đż REVIEWS News â Paris/France.
Un nouveau documentaire sur Netflix fait sensation depuis le 3 aoĂ»t : la sĂ©rie en trois parties « Trainwreck : Woodstock â99 » tente de faire la lumiĂšre sur la façon dont une idĂ©e apparemment innocente de faire revivre le lĂ©gendaire Festival de Woodstock 30 ans plus tard pourrait en rĂ©alitĂ© devenir un insupportable dĂ©sastre Ă tous Ă©gards. au lieu de dans Amour, paix et harmonie la nouvelle Ă©dition a sombrĂ© dans les ordures, la drogue, le vandalisme, la violence, le feu, les excrĂ©ments et les agressions sexuelles jusquâaux viols. Comment en est-on arrivĂ© lĂ , et : pourquoi personne nâa-t-il arrĂȘtĂ© la catastrophe sâil nâa pas pu lâempĂȘcher ? Malheureusement, de telles questions ne sont que partiellement posĂ©es dans le documentaire, les rĂ©ponses restent incontestĂ©es. Un regard sur le mĂ©lange.
Le responsable
Avant que nous tournions autour du pot ici ou que nous nous retrouvions involontairement dans une rhĂ©torique auteur-victime-inversion : le blĂąme pour la catastrophe Ă©tait, bien sĂ»r, portĂ© par les principaux responsables â et selon leurs propres dĂ©clarations, ils nâen Ă©taient en aucun cas conscients. Michael Lang et John Scher Ă©taient dĂ©jĂ les fondateurs du Festival de Woodstock en 1969. MĂȘme alors, ils avaient aussi des intentions commerciales qui restaient largement cachĂ©es en raison du message devenu cĂ©lĂšbre et de lâambiance rĂ©ellement pacifique du festival. Trente ans plus tard, ils Ă©taient si importants que dire quâils Ă©taient nĂ©gligents Ă©tait un euphĂ©misme. Ils ont peut-ĂȘtre eu une idĂ©e fondamentalement comprĂ©hensible et bonne. Mais tous Ă©taient mauvais : Pourquoi avez-vous choisi un ancien site militaire dans lâĂtat de New York en plein Ă©tĂ© avec des tempĂ©ratures de prĂšs de 40 degrĂ©s, oĂč il y a beaucoup dâasphalte et peu dâombre ? Pourquoi ont-ils interdit la vente Ă emporter de boissons et de nourriture ? Pourquoi ont-ils embauchĂ© des entrepreneurs sans conditions pour pouvoir vendre leur eau Ă 4 $ la bouteille, voire 12 $ lorsque les boissons venaient Ă manquer ? Pourquoi lâenlĂšvement des ordures et des matiĂšres fĂ©cales nâa-t-il pas fait son seul travail, de sorte que le matin aprĂšs le premier jour du festival, la zone ressemblait Ă un dĂ©potoir sur une fosse septique dĂ©bordante Ă partir de laquelle les fans ont finalement jetĂ© des gobelets en plastique sur divers actes tels que comme Wyclef Jean et Jewel? Comment vous est venue lâidĂ©e dâemployer trop peu de personnel de sĂ©curitĂ© avec plus de 250 000 visiteurs, dont la plupart Ă©taient Ă©galement totalement non qualifiĂ©s ? Pourquoi les artistes sont-ils traitĂ©s comme des rois dans les coulisses, mais les fantassins payants devant les scĂšnes comme du bĂ©tail ? Ătait-il juste de ne pas annuler le festival au plus tard le deuxiĂšme soir aprĂšs plusieurs escalades, par exemple pour Ă©viter des Ă©meutes de masse ? Les scĂšnes montrĂ©es rappellent en partie des Ă©meutes complĂštement diffĂ©rentes dans lesquelles les militaires sont intervenus dans un but de maintien de lâordre.
Comme câest agrĂ©able quand au moins les responsables passent un bon moment: le fondateur de Woodstock Michael Lang (au centre) et le promoteur John Scher (Ă droite) Ă Woodstock â99
Lang et Scher ont Ă©galement leur mot Ă dire dans le documentaire. Mais Lang sourit Ă toutes les critiques, tandis que Scher continue de blĂąmer les autres. Les pompiers, les sous-traitants, les bandes. Il ne prend mĂȘme pas la peine de relativiser les agressions sexuelles. Ă un moment donnĂ©, il compare la taille de son festival Ă celle dâune ville moyenne, oĂč de tels incidents se produisent Ă©galement. Ă un autre moment, il dit : Bien sĂ»r, il nâaime pas que les mecs pelotent les femmes â mais quâauraient-ils dĂ» faire, lui et ses gens, Ă ce sujet ? Lang est mort des mois aprĂšs les interviews, il ne peut plus rĂ©agir Ă ce documentaire. Mais ce nâest pas comme si ces allĂ©gations nâexistaient plus depuis 23 ans maintenant. Câest juste quâils nâapparaissent que maintenant sous un nouveau jour public.
Les actes
Bien sĂ»r, cela nâa pas eu pour effet de dĂ©samorcer que Fred Durst, au plus haut ou au plus bas de lâhumeur agressive alimentĂ©e par la soif (sans jeu de mots), la chaleur et les mauvais traitements, ait animĂ© la foule pendant « Break Stuff » pour vraiment exprimer leur colĂšre dans les prochains instants proches. Quâil a vu la tour « Front of House » trembler, son revĂȘtement arrachĂ© et, si cela continue, il serait pris en charge par des zombies comme un dernier bastion â et au lieu de se calmer, a attrapĂ© lui-mĂȘme un mur de carton dĂ©chirĂ© et a fait du crowdsurf dessus . Mais comme lâa si bien dit un agent de sĂ©curitĂ© ? « Vous ne pouvez pas reprocher Ă un ours dâĂȘtre un ours », il est donc difficile de reprocher Ă Limp Bizkit dâĂȘtre le groupe de nu metal potelĂ© quâil est. Pas mĂȘme Korn, qui Ă©voquait dĂ©jĂ lâapocalypse avec les premiĂšres notes de leur premier album « Blind » et dont le leader Jonathan Davis ne pouvait sâempĂȘcher de sâextasier sur ce mĂ©ga-spectacle tant espĂ©rĂ© et lui-mĂȘme en tant que chef dâorchestre de centaines de milliers de personnes. MĂȘme The Offspring ne sâest pas couvert de gloire anti-agression lorsque le chanteur Dexter Holland a battu les dĂ©coupes en carton des Backstreet Boys pendant leur set. NĂ©anmoins/Parce que : Quelquâun a rĂ©servĂ© ces groupes, et Ă©videmment pas parce quâils Ă©taient pour Amour, paix et harmonie â mais parce que les enfants cĂ©lĂ©braient le truc comme aucune autre musique Ă lâĂ©poque et que vous pouviez leur vendre beaucoup de billets chers avec. MĂȘme les tĂȘtes dâaffiche du dimanche, les Red Hot Chili Peppers, plus dignes dâune place Ă Woodstock que nâimporte quel groupe de nu metal Ă lâĂ©poque, nâĂ©taient pas Ă la hauteur de leur rĂ©putation. En regardant les feux ardents sur le site, Antony Kiedis a remarquĂ© : « Merde, câest comme âApocalypse Nowâ lĂ -bas ! » NĂ©anmoins, il nâadressait guĂšre de mots rassurants au public et a prĂ©fĂ©rĂ© reprendre « Fire » dans la tradition du groupe Ă the time de Jimi Hendrix en bis.
Les performances ont Ă©tĂ© ingrates pour tous les artistes qui nâont pas grand-chose Ă voir avec le nu-mĂ©tal et le rock Ă jambes larges : lorsque Bush est montĂ© sur scĂšne avec leur post-grunge relativement doux APRĂS la tĂȘte dâaffiche du vendredi, Korn, ils ont Ă©tĂ© huĂ©s. Lorsque Sheryl a jouĂ© Ă Crow, elle a dĂ» repousser les slogans et les pancartes « Montrez vos seins! ». Lorsque Jewel Ă©tait censĂ©e contribuer Ă une relaxation et Ă une rĂ©cupĂ©ration des esprits bien nĂ©cessaires, elle aussi a Ă©tĂ© jetĂ©e avec des tasses et huĂ©e jusquâĂ ce quâelle se sĂ©pare et quitte la scĂšne et immĂ©diatement le festival en larmes. Pour ĂȘtre juste, Willie Nelson et James Brown peuvent ĂȘtre vus briĂšvement. Avec Metallica, Jamiroquai, Alanis Morissette, Counting Crows, Live, Lit, Megadeth, Kid Rock et Creed, il y avait un certain nombre dâautres groupes de divers genres qui nâĂ©taient pas mentionnĂ©s dans le documentaire. Il est peu probable quâils aient mis en perspective les incidents avĂ©rĂ©s et documentĂ©s de quelque maniĂšre que ce soit. Lâun des pires moments : Fatboy Slim, dont le set Ă©tait censĂ© garder la foule heureuse dans le Rave Hangar, rapporte quâil nâa vraiment pas remarquĂ© les Ă©meutes dans le public jusquâĂ son heure de scĂšne parce quâil a conduit les coulisses dans une limousine aurait Ă©tĂ© , dans lequel tout semblait parfait. Mais soudain, une camionnette dĂ©tournĂ©e roule dans la foule. Son set est interrompu, la camionnette doit partir, alors les fĂȘtards lui jettent des ordures, le coursier. Lorsque le responsable du hangar arrive au van, il trouve un chauffeur complĂštement droguĂ©, un adolescent inconscient et, attention, Ă cĂŽtĂ© de plusieurs jeunes hommes, dont un qui vient de remonter son pantalon. Les descriptions sont insupportables. Et nous nâavons mĂȘme pas parlĂ© du viol collectif dans le public lors du concert de Limp Bizkit.
Le public
Quiconque a lu jusquâici et nâa pas vu le documentaire lui-mĂȘme soupçonne dĂ©jĂ quâune grande partie du public du festival Ă©tait malade Ă plus dâun titre. De nombreux adolescents et jeunes adultes nâont apparemment pas voyagĂ© dans lâespoir dâun week-end de festival dĂ©tendu, mais pour cĂ©lĂ©brer leurs propres vacances de printemps. Bangs Ă biĂšre, drogue, bustes masculins gonflĂ©s Ă bloc, dont les propriĂ©taires se sont surpassĂ©s en dictons stupides : lâescalade semblait fondamentalement inĂ©vitable, la sale organisation a fait le reste. Mecs blancs sans doute pas assez pour Ă©viter de traiter les femmes comme des objets sexuels, de toucher leurs fesses ou leurs seins, de leur crier des slogans sexistes, les organisateurs du festival ne peuvent pas non plus complĂštement changer dâĂ©tat dâesprit. Mais dâune part, ils ont Ă©voquĂ© ces esprits Ă travers leurs rĂ©servations parfois trĂšs chargĂ©es en testostĂ©rone, et dâautre part, les grands festivals dâaujourdâhui prouvent que, par exemple, des zones sĂ©curisĂ©es, du personnel formĂ© et des mots de passe peuvent faire beaucoup plus pour la sĂ©curitĂ© des festivaliers que Lang et Scher a affirmĂ© Ă lâĂ©poque. Sans vouloir excuser le comportement antisocial de trop nombreux invitĂ©s de Woodstock â99, qui sâest entre autres soldĂ© par des pillages, ce qui a mĂȘme incroyablement conduit les organisateurs Ă se barricader dans les coulisses comme dans un film de zombies le dimanche soir : Nâimporte qui qui est laissĂ© tomber par les responsables de cette maniĂšre peut et pourrait bien se fĂącher et sâaigrir. Le point de vente choisi par beaucoup â les mĂ©dias sociaux nâexistaient pas en 1999 â mais bien sĂ»r, cela nâa pas fonctionnĂ© du tout. Un autre mobile du vandalisme identifiĂ© dans le documentaire apparaĂźt Ă©galement comme un passe-partout : les auteurs se seraient rĂ©voltĂ©s contre le capitalisme, contre lâexploitation dâeux-mĂȘmes.Une affiche du documentaire montre des toilettes sur lesquelles est griffonnĂ© le slogan « End Profit Stick ». blasonnĂ©. Nous supposons au moins que les idiots montrĂ©s dans les trois parties nâavaient probablement pas beaucoup de conscience politique. Mais quâils ont finalement vu la possibilitĂ© de se dĂ©chaĂźner sans ĂȘtre sanctionnĂ©s par la sociĂ©tĂ© ou la loi. Nous sommes tous des animaux, nâest-ce pas ?
Tom Morello de Rage Against The Machine a clarifié son point de vue sur les vrais coupables aprÚs le festival :
« HĂ© mec, laisse les enfants tranquilles. Jâen ai assez de la diabolisation frĂ©nĂ©tique des jeunes autour de Woodstock â99. Oui, Woodstock Ă©tait rempli de prĂ©dateurs : les idiots dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s qui ont agressĂ© ces femmes, les promoteurs cupides qui ont arrachĂ© chaque centime aux spectateurs assoiffĂ©s, et enfin et surtout, les mĂ©dias prĂ©dateurs qui ont fermĂ© les yeux sur la violence rĂ©elle et ont fait du quart de un million de fans de musique Ă Woodstock â99, dont la grande majoritĂ© ont passĂ© le meilleur moment de leur vie. »
AprĂšs le spectacle de Metallica, les fans fouillent les poubelles et la boue pour leurs propres objets de valeur, mais peut-ĂȘtre aussi pour dâautres.
Questions restantes sur Trainwreck: Woodstock â99
Quelquâun a-t-il Ă©tĂ© poursuivi ?
Entre autres choses, MTV a rapportĂ© que la police de lâĂtat de New York avait enquĂȘtĂ© sur huit agressions sexuelles, mais quâune seule personne avait Ă©tĂ© condamnĂ©e. Ils ont Ă©galement enquĂȘtĂ© sur 66 vols, 15 cas de dommages matĂ©riels et cinq affaires de drogue. Plus de 40 personnes ont Ă©tĂ© provisoirement arrĂȘtĂ©es pendant le festival. Plus de 4 000 visiteurs ont eu besoin de soins mĂ©dicaux sur place et plus de 250 se sont rendus dans les hĂŽpitaux voisins. Un homme est dĂ©cĂ©dĂ© quelques jours plus tard des suites dâun coup de chaleur. Sa mĂšre a poursuivi les organisateurs du festival et avait en partie raison : la Cour suprĂȘme de New YorkâŠ
SOURCE : Reviews News
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