đ” 2022-08-19 15:45:00 â Paris/France.
Si vous Ă©tiez si enclin, il y avait de nombreuses raisons de se moquer dâInterpol en 2002. La garde-robe. La dĂ©bauche de rock star. La dette envers leurs aĂźnĂ©s post-punk et new wave. Ces paroles â ouais. MĂȘme Ă leur apogĂ©e, ils Ă©taient une punchline pour beaucoup. Encore Allumez les lumiĂšres vives Ă©tait trop beau pour ĂȘtre dĂ©raillĂ© par des critiques blasĂ©es. Sorti il âây a 20 ans aujourdâhui, le premier album dâInterpol est une masterclass dâatmosphĂšres dynamiques et de rock ânâ roll astucieux. Au mieux, cette chose a montĂ© en flĂšche, et les perspectives commerciales dâInterpol ont grimpĂ© en flĂšche avec elle.
Cela a aidĂ© si vous aviez 18 ans. Pour un adolescent stupide du Midwest comme moi, les costumes sur mesure dâInterpol suggĂ©raient une sophistication que je ne pourrais jamais saisir. Leur consommation de cocaĂŻne reprĂ©sentait un danger que je nâavais jamais osĂ© approcher. Je nâavais mĂȘme jamais Ă©coutĂ© Joy Division Ă lâĂ©poque ; Je suis presque sĂ»r que la premiĂšre fois que jâai entendu parler dâeux, câĂ©tait quand des gens ont accusĂ© Interpol de les avoir escroquĂ©s. En ce qui concerne lâexpĂ©rience Paul Banks, mĂȘme les sourcils au-dessus des yeux Ă©toilĂ©s de ce gamin se sont relevĂ©s Ă des lignes comme « Subway, câest un porno » et « Oh regarde, il a cessĂ© de neiger! » Mais la musique animant ces coups de poignard Ă la profondeur â et la voix qui les exprimait â mâa donnĂ© envie de suspendre mon incrĂ©dulitĂ©. JâĂ©tais prĂȘt Ă engloutir le battage mĂ©diatique, et Allumez les lumiĂšres vives Ă©tait surtout prĂȘt Ă ĂȘtre Ă la hauteur.
Interpol sâest formĂ© Ă NYU en 1998. Selon le tome rock de NYC qui cristallise lâĂ©poque Rencontrez-moi dans la salle de bain, Banks et le guitariste Daniel Kessler se sont rencontrĂ©s lors dâun programme dâĂ©tudes dâĂ©tĂ© Ă lâĂ©tranger Ă Paris, oĂč Banks sâest dĂ©foncĂ© avec le professeur et a Ă©tĂ© impressionnĂ© que Kessler ait quittĂ© lâexamen final. De retour Ă New York, Kessler a Ă©tĂ© intimidĂ© par son camarade de classe dâhistoire Carlos Dengler, qui portait des jupes et des brassards et posait des questions ennuyeuses pendant les cours, mais il a eu le courage de se renseigner sur la formation dâun groupe. Avec le colocataire de Kessler, Greg Drudy Ă la batterie, ils sont devenus la premiĂšre version dâInterpol. Banks a rapidement rejoint en tant que guitariste et a finalement fait la moue dans une audition en tant que chanteur principal, quâil a Ă©videmment Ă©crasĂ©. Ils ont remplacĂ© Drudy par le copain de Kessler, Sam Fogarino, et la formation classique Ă©tait en place.
Interpol a peinĂ© dans lâobscuritĂ© pendant quelques annĂ©es, y compris un rejet de Matador Records, un label qui avait contribuĂ© Ă dĂ©finir le rock indĂ©pendant des annĂ©es 1990 mais qui avait rĂ©cemment vu son acte phare Pavement se dissoudre. Kessler â qui travaillait pour le label homologue de Matador, Domino, et dont le frĂšre aĂźnĂ© Ă©tait rĂ©dacteur en chef pour NME Ă Londres â Ă©tait assez avisĂ© pour le prendre dans la foulĂ©e. Il est restĂ© en contact avec les propriĂ©taires de Matador Gerard Cosloy et Chris Lombardi et nâa cessĂ© de leur glisser de nouvelles musiques. Lombardi a achetĂ© le premier, converti par un bref aperçu du spectacle en direct et un trajet transcendant Ă travers les montagnes de France avec la Peel Session rĂ©cemment enregistrĂ©e par Interpol. (Un nombre dĂ©concertant de ces personnes vivaient une existence transatlantique Ă©lĂ©gante, mais câest le business de la musique pour vous.)
BientĂŽt, Interpol a signĂ© avec Matador et enregistrĂ© avec lâami de Fogarino, Peter Katis, plus tard connu pour son travail avec des groupes comme National et Frightened Rabbit, dans son manoir du Connecticut. (Encore une fois avec la richesse somptueuse! Bon sang.) Par Rencontrez-moi dans la salle de bain, Dengler nâĂ©tait pas ravi de lâĂ©loignement de sa vie sociale vibrante et salace Ă New York, mais pour accomplir quoi que ce soit, il Ă©tait nĂ©cessaire de sĂ©parer le groupe dâun accĂšs aussi facile Ă lâalcool, Ă la cocaĂŻne et aux filles. Au lieu de cela, ils ont fumĂ© du pot, mangĂ© la cuisine italienne de Fogarino et cuit des dĂ©tails. Banks a mĂȘme envisagĂ© de chanter «PDA» une octave au-dessus de son bĂȘlement de baryton, un vĂ©ritable Portes coulissantes situation en ce qui concerne lâhĂ©ritage de ce groupe. Gareth Jones partageait les tĂąches de mixage avec Katis, connu pour son travail avec des ancĂȘtres stylistiques sombres et glamour comme Depeche Mode et Nick Cave â qui ont tous deux au moins autant en commun avec le post-punk noir gonflĂ© dâInterpol que cet autre groupe.
Lâenregistrement qui en rĂ©sulte commence de la seule maniĂšre possible : de maniĂšre spectaculaire et avec une rĂ©verbĂ©ration abondante. « Untitled » prĂ©pare le terrain avec des strums chargĂ©s dâĂ©cho, un groove de basse qui vole la scĂšne et une promesse de Banks : « Je vous surprendrai un jour. » BientĂŽt, il hurle de sâĂȘtre poignardĂ© dans le cou sur le banger Strokes-gone-goth « Obstacle 1 », lâune des nombreuses chansons sur Allumez les lumiĂšres vives qui suscitent des coups de tĂȘte involontaires et incitent les fans Ă crier avec le plus ridicule merde. Paul Banks a eu la chance dâavoir une voix qui pouvait mĂȘme faire des rĂ©pliques comme « Ses histoires sont ennuyeuses et tout ça! » se sentir Ă©lectrisant â un soufflet perçant et rugueux sur les bords trop nasal pour ĂȘtre costaud mais trop musclĂ© pour ĂȘtre geek. Cela a aidĂ© que sa guitare sonne en tandem avec celle de Kessler, leurs riffs dâaccords se fondant dans un brouillard harmonique dense qui Ă©voquait lâEurope des annĂ©es 1980 mĂȘme (surtout) sur un jam lent appelĂ© « NYC ». Cela a Ă©galement aidĂ© que la basse de Dengler ait traversĂ© ces textures troubles avec un mĂ©lodique rare et que Fogarino ait tenu le tout avec une force et une prĂ©cision semblables Ă celles dâune machine.
Ces facteurs se combinent de maniĂšre Ă©poustouflante sur « PDA », lâhymne de cinq minutes qui est probablement encore le sommet de toute lâentreprise Interpol. Dâabord, la batterie bondit pour capter votre attention avec un enthousiasme digne dâun berger allemand qui dĂ©ment le cool manucurĂ© du groupe. Ensuite, tout le reste se met en place, un courant sonore dĂ©chaĂźnĂ© qui ne peut sâempĂȘcher de vous emporter. Tout le monde joue si fort, si vite, si stoĂŻquement, mais avec une grĂące qui permet aux diffĂ©rents instruments de sâĂ©lever, les uns aprĂšs les autres, dâentrer et de sortir des projecteurs. Lorsque le refrain retentit et que la basse de Dengler commence Ă danser sur les nuages, Banks laisse Ă©chapper son Paul Banksism le plus souvent citĂ© : « Dors bien / Grim rite / Nous avons 200 canapĂ©s oĂč tu peux dormir ce soir. » Mais en quelques secondes, il prouve quâil peut Ă©ventrer les cyniques en langage clair quand il le veut : « Tu es la seule personne qui est complĂštement certaine quâil nây a rien ici Ă faire / Câest tout ce que tu peux faire. » La finale, dans laquelle tout se coupe sauf une guitare attaquĂ©e avec ferveur et le reste du groupe revient progressivement, ne manque jamais dâenvoyer des picotements dans mon corps.
Allumez les lumiĂšres vives pourrait nâĂȘtre que ces quatre premiers morceaux et ce serait toujours une sortie historique, le son de jeunes mĂąles auto-impressionnĂ©s filtrant The Cure and the Bunnymen et (oui) Joy Division Ă travers lâhĂ©donisme avant-gardiste de lâaprĂšs-11 septembre New York . Mais si le reste de lâalbum ne retrouve jamais tout Ă fait la splendeur de sa sĂ©quence dâouverture, il nâarrĂȘte pas non plus de frapper lâesthĂ©tique dâInterpol plus fort quâun supposĂ© flash dans la casserole nây avait droit. «Say Hello To The Angels» fonce comme un train en fuite approchant de la fin de la piste; considĂ©rez-le comme une course Ă vide pour « The Rat » des Walkmen. « The New » construit et construit, de la beautĂ© dĂ©chirante Ă lâintensitĂ© laide. La façon dont Banks crie « Stella! » comme un mot de deux et trois syllabes sur « Stella Was A Diver And She Was Always Down » ? Iconique. MĂȘme les imperfections de lâalbum sont parfaitement Interpol, tellement convaincues de leur propre brio quâelles en deviennent presque brillantes par dĂ©faut.
Je nâai jamais vibrĂ© avec aucun des albums suivants de ce groupe aussi fort que jâai vibrĂ© avec Allumez les lumiĂšres vives â mĂȘme pas 2004 Bouffonneries, celui sur lequel les gens insistent le plus souvent est tout aussi bon ou meilleur. Câest en partie parce que jâassocie ce disque Ă un tournant dans ma propre vie : jâai fait lâun de mes premiers voyages de concert pour voir Interpol (Ă travers des nuages ââde fumĂ©e qui me brĂ»laient les yeux) lors dâun concert dans un club de Cleveland la semaine avant mon dĂ©part pour collĂšge, puis est rentrĂ© chez lui du campus pour les voir dans un lieu Ă©phĂ©mĂšre du centre-ville de Columbus en janvier. Ă ce moment-lĂ , Interpol Ă©tait sur la bonne voie vers la renommĂ©e et la fortune internationales, portĂ©e par lâattention mĂ©diatique incessante et la soif de la prochaine grande chose. Depuis, ils ont expĂ©rimentĂ© et Ă©voluĂ©, sont passĂ©s de mode et ont vieilli dans la dignitĂ© de vĂ©tĂ©ran, ont perdu et prĂ©tendument redĂ©couvert leur mojo, se sont dĂ©barrassĂ©s dâun membre dĂ©terminant en cours de route â toutes les choses que les groupes ont tendance Ă faire aprĂšs avoir sorti un premier classique dĂ©finissant lâarchĂ©type. Ils ont sorti beaucoup de musique, certaines bonnes et dâautres mauvaises, et se sont mĂ©ritĂ© une base de fans fidĂšles qui seraient ravis dâentendre des coupes profondes de Le Pintor ou quoi que ce soit Ă un concert. Et mĂȘme si cette magie initiale du bon endroit au bon moment sâest depuis longtemps transformĂ©e en fiabilitĂ© professionnelle, une carriĂšre comme celle dâInterpol nâest pas Ă nĂ©gliger.
SOURCE : Reviews News
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