Ă©chos parodiques. Mais si vous avez vu ces trois chapitres qui en disent long sur lâEspagne des annĂ©es 90, sur le pot crĂ©atif quâĂ©tait Ibiza, sur lâindustrie musicale lĂ©onine et sur la psychologie de lâambition, de lâĂ©chec et du ressentiment, vous le voyez sĂ»rement maintenant dâun point de vue trĂšs diffĂ©rentâŠ
⊠Et câest toujours insuffisant. Parce quâil y a plus. Ou alors il semble. Parce que, comme vous le verrez ci-dessous, le radar pour diffĂ©rencier les faits de la fiction va souvent se dĂ©clencher. Nous le pointons vers Xavier Font, le chef spirituel de tout ce phĂ©nomĂšne. Un personnage controversĂ© au verbiage dĂ©chaĂźnĂ©, parfois contradictoire, mais toujours hypnotique. Il semble ĂȘtre le candidat idĂ©al pour organiser des combats dans la prochaine Ă©mission de tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ© de Telecinco (ne lâexcluez pas), mais il a dâautres projets.
Nous sommes assis avec lui et trois membres de la formation actuelle de LocomĂa dans les coulisses de la scĂšne Vibra Mahou de Mad Cool. Il reste quelques heures avant de donner un show surprise dans cette boĂźte de nuit devenue le cĆur rĂ©tro du festival madrilĂšne. Pour quâon se comprenne, cette LocomĂa porte le sous-titre de âImperiumâ et ressemble beaucoup Ă la LocomĂa des annĂ©es 90. Un hommage remis au goĂ»t du jour, « plus hardcore », selon ses membres, Enrique Arenas, FĂ©lix MontĂĄs et EdĂ©n Cañadas. Mais il y a, ou il y aura, plus de formats LocomĂa. Et un film sur Netflix. Ils sont (ou seront) les fruits tardifs de cette racine que le documentaire reflĂšte si bien : une tribu urbaine nĂ©e dans le pur underground avec la capacitĂ© de crĂ©er un imaginaire de rupture. « Câest le message du documentaire et câest la vĂ©ritĂ© de LocomĂa, seulement quâils lâont un peu cachĂ© Ă cause de la façon dont lâindustrie du disque a Ă©voluĂ© Ă cette Ă©poque », dĂ©clare Xavier Font, fier que son concept commence enfin Ă ĂȘtre compris. . Nous gardons la retranscription de la conversation la plus fidĂšle possible afin que vous aussi vous laissiez envahir par leur brassage dâidĂ©es.
FVMPHOTO.COM
Comment ça va? Mais vraiment, pas en mode show.
Je suis heureux et content parce quâils mâappellent aussi pour des choses surrĂ©alistes sur les programmes, les tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©s et autres, mais surtout parce que ce que je voulais, câest ce cinĂ©ma [se refiere a la pelĂcula para Netflix], que jây travaille depuis quatre ans. Câest un travail qui a commencĂ© avec lâaide dâAndreu Buenafuente. A travers un article, il a vu quâil pouvait y avoir du cinĂ©ma dans cette histoire. JâĂ©tais avec lui pendant six mois mais nous nâavons rien conclu avec El Terrat. JusquâĂ lâarrivĂ©e de la sociĂ©tĂ© NEP [Nadie Es Perfecto, la productora de tĂtulos como Perfectos desconocidos, El Bar, El juego de las llavesâŠ], qui est celui qui produira le film Netflix. Ils ont doutĂ© de faire une sĂ©rie ou un film, et finalement jâai dĂ©cidĂ© de faire des intrigues : jâai donnĂ© le film Ă NEP et avec Boxfish jâai fait le documentaire pour Movistar Plus+.
Le documentaire vous a-t-il rendu justice ?
Ils me respectaient beaucoup pour lâidĂ©e, qui nâĂ©tait pas que jâavais lâair bien ou mal, mais que LocomĂa comprenait. Quâil y avait une tribu urbaine Ă partir de laquelle un groupe musical a Ă©tĂ© fait plus tard, un boysband, quâils lâont pas mal dĂ©formĂ© parce quâĂ mon goĂ»t ça aurait Ă©tĂ© autre chose, et quâils nous ont obligĂ©s Ă aller un an ou deux dans le mĂȘme tenue quand je la changeais quotidiennement Ă Ibiza. Câest le vĂ©ritable arriĂšre-plan que les gens ignoraient. Câest pourquoi je suis heureux non, ce qui suit.
« Mon projet nâest pas dâĂȘtre un geek de deux minutes. Je vais directement au SĂłnar en 2023 »
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Le documentaire est un succĂšs et en ce moment vous faites partie des personnages du moment. Vous qui avez une vision large de tout ce phĂ©nomĂšne, nâavez-vous pas peur que le public vous consomme comme le geek de la semaine et passe Ă autre chose sans plus tarder ?
Cela ne me dĂ©range pas car mon objectif nâest pas dâĂȘtre un geek de deux minutes. Mon projet, dâune part, est de continuer avec ce que jâai et qui fonctionne pour moi, câest-Ă -dire le groupe avec une touche annĂ©es 80 et 90, parce que les gens aiment voir la LocomĂa qui Ă©tait en conserve Ă lâĂ©poque Ă travers des gens comme Gil [se refiere a JosĂ© Luis Gil, manager de LocomĂa y archienemigo de Font en el documental]. Et, dâautre part, jâessaie de trouver un public diffĂ©rent dans lâĂ©lectronique. Je vais directement Ă SĂłnar en 2023. Câest mon objectif : maintenant faire ressortir lâimage que jâenvisageais pour LocomĂa en 92 mais ils ne mâont pas permis, guidĂ© par le style de Thierry Mugler, avec un grand spectacle de musique Ă©lectronique musique.
Le documentaire nâest donc quâune piĂšce du puzzle complet que vous avez en tĂȘte.
Jâai un chemin balisĂ©, oui.
Mais pensez-vous que lâindustrie va comprendre ce que vous voulez, quâelle va suivre votre jeu ?
Ils lâont compris il y a 35 ans. Bien que Gil lâait rendu trĂšs commercial, pourquoi ne va-t-il pas ĂȘtre compris aujourdâhui ? De plus, le monde de la musique manque tellement de quelque chose dâamusant et de diffĂ©rent, avec des personnages trĂšs authentiques et trĂšs artistiques, avec une qualitĂ© vocale trĂšs spĂ©cifique. Et je veux surmonter les frustrations que jâai du passĂ©. Parce que LocomĂa a toujours Ă©tĂ© accusĂ©e de ne pas ĂȘtre chanteuse, avec lâambiance gay qui est dĂ©jĂ ennuyeuse, parce que pour moi ce nâĂ©tait pas Ă la mode mĂȘme Ă 20 ans, et jâen ai 60. De cette frustration je dis que lâindustrie me doit un Grammy , mais le premier Grammy mâa dĂ©jĂ Ă©tĂ© donnĂ© avec la sĂ©rie documentaire. Quel est le dĂ©but de quelque chose ? Il doit y avoir une reconnaissance car LocomĂa est unique, trouvez-moi les artistes qui ressemblent Ă ce concept trĂšs diffĂ©rent. Ăa ne marche peut-ĂȘtre pas pour moi, parce que les deuxiĂšmes parties nâont jamais Ă©tĂ© bonnes et autres, mais elles mâont laissĂ© la frustration de dĂ©velopper des choses en tant quâartiste que je ne pouvais pas, les portes de San Pedro mâĂ©taient fermĂ©es,  » you, go down », je faisais un crossover vers le marchĂ© amĂ©ricain qui Ă©tait trĂšs lourd, seul mon manager ne mâa pas permis de continuer ce qui devait nous arriver en tant quâartistes, et notre carriĂšre sâest frustrĂ©e en plein succĂšs. Et cela me frustre, ainsi que tout le monde.
« Le truc commercial maintenant serait de faire du reggaeton, mais je vais à contre-courant avec une rareté de la musique électronique »
LocomĂa, dans son moment de gloire.
Agence
Nous sommes Ă une Ă©poque oĂč lâindustrie ne contrĂŽle plus autant quâavant le goĂ»t du public. Peut-ĂȘtre quâil y a une opportunitĂ© lĂ -bas mĂȘme si vous nâavez pas de maison de disques qui vous soutienne.
Effectivement. Je crois quâil faut aller Ă contre-courant. La chose typique serait maintenant de faire du reggaeton.
HĂ©, un reggaeton LocomĂa pourrait ĂȘtre le meilleur.
Ce serait lâenfer, oui, mais cela voudrait dire revenir aux trucs commerciaux et Ă ce qui marche. Ce que jâessaie de faire, avec un producteur que jâai, Julio Posada, câest dâaller Ă contre-courant avec un truc Ă©lectronique parce que le monde des millenials est lĂ , Ă SĂłnar, et jâai une image claire de ce que je construis pour ça. Câest une toute autre histoire qui va marcher pour moi ou ça va mal tourner, mais ce ne sera pas du reggaeton, mais un show comme Ku de Ibiza ou Amnesia, avec 20 interprĂštes, oĂč les choses se passent comme dans Black Eyed Peas, ça il y a une femme, trois hommes, un dĂ©veloppement sur une scĂšne puissante⊠Ce serait une raretĂ©, un tel groupe nâexiste pas. Je mâen remets au destin et Ă lâunivers de LocomĂa, car les choses sont quand elles doivent ĂȘtre. Si ce nâĂ©tait pas en lâan 92 et que le monde Ă©tait bloquĂ©, jâĂ©tais fou de Gil et moi, de mon personnage et de mon roulement et du sien.
Ătes-vous autocritique ?
Je fais de lâautocritique. Je suis comme je suis, le parfait imparfait de cette histoire. Mais bien sĂ»r, je fais un harakiri de temps en temps car jâai presque 60 tacos. Gil a 70 ans, mais cet homme semble tout bien faire. Jâai Ă©tĂ© respectueux, je nâai mis mon veto Ă personne, je lâai laissĂ©, avec la bĂȘtise de sa musique, pouvoir prĂ©tendre que, sans sa musique, LocomĂa nâaurait pas Ă©tĂ© la mĂȘme. Eh bien mec, si ça nâavait pas Ă©tĂ© toi, ça aurait Ă©tĂ© Michael Cretu, qui a frappĂ© Ă ma porte pour faire Enigma parce quâil nâavait pas de groupe et quâil nâavait pas dâimage. Lâindustrie ne le sait pas, mais si Gil nâĂ©tait pas venu, Michael vivait Ă Ibiza, il sortait tous les soirs comme nâimporte quelle cĂ©lĂ©britĂ© de lâĂ©poque, jâaurais eu autre chose, mais ce nâest plus ça, on ne peut pas le regretter. Je sais que le style musical de LocomĂa, la synchronisation labiale de mon manager, nâĂ©tait pas ma musique. MĂȘme si cela a fonctionnĂ© et fonctionne toujours, cela rend toujours les gens fous comme on le voit ici aujourdâhui sur Mad Cool. Jâessaie de maintenir cela parce que câest ce qui fonctionne pour moi, câest ma rĂ©alitĂ© et cela continuera jusquâĂ ce que les artistes dĂ©cident organiquement quâils sont fatiguĂ©s et que je les changerai ou non, que le public dĂ©cide, et aussi dâavancer avec LocomĂa Evolution , Quel est le projet Ă©lectronique ?
« Palomo est lĂ pour faire les costumes du film. Il a sorti une collection qui est ma garde-robe dâil y a 35 ans »
Vous concevez LocomĂa comme une grande marque.
Je lâai Ă©galement enregistrĂ©.
Chaque jour, vous sortez une collection avec une maison de coutureâŠ
Câest pourquoi je lâai enregistrĂ©, jâai une mine dâor, jâattends les meilleurs crĂ©ateursâŠ
Palomo Espagne, par exemple.
Câest pour faire le film. Aussi [Eduardo] Navarrete⊠Il y en a plusieurs. Jâai Chaumen par contre. Je parle au rĂ©alisateur parce que jâai rĂ©alisĂ© que le seul qui puisse faire des vĂȘtements pour LocomĂa dans un film digne et beau, câest Lourdes Iribar et moi avec Chaumen, qui a un point de haute couture. Câest de cela que je traite. Je ne vais pas laisser le film avoir un costume. Parce que je suis trĂšs dĂ©cent, je laisse de nouveaux artistes, Palomo et autres⊠qui a fait une collection, Requin, qui est ma garde-robe dâil y a 35 ans. Je ne sais pas si câest un fan ou quoi⊠Ils vont me donner pour avoir dit ça mais je nâai pas de filtre, je mâen fous. Il a fait une collection que je dis « regarde, ma vesteâŠÂ ». Ou les Ă©paulettes. Mes Ă©paulettes sont magiques, soulever une Ă©paulette LocomĂa est la chose la plus simple au monde mais presque personne ne sait comment le faire, câest comme le tour du fan rod, cette magie est Ă moi. Si tu ne mâĂ©coutes pas Kiko [MartĂnez]le patron de NEP⊠La production de ce film est de 5 millions dâeuros et plus, il y aura des tops sur NetflixâŠ
Mais ce projet a-t-il un vrai feu vert ?
LumiÚre verte? Il est trÚs signé avec les chÚques à moitié payés. Cela sort.
Vous avez déjà été payé alors.
Il y a quelques jours, oui.
Et savez-vous qui va vous jouer?
Oui et je nâaime pas ça (rires). Jâai deux favoris. Comment sâappelle le garçon ? Ălite, le beau mec qui bĂ©cote tout le monde ? Serait-ce Manu RĂos ? Que je suis fatal aux noms. Manu RĂos est ma belle version. Il a cette ambiguĂŻtĂ© et il a le style, la prestance⊠Il a lâĂ©lĂ©gance que jâavais Ă lâĂ©poque, mĂȘme si je ne suis pas Ă moitiĂ© aussi beau que lui. Mais la façon dont je le vois travailler, comment il embrasse un mec et comment il parle, ça marche pour moi. Et il y en a un autre, celui qui a fait Merli Et je ne me souviens plus de son nomâŠ
Carlos Cuévas.
Jâadorais ce mec avant quâils me mettent au casting, parce que tout le monde est passĂ© par le casting. Je vois son visage et je me voisâŠ
SOURCE : Reviews News
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