PremiÚres en ligne : bilan de "Blond"par Andrew Dominik (Netflix)

PremiÚres en ligne : bilan de "Blond"par Andrew Dominik (Netflix) - micropsiacine.com

😍 2022-09-18 02:56:03 – Paris/France.

Il y a des biographies cinĂ©matographiques qui sont faites de l’extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur, qui s’appuient sur les grands Ă©vĂ©nements de la vie d’une personne et cherchent Ă  les raconter d’un point de vue singulier. D’autres choisissent un chemin totalement opposĂ©, abandonnant complĂštement ces « plus grands succĂšs » et concentrant leur attention sur un certain fait qui peut ĂȘtre pertinent pour comprendre le personnage en question. BLOND elle opĂšre sous les deux angles Ă  la fois : elle n’abandonne pas complĂštement les faits essentiels mais elle est racontĂ©e de l’intĂ©rieur du personnage comme si tout ce qui est observĂ© Ă©tait une hallucination, un cauchemar, le film d’une vie.

Bien qu’il soit basĂ© sur un cĂ©lĂšbre livre de Joyce Carol Oates qui a pris de nombreuses libertĂ©s avec l’histoire vraie de Marilyn Monroe, BLOND Il est vĂ©cu comme une autobiographie, une immersion psychologique dans la vie d’une star de cinĂ©ma torturĂ©e qui ne semble jamais trĂšs bien mesurer ce qui lui arrive, qui le vit comme un jeu Ă©trange dans lequel chacun essaie de l’utiliser et de la manipuler. Vu sous cet angle, c’est un monde monstrueux dans lequel personne n’est Ă  l’abri : Hollywood comme un film d’horreur et Marilyn comme la petite Dorothy dans la version la plus fantomatique et grotesque d’Oz.

BLOND Il ne mise pas sur le rĂ©alisme. C’est racontĂ© comme une longue sĂ©ance de thĂ©rapie psychanalytique du point de vue d’une fille abĂźmĂ©e (par sa mĂšre malade, son pĂšre abandonnĂ©) qui traverse les Ă©tapes du plus sombre des jeux de rĂŽle : un Hollywood plus proche de celui de MULHOLLAND DRIVE, de David Lynch, qu’à l’histoire officielle. Ce n’est pas une usine Ă  rĂȘves mais une usine Ă  cauchemars. C’est Norma Jeane jouant Marilyn, jouant un rĂŽle dans un autre et essayant, sans succĂšs, d’ĂȘtre Ă  nouveau elle-mĂȘme, d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme quelque chose de plus qu’une blonde sexy et stupide mais sans y parvenir. À un moment donnĂ© de ses presque 170 minutes, le film s’enlisera trop dans ses aspects les plus brutaux et, comme une sĂ©ance de thĂ©rapie qui a durĂ© trop longtemps, on se sentira submergĂ© par tant d’angoisse accumulĂ©e et aura besoin d’une pause. Peut-ĂȘtre regarder une comĂ©die avec Marilyn Monroe


BLOND commence par l’enfance de Norma Jeane, une sĂ©rie d’expĂ©riences typiques du cinĂ©ma d’horreur le plus brutal : une fille Ă  la merci d’une mĂšre psychologiquement brisĂ©e (Julianne Nicholson) qui vit en les mettant toutes les deux en danger de mort, surtout la petite impressionnable fille. Il y a un pĂšre absent (un acteur cĂ©lĂšbre, apparemment, mais ce n’est peut-ĂȘtre qu’une invention ou une hallucination de la mĂšre) qui mobilise la dĂ©jĂ  adolescente Norma, qui a vĂ©cu une grande partie de cette Ă©tape dans un orphelinat, pour aller tenter sa chance Ă  Hollywood. .

Mais Norma se rendra vite compte – Ă  ce stade qui prĂ©cĂšde la cĂ©lĂ©britĂ© – que l’industrie cinĂ©matographique ressemble beaucoup Ă  un bordel, que derriĂšre les flashs se cache une jungle d’agresseurs qui chassent des jeunes innocents avec des rĂȘves de gloire, y compris des patrons d’études qui ne le sont pas. nommĂ©s mais connus. Ces « parrains » des futurs Harvey Weinstein du monde marquent le territoire de cette fille dĂ©sespĂ©rĂ©e d’un pĂšre et d’une figure d’autoritĂ©, ce qui la fera tomber entre les pires mains possibles.

Dominik passera de lĂ  Ă  l’étape la plus connue de l’actrice, au dĂ©but des annĂ©es 50, dans laquelle son conflit commencera Ă  ĂȘtre traitĂ© sĂ©rieusement dans sa profession. A chaque casting, Ă  chaque rĂ©pĂ©tition, on verra non seulement le talent naturel de la jeune fille mais combien il semble peu importe aux cadres, producteurs et mĂȘme rĂ©alisateurs qui l’observent, qui aprĂšs une longue scĂšne d’arrachement Ă©motionnel Ă  la jeune fille commente seulement, lascivement, son apparition lorsqu’il la voit quitter les lieux. Norma le sait, bien sĂ»r, et Ă  un moment donnĂ©, elle commence Ă  jouer Ă  ce jeu, sans autre choix que de tomber dans ce piĂšge et de profiter de certains des avantages. C’est la seule option possible, semble-t-il, Ă  assumer comme Marilyn avant les flashs.

Dominik laissera toute sa place Ă  sa vie sexuelle, au curieux triangle qu’il crĂ©e avec deux enfants de cĂ©lĂ©britĂ©s cĂ©lĂšbres (ceux de Charles Chaplin et Edward G. Robinson) et trois de ses relations les plus connues. Celui de Joe DiMaggio (Bobby Cannavale), la lĂ©gende du baseball ; le dramaturge Arthur Miller (Adrien Brody) et le prĂ©sident John F. Kennedy, peut-ĂȘtre le plus dĂ©rangeant et le plus dĂ©sagrĂ©able des trois. Avec les prĂ©cĂ©dents, en rĂ©alitĂ©, le choc passait toujours par la diffĂ©rence entre la Marilyn publique et la fille effrayĂ©e qu’était essentiellement Norma Jeane, chose que leurs maris ne pourraient jamais supporter. La cĂ©lĂšbre scĂšne de la jupe de Marilyn dans le vent explique trĂšs bien le phĂ©nomĂšne et la distance entre mythe et rĂ©alitĂ©.

Le dĂ©clin psychologique de la jeune fille prendra une bonne heure de film et lĂ  Dominik entrera dans un territoire quelque peu grotesque, Ă  la limite du pathĂ©tique. De la consommation de drogue et des abus divers Ă  la maniĂšre graphique de montrer leurs grossesses ratĂ©es ou accidentellement interrompues, la rĂ©alisatrice de ME TUER DOUCEMENT Il ne saura pas conclure sans grandiloquence ce qu’il a su construire dans ses deux premiĂšres heures de film. C’est qu’il fait partie de ces rĂ©alisateurs qui aiment se faire remarquer, Ă©couter le son de sa propre voix et, Ă  un moment donnĂ©, s’empĂȘtrer dans le dĂ©clin sans fin du personnage, Ă  ce moment-lĂ , emblĂ©matique.

Dominik passe de la couleur au noir et blanc, change de format, mĂ©lange les styles et dĂ©place la camĂ©ra comme s’il se trouvait Ă  l’intĂ©rieur de l’attraction la plus terrifiante d’un parc d’attractions. C’est un cinĂ©aste agitĂ©, crĂ©atif et plein d’idĂ©es visuelles qui veut Ă  tout prix Ă©viter les clichĂ©s. Il rĂ©ussit, c’est vrai, mĂȘme si tous ses choix ne sont pas les bons et certains sont trĂšs mĂ©contents. Mais dans ce manĂšge d’horreur, dans cette fable du Petit Chaperon rouge face Ă  des dizaines de loups fĂ©roces, la palme revient Ă  Ana de Armas, vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation de ce film unique, ambitieux et parfois remarquable. L’actrice interprĂšte une performance brute, au bord de l’implosion, de la dĂ©sintĂ©gration, du dĂ©chirement. La jeune fille semble possĂ©dĂ©e par l’esprit de Norma Jeane. Ce n’est pas une imitation mais une incarnation au sens le plus religieux de ce mot bĂ©ni.



SOURCE : Reviews News

N’hĂ©sitez pas Ă  partager notre article sur les rĂ©seaux sociaux afin de nous donner un solide coup de pouce. 😍

Quitter la version mobile