😍 2022-11-17 18:34:07 – Paris/France.
MADRID, 17 (EUROPA PRESSE)
« C’est un moment de transition que nous vivons, mais aussi de contradictions et de paradoxes. Le film n’existerait pas sans Netflix, mais j’aurais aimé qu’il traverse plus de pays, plus de cinémas, plus de salles. .. pour bien sûr. Mais en même temps je leur suis très reconnaissant d’avoir pu le faire », reconnaît le metteur en scène dans une interview à Europa Press dans laquelle il réfléchit à la nécessaire coexistence des théâtres et des plateformes traditionnels.
En ce sens, Lelio assure que le « désolé » qu’il éprouve que son dernier film « ne soit pas dans les salles partout depuis plus longtemps » est en partie compensé par la « curiosité » qui l’éveille du jour au lendemain votre film est disponible sur 240 millions d’écrans grâce à la plateforme. « J’essaie de comprendre, moi aussi je suis nouveau là-dedans », insiste le cinéaste chilien, qui prend ses distances avec ces voix, certaines très autoritaires et prestigieuses, qui voient dans le « boom » du Streaming le début de la fin de cinéma.
Partant d’une vision « non apocalyptique, mais intégrée », le réalisateur espère que petit à petit le panorama s’éclaircira et donnera lieu à « une relation plus hybride » qui, sans nier « la popularité et l’énorme portée des plateformes », permettra l’existence du cinéma dans les salles ». « Dans l’histoire du cinéma, sa mort est déclarée depuis sa naissance. Il allait être tué par le son, la télévision, la VHS, le câble… et bien sûr, Internet. Je crois que le cinéma dans les salles ne mourra pas, mais le sang coulera en cours de route », prédit-il.
Dans sa réflexion, Lelio met un accent particulier sur la protection et le soin de ce « petit cinéma, même de la classe moyenne », qui est « acculé » sur le panneau d’affichage par les gros blockbusters. « Je ne conçois pas une ville contemporaine sans salles de cinéma (…) Mais il faut une multiplicité de regards et de lectures pour que le cinéma remplisse sa fonction », clame le réalisateur qui, revenant sur ‘El prodigio’, avoue que il était « fasciné » dans Combien avez-vous lu le roman d’Emma Donoghue ?
« J’ai eu un lien émotionnel avec Lib, l’infirmière principale. Une femme rationnelle, scientifique et moderne qui est convoquée par un groupe d’hommes d’Irlande en 1862 pour observer, mais sans intervenir, une fille qui n’aurait pas mangé depuis quatre mois. » dit-elle, la réalisatrice qui met en avant l’œuvre « magnétique » et « presque envoûtante » de Florence Pugh et aussi celle encore plus jeune de Kíla Lord Cassidy.
SCIENCES CONTRE. FANATISME
Deux personnages, souligne le réalisateur, qui « ont besoin de se sauver » et entre lesquels s’instaure un lien de « sororité » qui se transforme peu à peu pour « devenir un amour presque maternel ». Une relation complexe dans un environnement radicalisé et hostile, juste une décennie après la grande famine irlandaise, dans laquelle le personnage de Puig devra faire face « à un voyage de la raison pour affronter le fanatisme religieux et le dilemme moral de savoir quoi faire avec la fille ».
« Nous ne traitons pas de l’existence ou non de Dieu, le film ne parle pas de cela. Il parle de deux manières de lire la réalité et du pouvoir de la fiction dans nos vies. De la façon dont les histoires, les histoires, deviennent un pouvoir politique et en contrôle « , Lelio défend que justement avec cette alerte il interroge le spectateur au début et à la fin du film. Une sorte d' »avertissement » pour transférer de l’autre côté de l’écran « la responsabilité de remettre en question ce que l’on croit » afin de « ne pas laisser nos croyances, notre religion ou notre idéologie penser à notre place ».
Ce sont, selon le réalisateur, les « forces » qui s’affrontent dans ‘El prodigio’ où d’un côté se trouve « le fanatisme religieux de la communauté qui a trouvé sa vérité, opère à partir de là, déforme la réalité à partir de là et est même prêt à une fille meurt pour maintenir le pouvoir que cette vérité leur donne » et d’autre part la « polyvalence et l’élasticité intellectuelle » de Lib, l’infirmière principale « qui, parce qu’elle est scientifique, a un plus grand rapport avec l’incertitude, la capacité d’adaptation et question ».
Un choc, celui de « cette élasticité et cette rigidité », qui est aussi « très 2022 ». « Le film a quelque chose de ça, de dire au spectateur ‘Réveillons-nous ! Alerte ! Ne vous endormez pas devant le pouvoir de la fiction, pas même du film lui-même, méfiez-vous de l’histoire, même de celle-ci.’ sens, le film essaie d’être en lui-même le problème lorsqu’il regarde en arrière le spectateur pour lui demander quel genre de croyant il est, s’il croit en ce qu’il croit, qu’il soit rigide ou élastique », expose le réalisateur qui se définit comme « élastique » en essayant d’avoir une « attitude scientifique face à la réalité ».
« Je me méfie de toutes les histoires, mais en même temps j’admire toutes les histoires qui ont de la beauté », dit le réalisateur qui, dans ‘El prodigio’, présente au spectateur une proposition très ambitieuse, intellectuellement, mais aussi visuellement, avec des mais des lieux imposants, une photographie réelle et soignée qui manie avec élégance le clair-obscur d’Ari Wegner.
Atteindre précisément cet équilibre entre « honorer les thèmes qu’il explore, qui sont délicats et durs devant lesquels on ne peut pas être frivole, et le plaisir visuel », était le grand défi de Lelio dans ce film. « Alfred Hitchcock a dit qu’un film ne devait pas être un morceau de vie, mais un morceau de gâteau. Et je pense qu’il y a une part de vérité là-dedans, car trouver l’équilibre entre le plaisir esthétique et la douleur des thèmes était le plus difficile (. ..) Nous voulions une splendeur esthétique et une acuité thématique et que les deux choses ne s’annulent pas », conclut-il.
SOURCE : Reviews News
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