Qui Ă©tait l’auteur intellectuel de 11M Ă  Madrid et d’autres clĂ©s soulevĂ©es par le documentaire Netflix sur la plus grande attaque djihadiste de l’histoire Europe

🍿 2022-03-11 07:19:24 – Paris/France.

1 heure

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8h00 Le tĂ©lĂ©phone sonne : « Ne sors pas de la maison. Une bombe a explosĂ© Ă  Atocha. Personne ne sait encore ce qui s’est passĂ©. »

Ce jeudi 11 mars 2004, ils Ă©taient nombreux Ă  recevoir un appel similaire s’ils habitaient Ă  Madrid (Espagne).

Dix bombes ont commencé à exploser sur quatre trains différents à partir de 7h37 du matin, heure de pointe dans la banlieue madrilÚne se préparant à aller travailler. 192 morts et plus de 2 000 blessés, tel est le bilan brut de la la plus grande attaque djihadiste jamais commise en Europe.

Plus tard, la police a fait exploser deux engins qui n’avaient pas explosĂ© de maniĂšre contrĂŽlĂ©e et en a par la suite dĂ©sactivĂ© un troisiĂšme qui serait la clĂ© de l’enquĂȘte qui a conduit Ă  l’identification des auteurs.

18 ans plus tard, un documentaire Netflix dans lequel plusieurs journalistes de la BBC participent dĂ©voile certaines des clĂ©s de l’attentat, les journĂ©es frĂ©nĂ©tiques qui ont suivi et les consĂ©quences qu’il a eues sur la sociĂ©tĂ© espagnole.

Le film, rĂ©alisĂ© par le Mexicain JosĂ© GomĂ©z, est le rĂ©sultat d’une enquĂȘte de 10 ans. Il a envisagĂ© de le faire lorsqu’il a vu la division politique et sociale gĂ©nĂ©rĂ©e par le 11M.

« Les attentats terroristes ont tendance Ă  unir la population. En Espagne, l’union a durĂ© les premiĂšres 24 heures. Puis elle s’est politisĂ©e », dit-il. Le long de ce chemin, la voix des victimes, rĂ©parties en trois associations, s’est diluĂ©e. « La voix du peuple devait ĂȘtre unifiĂ©e. Dans le cas des associations, toutes ou aucune n’y ont participĂ©. »

Outre le tĂ©moignage des victimes, le documentaire est basĂ© sur le livre « 11-M. La revanche d’AlQaĂŻda »une enquĂȘte sur Ferdinand ReinarĂšsexpert en terrorisme mondial Ă  l’Institut royal Elcano basĂ© Ă  Madrid.

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LĂ©gende,

Les anciens dirigeants du Royaume-Uni, de l’Espagne, des États-Unis et du Portugal (Tony Blair, JosĂ© MarĂ­a Aznar, George W. Bush et JosĂ© Manuel DurĂŁo Barroso) ont participĂ© au sommet des Açores.

1. Le cerveau et le motif

Lors du procĂšs 11M, qui a eu lieu en 2007, aucun lien concluant n’a Ă©tĂ© Ă©tabli quant Ă  l’auteur intellectuel de l’attaque. Mais dans le documentaire, selon les recherches de Reinares, l’accent est mis sur quelqu’un : Amer Azizi, d’origine marocaine et qui, selon la CIA, est devenu le bras droit d’Abu Hamza Raia, chef des opĂ©rations extĂ©rieures d’Al-QaĂŻda.

Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Espagne, respectivement sous les gouvernements de George W. Bush, Tony Blair et JosĂ© MarĂ­a Aznar, ont formĂ© le triade qui a promu la guerre de la colĂšrekqui a dĂ©butĂ© le 19 mars 2003.

PrĂšs d’un an plus tard, les attentats du 11M ont eu lieu et, dans une partie de l’opinion publique espagnole, l’idĂ©e s’est forgĂ©e qu’étant entrĂ© dans le conflit, le pays europĂ©en se trouvait dans le collimateur des terroristes.

« La guerre de la colĂšrek Ça n’a pas aidĂ©, mais ce n’est pas la raison. »Gomez maintient.

« La motivation est la vengeance ». L’analyste Carola GarcĂ­a-Calvo, de l’Institut royal Elcano et spĂ©cialiste de la radicalisation violente et du terrorisme mondial, est catĂ©gorique.

Avant de rejoindre Al-QaĂŻda, Azizi Ă©tait en Espagne, oĂč il Ă©tait lieutenant d’Abu Dahdah, le chef d’un cellule terroriste basĂ©e Ă  Madrid, crĂ©Ă©e dans les annĂ©es 90.

C’est là que commence l’histoire et la raison des attaques du 11M, selon le documentaire.

« L’Espagne a Ă©tĂ© trĂšs active dans la lutte contre le terrorisme international », explique le professeur. Et l’opĂ©ration Date se dĂ©marque, la plus importante qu’il y ait eu en Europe pour dĂ©manteler des cellules djihadistes et qui, en novembre 2001, aboutit Ă  la arrestation de plus de 20 membres de pourl QaĂŻda sur le sol espagnol.

Dahdah y a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. Ce n’est pas le cas de son bras droit, Azizi, qui Ă©tait Ă  l’époque entre l’Iran et l’Afghanistan avant de fuir au Pakistan, oĂč il a rejoint la maison mĂšre d’Al-QaĂŻda.

« Il a dĂ©cidĂ© qu’il prendrait un acte de vengeance contre l’Espagne pour l’opĂ©ration qui avait dĂ©mantelĂ© la cellule d’Abu Dahdah Ă  laquelle il appartenait jusqu’en novembre 2001 », explique Reinares dans le documentaire.

La dĂ©cision d’attaquer l’Espagne a Ă©tĂ© prise Ă  Karachi, au Pakistan, et le plan a Ă©tĂ© approuvĂ© par les dirigeants d’Al-QaĂŻda lors d’une rĂ©union en Turquie en fĂ©vrier 2002, selon des experts.

Des sources de la CIA utilisĂ©es dans le documentaire et dans l’enquĂȘte Reinares affirment que les services de renseignement amĂ©ricains savait quel Ă©tait le rĂŽle d’Azizi.

Dans le procĂšs 11M, il a Ă©tĂ© dit que son pairepourdĂ©ro etra inconnu. Mais le documentaire rĂ©vĂšle un document que les services de renseignement amĂ©ricains ont envoyĂ© aux autoritĂ©s espagnoles « pour la premiĂšre fois en septembre 2006 » oĂč il est rapportĂ© qu’Azizi dĂ©cĂ©dĂ©slors d’une attaque amĂ©ricaine contre DĂ©cembre 2005.

« Une fois de plus, une notification plus large a été envoyée sur Azizi, les activités djihadistes en Espagne et la relation avec le 11M en septembre 2007 », explique Reinares dans le documentaire.

Al-Qaïda a reconnu et rendu public la mort d’Azizi en 2009.

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LĂ©gende,

PrĂšs de la gare d’Atocha Ă  Madrid, il y a un mĂ©morial aux victimes du 11M.

2. La connexion 11S-11M

Entre les attentats du tours jumelles de New York et le Pentagone del 11 septembre 2001 et Madrid, le 11M 2004,il y a une relation directe, montre le documentaire.

Pas seulement à cause de qui les organise et des résultats fatals.

Bruce Riedel, qui Ă©tait analyste pour la CIA, l’agence de renseignement des États-Unis, raconte dans le documentaire que « L’infrastructure en Espagne a Ă©tĂ© le soutien le plus important pour la planification du 11 septembre en dehors de l’Afghanistan et du Pakistan ».

Deux mois avant le 11 septembre, Mohamed Atta, l’un des pilotes suicides, a rencontrĂ© Ă  Tarragone (Catalogne) Ramzi bin al Shibb pour organiser l’attentat. Ainsi, la cellule de Hambourg (Allemagne) dont Atta faisait partie est entrĂ©e en relation avec celle de Dahdah en Espagne.

AprĂšs les attentats aux États-Unis, le commissaire gĂ©nĂ©ral Ă  l’information de la police nationale espagnole, qui travaillait dĂ©jĂ  sur des questions de djihadisme, s’est mis sur la piste d’Al-QaĂŻda dans le pays et qui a donnĂ© lieu Ă  l’opĂ©ration DĂĄtil susmentionnĂ©e, L’arrestation de Dahdah et l’idĂ©e de vengeance d’Azizi.

Par consĂ©quent, selon le documentaire, il y a d’abord eu la planification du 11 septembre, dont une partie avec des infrastructures en Espagne ; plus tard, le 11 septembre s’est produit et, aprĂšs. l’enquĂȘte contre les djihadistes s’est intensifiĂ©e jusqu’au dĂ©mantĂšlement de la carte d’identitĂ© de Dahdah Ă  Madrid en novembre 2001. Azizi, qui a Ă©chappĂ© Ă  ce raid, a planifiĂ© une vengeance et, finalement, 11M.

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3. Manipulation des médias et théorie du complot

Un point que le documentaire aborde est le traitement que la presse espagnole et le gouvernement de l’époque ont fait de l’affaire.

Le contexte est important : les attentats ont eu lieu un jeudi et, Ă  peine trois jours plus tard, Dimanche 14 mars, les Espagnols se sont rendus aux urnes pour voter lors d’une Ă©lection gĂ©nĂ©rale. Il est Ă©galement important de souligner que, jusqu’au 11M, dans l’imaginaire collectif espagnol, ainsi que dans les forces de sĂ©curitĂ©, les attentats Ă©taient menĂ©s par le groupe sĂ©paratiste basque ETA.

Le gouvernement du prĂ©sident de l’époque JosĂ© MarĂ­a Aznar, du Parti populaire conservateur, a soutenu dĂšs le dĂ©but comme une hypothĂšse plus fiable que la la paternitĂ© Ă©tait ETA. Mais, en plus, Aznar, qu’ils Ă©voquent dans le documentaire. il a appelĂ© les directeurs des journaux pour dire que « le gouvernement Ă©tait certain qu’il s’agissait de l’ETA ».

« Le prĂ©sident a appelĂ© les gens ? Le gouvernement faisait pression sur eux pour qu’ils disent quelque chose avant que la police ne fournisse des preuves », dit-il. Katya Adler, journaliste de la La BBC interviewĂ©e dans le documentaire et qu’au moment des attentats, il vivait Ă  Madrid.

Les gros titres ont changĂ© Ă  la derniĂšre minute, les interviews qui n’ont pas Ă©tĂ© diffusĂ©es, les informations qui ont donnĂ© le poligĂ­a qui n’était pas d’accord avec ce qu’ont dit les porte-parole, qui ont insistĂ© jusqu’au dernier moment sur le fait qu’il s’agissait d’ETA


Jusqu’à ce qu’au cours de ces trois jours vertigineux, une lettre soit publiĂ©e dans un journal londonien dans laquelle al-QaĂŻda revendiquait la responsabilitĂ©. ETn L’Espagne a tardĂ© Ă  rendre compte de cela. C’était peut-ĂȘtre la premiĂšre fois dans l’histoire du pays qu’il fallait consulter la presse Ă©trangĂšre pour savoir ce qui se passait Ă  l’intĂ©rieur.

C’était aussi la premiĂšre fois que, avec les rĂ©seaux sociaux naissants, une manifestation Ă©tait appelĂ©e lors d’une journĂ©e de rĂ©flexion, la veille des Ă©lections.

Aux urnes, contre toute attente, est sorti JosĂ© choisiet Luis RodrĂ­guez Zapaterodu Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), jusqu’alors dans l’opposition.

MalgrĂ© les preuves qui sortaient, il y avait une partie de la presse espagnole qui est entrĂ©e dans ce que le documentaire appelĂ© la « thĂ©orie du complot » oĂč il a Ă©tĂ©ou de mĂȘler ETA et djihadisme.

« Les mĂ©dias sont entrĂ©s dans une guerre toxique. La gestion de l’information Ă©tait toxique depuis le dĂ©but »dit Gomez.

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4. Les victimes

Iñaki Gabilondo, journaliste espagnol de renom, commente dans le documentaire que sur la voie de la manipulation médiatique « le drame des morts se dilue ».

Aussi le drame des proches, de ceux qui étaient dans les wagons et en ont subi les séquelles physiques et psychologiques, et du personnel qui est allé porter secours aux blessés, mourants et morts.

Le documentaire s’ouvre et se clĂŽt sur des dizaines de tĂ©moignages, qui se succĂšdent, sans identifier qui parle.

« C’est le meilleur hommage, en les mettant au dĂ©but et sans narration, sans gĂ©nĂ©rique. Ce qui compte, c’est ce qu’ils disent, c’est le plus impressionnant », confie le rĂ©alisateur du film.

GĂłmez dit que dans l’enregistrement, qui comprend des personnes de diverses nationalitĂ©s, notamment Ă©quatoriennes, pĂ©ruviennes ou marocaineson a veillĂ© Ă  ce que les victimes se trouvent dans un environnement protĂ©gĂ© et intime. Les maquilleurs Ă©taient par exemple supprimĂ©s, mais il y avait des psychologues pour faire cet accompagnement nĂ©cessaire, car aprĂšs tout, raconter un traumatisme, c’est le revivre.

« La personne interrogĂ©e est une personne traumatisĂ©e, [tras la entrevista] est dĂ©truit. Il faut les rĂ©conforter, les appeler, ĂȘtre au courant. Une victime ne peut pas ĂȘtre utilisĂ©e. »

En raison de cette prise en charge des victimes, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que la date de sortie du documentaire ne coĂŻnciderait pas avec 11M. C’était aussi un dĂ©cision Ă©ditoriale de ne pas utiliser les sĂ©quences vidĂ©o existantes du moment de l’explosion Ă  Atocha ou des photos des derniers instants. Les illustrations ont Ă©tĂ© privilĂ©giĂ©es.

Bien que les noms des 192 victimes directes des terroristes apparaissent dans le gĂ©nĂ©rique de fin, la bande reconnaĂźt Ă©galement un victime collatĂ©rale cela n’entre gĂ©nĂ©ralement pas dans le dĂ©compte officiel : il s’agit de l’épouse de Rodolfo Ruiz, qui Ă©tait commissaire de police Ă  Vallecas, un point oĂč l’une des bombes a explosĂ© et oĂč un sac Ă  dos contenant des explosifs a Ă©tĂ© retrouvĂ©.

« Il Ă©tait de la chair Ă  canon pour la presse complotiste. Sa femme tombe dans un Ă©tat dĂ©pressif et se suicide. Il y a eu un manque de dĂ©licatesse de la part des secteurs de la presse. Les consĂ©quences n’ont pas Ă©tĂ© mesurĂ©es..

Le documentaire se termine par un dĂ©vouement aux victimes et aux survivants d’un attentat qui reste Ă  ce jour celui qui a fait le plus de victimes sur le sol europĂ©en.

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SOURCE : Reviews News

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