đż 2022-08-22 20:45:00 â Paris/France.
La narration Ă©pistolaire plonge les lecteurs dans la fiction depuis lâaube de la littĂ©rature. Utilisant des lettres simulĂ©es, des journaux intimes et dâautres documents pour crĂ©er des histoires complexes aux points de vue changeants, le format a inĂ©vitablement fini par attirer des cinĂ©astes inventifs qui ont rĂ©alisĂ© quâil pouvait ĂȘtre adaptĂ© en un outil cinĂ©matographique pour semer la terreur. De La bande McPherson Ă Le projet Blair WitchLes films Found Footage ont maintenu la tradition Ă©pistolaire en vie grĂące Ă leur utilisation de fausses vidĂ©os personnelles et dâautres mĂ©dias diĂ©gĂ©tiques.
Cependant, avec plus de quatre dĂ©cennies dâexpĂ©riences de Found Footage, le genre a connu pas mal dâinnovations. Personnellement, je pense que lâune des retombĂ©es les plus intĂ©ressantes de Found Footage est la tendance actuelle des films Screenlife, oĂč tout le rĂ©cit est racontĂ© dans les limites des Ă©crans numĂ©riques. Bien que ce format curieux ne soit devenu populaire que rĂ©cemment dans les mĂ©dias grand public, il est en fait plus ancien que la plupart des gens ne semblent le rĂ©aliser, et câest pourquoi jâaimerais revenir sur lâhistoire surprenante de lâhorreur Screenlife.
Ătant donnĂ© que ces films sâappuient Ă©videmment sur la technologie numĂ©rique pour raconter leurs histoires, Screenlife Ă©tait un gadget relativement rare avant lâĂ©poque des photos numĂ©riques haute dĂ©finition et des webcams en ligne. Avant les annĂ©es 2000, les reprĂ©sentations dâĂ©crans numĂ©riques Ă©taient gĂ©nĂ©ralement relĂ©guĂ©es Ă de brefs encarts dans les mĂ©dias traditionnels, souvent avec des rĂ©sultats humoristiques involontaires puisque les cinĂ©astes nâĂ©taient pas habituĂ©s Ă traiter avec des images de synthĂšse.
Cela Ă©tant dit, 1997 a vu la sortie du faux documentaire français de Chris Marker Niveau cinq, qui racontait lâhistoire dâune veuve en deuil tentant de terminer le projet de jeu vidĂ©o de son dĂ©funt mari, les cinĂ©astes incorporant fortement des images numĂ©riques dans le film. Ce nâĂ©tait pas exactement un film Screenlife, les Ă©lĂ©ments numĂ©riques ne faisant que complĂ©ter lâexpĂ©rience documentaire, mais cette image expĂ©rimentale Ă©tait un signe des choses Ă venir.
En 2000, le public a vu le premier long mĂ©trage Screenlife dans lâĂ©trangement prĂ©monitoire de Pierre-Paul Renders. Thomas Ă©tait amoureux, qui racontait lâhistoire dâun homme agoraphobe qui vit sa vie amoureuse solitaire Ă travers les webcams et le sexe virtuel. Alors que ce chĂ©ri indĂ©pendant français Ă©tait principalement une romance futuriste, il nâa pas fallu longtemps pour que les cinĂ©astes de genre utilisent ses idĂ©es comme point de dĂ©part pour produire des frayeurs numĂ©riques.
Sorti en 2002, Michael Costanza Lâhistoire de Collingwood Ă©tait le premier film effrayant Ă prendre au sĂ©rieux les rĂ©cits basĂ©s sur la webcam, en utilisant des points de vue changeants pour tisser un fil surnaturel concernant les mĂ©diums sinistres et les relations Ă distance. Bien que ce ne soit pas vraiment une expĂ©rience rĂ©volutionnaire, ce prĂ©dĂ©cesseur primitif des classiques de lâhorreur minimaliste comme ActivitĂ© paranormale sâest dĂ©marquĂ© par son utilisation de la vidĂ©o lo-fi et des ordinateurs de bureau simulĂ©s, gagnant finalement un culte en tant que premier vĂ©ritable film dâhorreur Screenlife.
AprĂšs cela, le format ne dĂ©marrera vraiment que dans les annĂ©es 2010, en grande partie en raison de la popularitĂ© croissante des mĂ©dias sociaux et des technologies grand public plus avancĂ©es. Des films comme la polĂ©mique Megan a disparu (un rĂ©cit Ă©difiant qui explore le cĂŽtĂ© obscur pervers des interactions en ligne) et mĂȘme celui de Bloody Disgusting V/H/S (qui prĂ©sente un segment Screenlife mĂ©morable rĂ©alisĂ© par Joe Swanberg) commencerait Ă puiser dans lâobsession croissante de la sociĂ©tĂ© pour ce qui Ă©tait autrefois une niche stĂ©rĂ©otypĂ©e rĂ©servĂ©e aux geeks de la technologie.
Bien sĂ»r, il nây a pas de discussion sur lâhorreur de Screenlife sans Ă©voquer le cinĂ©aste russo-kazakh Timour Bekmambetov. Connu pour barrer Veille de nuit et RecherchĂ©ce rĂ©alisateur innovant devenu producteur est un champion rĂ©current du format Screenlife et a atteint la notoriĂ©tĂ© de lâhorreur aprĂšs avoir produit lâincroyable succĂšs de 2014 Sans ami. RĂ©alisĂ© par LĂ©van Gabriadze, le film raconte lâhistoire dâun groupe dâadolescents qui sont victimes dâun esprit de vengeance alors quâils discutent en ligne, les visuels du film faisant largement appel Ă de vrais logiciels informatiques. Alors que Sans ami a Ă©tĂ© filmĂ© avec un maigre budget de 1 million de dollars, le retour au box-office de 62,9 millions de dollars du film suggĂ©rait que les films Screenlife Ă©taient plus quâune simple mode passagĂšre, il nâest donc pas surprenant quâune suite ait Ă©tĂ© bientĂŽt Ă©clairĂ©e (ainsi quâune sĂ©rie dâimitateurs cinĂ©matographiques).
Non ami : Dark Web est sorti en salles en 2018, remplaçant les frayeurs surnaturelles de son prĂ©dĂ©cesseur par des menaces en ligne plus crĂ©dibles comme les harceleurs et les pirates. Il nâa peut-ĂȘtre pas obtenu le mĂȘme succĂšs financier que lâoriginal, mais le film a quand mĂȘme fait un usage impressionnant des visuels de bureau pour raconter une histoire lĂ©gitimement effrayante malgrĂ© le partage de plus de quelques similitudes avec le joyau sous-vu de 2013. La TaniĂšre.
Naturellement, le Sans ami La franchise nâĂ©tait que lâun des nombreux projets Screenlife produits par Bekmambetov. La mĂȘme annĂ©e que Web sombrele cinĂ©aste produira Ă©galement le film dâAneesh Chaganty Recherche, qui a contribuĂ© Ă populariser le format au-delĂ des cercles dâhorreur traditionnels. Un thriller facile Ă digĂ©rer qui utilise les mĂ©dias sociaux pour percer un mystĂšre fascinant, Recherche est actuellement lâun des films Screenlife les plus rĂ©ussis jamais rĂ©alisĂ©s, surpassant ses prĂ©dĂ©cesseurs et amenant Bekmambetov Ă signer un accord de cinq images avec Universal concernant une sĂ©rie de projets Screenlife non spĂ©cifiĂ©s.
Au-delĂ des superproductions soutenues par le studio, la fin des annĂ©es 2010 a Ă©galement vu pas mal de pionniers indĂ©pendants de Screenlife. Les cinĂ©astes aiment Hannah MacPherson (qui a rĂ©alisĂ© 2016 Infirmeriequi est censĂ© ĂȘtre regardĂ© comme une vidĂ©o gĂ©ante de Snapchat) et Michelle Iannantuono (crĂ©atrice de la Cri en direct franchise, qui combine de maniĂšre experte la culture des streamers en ligne avec les creepypastas Internet) constitue un argument solide pour le format en tant quâoutil polyvalent qui permet aux cinĂ©astes Ă petit budget de jouer avec la narration visuelle sans aliĂ©ner les fans de genre. MĂȘme lorsque ces expĂ©riences cinĂ©matographiques ne fonctionnent pas complĂštement, il est difficile de nier les charmes crĂ©atifs de films peu orthodoxes comme Nacho Vigalondocâest Ouvre les fenĂȘtresqui sortent des sentiers battus lorsquâils tentent de crĂ©er une nouvelle race de thrillers basĂ©s sur la technologie.
Plus rĂ©cemment, la pandĂ©mie de Covid-19 a entraĂźnĂ© une augmentation significative des sorties de Screenlife, les studios devenant dĂ©sespĂ©rĂ©s pour du contenu dâhorreur facilement disponible qui pourrait facilement ĂȘtre distribuĂ© sur des plateformes de Streaming. De EugĂšne Kotlyarenkocâest FĂȘte (une satire sous-estimĂ©e des covoiturages modernes et de la culture des streamers) pour Rob sauvagecâest HĂ©bergerqui est devenu le premier hit viral de la pandĂ©mie et a engendrĂ© un successeur spirituel sous la forme de cette annĂ©e Dash Camil y a beaucoup dâhorreur Screenlife Ă parcourir ces jours-ci.
Atteignant des millions de tĂ©lĂ©spectateurs sans lâaide de campagnes de marketing massives, ces films particuliers servent dâinstantanĂ©s captivants dâun moment, racontant des histoires modernes sur les terreurs dâun monde obsĂ©dĂ© par lâĂ©cran. Et avec des films comme le rĂ©cent de Bekmambetov Profil (sans parler de son adaptation bizarre de Shakespeare R#J) prouvant quâil y a encore de nouveaux frissons Ă vivre dans la narration visuelle, jâai hĂąte de voir oĂč les cinĂ©astes prendront lâhorreur de Screenlife ensuite!
SOURCE : Reviews News
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