Retour sur l’affaire Cassez

caso Cassez-Vallarta

😍 2022-09-06 10:00:00 – Paris/France.

Un magnifique documentaire Netflix, basĂ© sur l’Ɠuvre primĂ©e de Jorge Volpi « A Criminal Novel », a ramenĂ© dans l’opinion publique mexicaine le cas de Florence Cassez et IsraĂ«l Vallarta.

La premiĂšre de la sĂ©rie de cinq Ă©pisodes n’aurait pas pu ĂȘtre plus opportune, car nous nous trouvons dans un moment de discussions politiques d’une grande importance concernant le modĂšle de sĂ©curitĂ© et de justice dont le pays a besoin, avec des questions aussi pertinentes que la militarisation de la garde national ou l’utilisation abusive de mesures de prĂ©caution telles que la dĂ©tention prĂ©ventive.

Dans le documentaire, tel que dĂ©crit par Volpi dans son livre et tel que racontĂ© avec une grande connaissance de l’affaire Emmanuel Steels dans son ouvrage « The Theatre of Deceit. Cassez-Vallarta: histoire d’un montage », on assiste sans se dĂ©courager Ă  l’élaboration d’un formidable montage tĂ©lĂ©visuel dans lequel il y a non seulement une « reprĂ©sentation Ă©trangĂšre Ă  la rĂ©alitĂ© » (comme le dĂ©crit le montage par la premiĂšre chambre de la Cour suprĂȘme), mais aussi un acte de torture en direct, qui a pu ĂȘtre vue Ă  travers les deux principales chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision du pays sans qu’aucun animateur ou responsable de la production ne trouve indĂ©cents les mauvais traitements dont nous avons tous pu ĂȘtre tĂ©moins envers Israel Vallarta.

D’aprĂšs le documentaire, seuls Laura Barranco, de Televisa, semble avoir suggĂ©rĂ© que la diffusion soit interrompue dans le programme d’information animĂ© par Carlos Loret de Mola. Mais cela ne s’est pas produit, au dĂ©triment du public, des dĂ©tenus et bien sĂ»r Ă  la honte des autoritĂ©s qui ont fabriquĂ© une prĂ©tendue rançon plus fausse qu’une piĂšce de trois pesos.

Mais les tĂ©moignages recueillis dans la sĂ©rie des Netflix des prĂ©sidents NicolĂĄs Sarkozy, de France, et Felipe CalderĂłn, du Mexique. Ça fait mal de se rappeler comment l’ego de deux « coqs » de la politique, tous deux « mĂšche courte » comme on dit au Mexique, a portĂ© la relation entre les deux pays au plus bas depuis un siĂšcle et demi. Personne ne voulait cĂ©der et les provocations abondaient de part et d’autre. Le rĂ©sultat a Ă©tĂ© mauvais pour les deux dirigeants et pour les deux nations.

Tout aussi impressionnant est le tĂ©moignage du ministre Arthur Zaldivar, aujourd’hui prĂ©sident de la Cour suprĂȘme et il y a dix ans l’auteur du premier projet qui proposait la libĂ©ration de Cassez (qui a finalement Ă©tĂ© approuvĂ© lorsque le ministre l’a avalisĂ© Olga SĂĄnchez Cordero). ZaldĂ­var raconte devant la camĂ©ra qu’à ce moment-lĂ , ils sont entrĂ©s chez lui Ă  la recherche d’informations susceptibles de le compromettre et que son vĂ©hicule a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© alors qu’il conduisait avec sa famille par des individus qui pointaient des armes longues sur eux pendant plusieurs minutes. C’est une intimidation totalement inacceptable dans n’importe quel État de droit.

Un autre tĂ©moignage qui apparaĂźt dans le documentaire et qui laisse un sentiment doux-amer est celui de Eduardo Margolis Sobol une sorte de protecteur de la communautĂ© juive de Mexico, ce qui implique qu’il a eu une gestion Ă©tendue des commandements de la police fĂ©dĂ©rale pendant les mandats de six ans de Vicente Fox et de Felipe CalderĂłn. Il semble ĂȘtre le vĂ©ritable pouvoir derriĂšre le trĂŽne. Il y a une hypothĂšse que toute l’affaire commence par un diffĂ©rend commercial entre le frĂšre de Florence Cassez et Margolis. En effet, Cassez lui parle au tĂ©lĂ©phone depuis la France, une fois dĂ©jĂ  libre, sur un ton amical voire affectueux. Elle-mĂȘme regrette le contenu de l’appel, vers la fin du documentaire. Peut-ĂȘtre qu’un appel rĂ©probateur ou une demande d’explications auraient Ă©tĂ© plus logiques et comprĂ©hensibles. Chacun choisit les mots avec lesquels il s’adresse aux autres et la maniĂšre de lever ses propres doutes.

Finalement, l’histoire s’est bien terminĂ©e pour Cassez, dans la mesure oĂč il a pu retrouver sa libertĂ©, mais le sort de Cassez est encore incertain. Vallarta, qui est toujours emprisonnĂ© et n’a mĂȘme pas Ă©tĂ© condamnĂ© en premiĂšre instance (ce qui n’est pas nĂ©cessairement imputable aux autoritĂ©s qui ont menĂ© les poursuites judiciaires respectives Ă  son encontre, mais peut-ĂȘtre Ă  une stratĂ©gie de dĂ©fense erronĂ©e). Plusieurs voix officielles affirment dans le documentaire qu’il y a des accusations supplĂ©mentaires contre Vallarta Ă  celles portĂ©es contre Cassez, c’est pourquoi le prĂ©cĂ©dent qui a permis la libĂ©ration du citoyen français ne peut ĂȘtre appliquĂ©.

Dans tous les cas, il est fortement recommandĂ© de voir le documentaire, qui est bien racontĂ© et contient une narration trĂšs agile de l’affaire. C’est un puissant rappel de tout ce que nous devons Ă©viter, aujourd’hui et toujours, en matiĂšre de poursuites et d’administration de la justice pĂ©nale.

juriste constitutionnaliste.
@MiguelCarbonell

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SOURCE : Reviews News

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