Sebastian Lelio présente « The Prodigy » sur Netflix : "Les cinémas ne mourront pas, mais il y aura du sang le long du chemin"

Sebastian Lelio présente "The Prodigy" sur Netflix : "Les cinémas ne mourront pas, mais il y aura du sang le long du chemin" - Notimeric

🍿 2022-11-17 18:20:32 – Paris/France.

MADRID, 17 novembre (EUROPA PRESS) –

SĂ©bastien LĂ©liorĂ©alisateur chilien qui a remportĂ© l’Oscar du meilleur film en langue Ă©trangĂšre en 2017 pour « Une femme fantastique »fait ses dĂ©buts ‘Le prodige’film mettant en vedette Florence Poug (‘Ne t’inquiĂšte pas chĂ©rie’, ‘Black Widow’). Un film basĂ© sur roman d’Emma Donoghuey qui, situĂ© dans un village ultra-catholique de l’Irlande du XIXe siĂšcle oĂč Une fillette de 11 ans assure qu’elle n’a pas mangĂ© depuis quatre mois et qu’elle survit miraculeusement grĂące Ă  la ‘manne du ciel’, est maintenant disponible sur Netflix aprĂšs son passage Ă©phĂ©mĂšre dans les salles de cinĂ©ma.

« C’est un moment de transition que nous vivons, mais aussi de contradictions et de paradoxes. Le film n’existerait pas s’il n’y avait pas Netflix, mais j’aurais aimĂ© qu’il traverse plus de pays, plus de salles, plus de salles
 bien sĂ»r. Mais en mĂȘme temps, je leur suis trĂšs reconnaissant d’avoir pu le faire », reconnaĂźt le rĂ©alisateur dans une interview Ă  Europa Press dans laquelle il revient sur la coexistence nĂ©cessaire des salles et plateformes traditionnelles.

En ce sens, Lelio assure que le « dĂ©solĂ© » qu’il ressent que son dernier film « ne soit pas dans les salles partout depuis plus longtemps » est en partie compensĂ© par la « curiosité » qui l’éveille que du jour au lendemain son film soit disponible sur 240 millions d’écrans grĂące Ă  la plateforme. « J’essaie de comprendre, moi aussi je suis nouveau lĂ -dedans », insiste le cinĂ©aste chilien, qui prend ses distances avec ces voix, certaines trĂšs autoritaires et prestigieuses, qui voient dans le « boom » du Streaming le dĂ©but de la fin de cinĂ©ma.

Partir d’une vision « pas apocalyptique, mais intĂ©gré« , le rĂ©alisateur espĂšre que petit Ă  petit le panorama s’éclaircira et donnera lieu Ă   » une relation plus hybride  » qui, sans renier  » la popularitĂ© et l’énorme portĂ©e des plateformes « , permettra l’existence du cinĂ©ma dans les salles ». « Dans l’histoire du cinĂ©ma, sa mort est dĂ©clarĂ©e depuis sa naissance. Il allait ĂȘtre tuĂ© par le son, la tĂ©lĂ©vision, la VHS, le cĂąble
 et bien sĂ»r, Internet. Je crois que le cinĂ©ma dans les salles ne mourra pas, mais le sang coulera le long du chemin », prĂ©dit.

Dans sa rĂ©flexion, Lelio met un accent particulier sur la protection et le soin de ce « petit cinĂ©ma, mĂȘme de la classe moyenne », qui est « acculé » sur le panneau d’affichage par les gros blockbusters. « Je ne conçois pas une ville contemporaine sans salles de cinĂ©ma (
) Mais il faut des regards et des lectures multiples pour que le cinĂ©ma remplisse sa fonction« , clame le rĂ©alisateur qui, revenant sur ‘Le Prodige’, avoue avoir Ă©tĂ© « fasciné » dĂšs qu’il a lu le roman d’Emma Donoghue.

« J’ai eu un lien Ă©motionnel avec Lib, l’infirmiĂšre principale. Une femme rationnelle, scientifique et moderne qui est convoquĂ© par un groupe d’hommes d’Irlande en 1862 pour observer, mais sans intervenir, une fille qui n’a vraisemblablement pas mangĂ© depuis quatre mois », relate le rĂ©alisateur qui met en lumiĂšre l’oeuvre « magnĂ©tique » et « presque envoĂ»tante » de Florence Pugh et aussi du encore plus jeune KĂ­la Lord Cassidy.

SCIENCES CONTRE. FANATISME

Deux personnages, souligne le rĂ©alisateur, qui « ils doivent se sauver» et entre lesquelles s’établit un lien de « sororitĂ© » qui se transforme jusqu’à « devenir un amour presque maternel ». Une relation complexe dans un environnement radicalisĂ© et hostile, une dĂ©cennie seulement aprĂšs la grande famine irlandaisedans lequel le personnage de Puig devra faire face Ă  « un voyage de la raison pour affronter le fanatisme religieux et le dilemme moral de savoir quoi faire avec la fille ».

« Nous ne traitons pas de l’existence ou non de DieuLe film ne parle pas de ça. Il parle de deux maniĂšres de lire la rĂ©alitĂ© et du pouvoir de la fiction dans nos vies. Comment les histoires, les histoires, deviennent pouvoir et contrĂŽle politique », Lelio dĂ©fend que justement avec cette alerte il interroge le spectateur au dĂ©but et Ă  la fin du film. Une sorte d' »avertissement » pour transfĂ©rer de l’autre cĂŽtĂ© de l’écran « la responsabilitĂ© de remettre en question ce que l’on croit » pour « ne pas laisser nos croyances, notre religion ou notre idĂ©ologie rĂ©flĂ©chir Ă  notre place« .

Ce sont, selon le rĂ©alisateur, les « forces » qui s’affrontent dans ‘El prodigio’ oĂč d’un cĂŽtĂ© se trouve « le fanatisme religieux de la communautĂ© qui a trouvĂ© sa vĂ©ritĂ©, opĂšre Ă  partir de lĂ , dĂ©forme la rĂ©alitĂ© Ă  partir de lĂ  et est mĂȘme prĂȘt Ă  une fille meurt pour maintenir le pouvoir que cette vĂ©ritĂ© leur donne » et de l’autre le « polyvalence et Ă©lasticitĂ© intellectuelle » par Libl’infirmiĂšre principale « qui, parce qu’elle est scientifique, a un plus grand rapport avec l’incertitude, la capacitĂ© d’adaptation et de remise en question ».

Un choc, celui de « cette Ă©lasticitĂ© et cette rigidité », qui est aussi « trĂšs 2022 ». « Le film a quelque chose de cela, de dire au spectateur « RĂ©veillons-nous ! Alerte! Ne vous endormez pas devant la puissance de la fiction, pas mĂȘme du film lui-mĂȘme, mĂ©fiez-vous de l’histoire, mĂȘme de celle-ci. En ce sens, le film tente d’ĂȘtre le problĂšme lui-mĂȘme en se retournant vers le spectateur pour lui demander quel genre de croyant il est, s’il croit en ce qu’il croit, qu’il soit rigide ou Ă©lastique », expose le rĂ©alisateur qui se dĂ©finit comme  » Ă©lastique essayant d’avoir une « attitude scientifique envers la rĂ©alité ».

« Je me mĂ©fie de toutes les histoires, mais en mĂȘme temps j’admire toutes les histoires qui ont de la beautĂ©.« , dit le rĂ©alisateur qui dans ‘El prodigio’ prĂ©sente au spectateur une proposition trĂšs ambitieuse, intellectuellement, mais aussi visuellement, avec des lieux rĂ©els bruts mais imposants et une photographie soignĂ©e qui manie avec Ă©lĂ©gance le clair-obscur d’Ari Wegner.

Atteindre prĂ©cisĂ©ment cet Ă©quilibre entre « honorer les thĂšmes qu’il explore, qui sont dĂ©licats et durs devant lesquels on ne peut pas ĂȘtre frivole, et le plaisir visuel », Ă©tait le grand dĂ©fi de Lelio dans ce film. « Alfred Hitchcock a dit qu’un film ne devrait pas ĂȘtre un morceau de vie, mais un morceau de gĂąteau.. Et je pense qu’il y a du vrai lĂ -dedans, car trouver l’équilibre entre le plaisir esthĂ©tique et la douleur des chansons a Ă©tĂ© le plus difficile (
) Nous voulions une splendeur esthĂ©tique et une acuitĂ© thĂ©matique et que les deux choses ne s’annulent pas.« , conclut-il.

SOURCE : Reviews News

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