SĂ©rie turque « The Club Â» : la nostalgie sur Netflix

Série turque "The Club" : la nostalgie sur Netflix - daily mirror

🍿 REVIEWS News – Paris/France.

Le ladino est presque oubliĂ© en Turquie. Le mĂ©lange de vieil espagnol, d’hĂ©breu, d’arabe, d’aramĂ©en, de turc et d’autres langues Ă©tait la langue la plus couramment parlĂ©e par les Juifs de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En Turquie, près de neuf Juifs sur dix parlaient le ladino Ă  l’époque, jusqu’à ce qu’il soit supplantĂ© par les campagnes nationalistes turques. C’est pourquoi cela a fait sensation quand on a parlĂ© de Ladino dans une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e turque Ă  succès : la sĂ©rie Netflix « The Club Â» se concentre sur les Turcs juifs des annĂ©es 1950.

Dans la vie quotidienne en Turquie, la minorité juive du pays est rarement mentionnée. La plupart des quelque 15 000 Juifs turcs du pays mènent une vie isolée. En 2003, des extrémistes turcs d’Al-Qaïda ont posé leurs voitures piégées dans deux synagogues d’Istanbul et, en 2016, les autorités ont déjoué des attaques de l’État islamique contre des installations juives.

« The Club Â» raconte l’histoire d’un juif turc qui travaille dans une boĂ®te de nuit populaire d’Istanbul dans le quartier de la vie nocturne de Beyoglu au milieu des annĂ©es 1950. Elle est victime d’une taxe punitive notoire que les autoritĂ©s turques ont utilisĂ©e pour confisquer les avoirs des non-musulmans dans les annĂ©es 1940. (The Club, Netflix, dix Ă©pisodes)

La deuxième saison de la série, la plus récemment lancée, se concentre sur le pogrom de septembre 1955. À cette époque, une foule de nationalistes turcs, incitée par les autorités, a attaqué des Grecs d’Istanbul et d’autres non-musulmans, tuant plusieurs personnes, violant des femmes et pillant des magasins. et maisons.

Après les « Ă©vĂ©nements de septembre Â», comme on appelle le pogrom en Turquie, des dizaines de milliers de Grecs et d’autres non-musulmans ont quittĂ© le pays – Istanbul a perdu une grande partie de son caractère cosmopolite. Entre la fondation de la rĂ©publique en 1923 et 1965, le nombre de Juifs sur le Bosphore est passĂ© de 40 000 Ă  environ 30 000. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10 000. Le pogrom de septembre a longtemps Ă©tĂ© un tabou en Turquie. En 2005, des nationalistes ont protestĂ© et pris d’assaut une exposition de photos sur le sujet Ă  Istanbul.

Une large discussion sur l’injustice n’a pas commencé à l’époque

En tant que tel, The Club a Ă©tĂ© saluĂ© comme rĂ©volutionnaire par les critiques et les membres de la communautĂ© juive de Turquie. La sĂ©rie traite de « rĂ©alitĂ©s douloureuses Â», commente l’hebdomadaire juif Salom. Moiz Gabay, un employĂ© du grand rabbin de Turquie, s’est rĂ©joui que « Le Club Â» ait supprimĂ© l’image du « Juif usuraire Â» et d’autres stĂ©rĂ©otypes dans le cinĂ©ma turc.

Cependant, on peut se demander si « Le Club Â» peut changer Ă  long terme la vision que la sociĂ©tĂ© a des Juifs et des autres non-musulmans. En 1999, la taxe punitive pour les minoritĂ©s a fait l’objet d’un film mettant en vedette HĂĽlya Avsar, l’une des chanteuses et actrices les plus connues du pays. De plus, Netflix ne compte que deux Ă  trois millions d’abonnĂ©s en Turquie, un pays de 84 millions d’habitants.

MĂŞme si « The Club Â» est l’une des productions turques les plus rĂ©ussies de Netflix, la portĂ©e de la sĂ©rie est limitĂ©e par rapport aux balayeurs de rue des grands diffuseurs turcs. La sĂ©rie Ă  succès « Dirilis Ertugrul Â», un drame d’action de l’époque de l’émergence de l’Empire ottoman, a valu au radiodiffuseur d’État TRT des notes temporaires de 30%. Comme « Dirilis Ertugrul Â», de nombreux tubes des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es turques sont extrĂŞmement nationalistes et religieusement intolĂ©rants.

Certains critiques trouvent que le « club Â» passe sous silence l’ère des annĂ©es 1950. Un critique du quotidien de gauche Evrensel a commentĂ© Ă  quel point tous les personnages de la sĂ©rie Ă©taient bien habillĂ©s et Ă  quel point les rues de Beyoglu Ă©taient propres. De plus, le moment de l’action de la sĂ©rie ne correspond pas aux Ă©vĂ©nements historiques.

Mais quelque chose d’autre est plus important que le dĂ©tail historique : « Le Club Â» sert le dĂ©sir de nombreux Turcs d’une Ă©poque oĂą les minoritĂ©s non musulmanes n’avaient pas encore Ă©tĂ© expulsĂ©es. Cette nostalgie est Ă©galement Ă  l’origine de l’intĂ©rĂŞt accru pour le rebetiko, la musique de bar des Grecs d’Istanbul des annĂ©es 1920.

« Il y a une telle ambiance Â», dit un Turc d’Istanbul : « En fait, c’étaient des gens bien, c’est dommage qu’ils soient partis. Â»

SOURCE : Reviews News

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