Premières en ligne : bilan de "athéna"de Romain Gavras (Netflix)

Premières en ligne : bilan de "athéna"de Romain Gavras (Netflix) - micropsiacine.com

✔️ 2022-09-23 14:13:47 – Paris/France.

Quelques semaines seulement après être passé par la compétition internationale de la Mostra de Venise, il atteint déjà les écrans du monde, via Netflix, ATHÉNA, mélange de thriller et de film de guerre centré sur le conflit entre la police et les habitants d’un quartier populaire de la périphérie parisienne qui porte le nom du film. C’est un film social violent au format de film de guerre, construit sur la base de plans-séquences longs et spectaculaires mais aussi avec quelques vices de style qui finissent à un moment donné par le transformer en une sorte de jeu vidéo d’action réaliste.

L’histoire démarre en trombe et bien que l’histoire ne soit pas racontée strictement en temps réel, il ne s’écoule que quelques heures entre le début et la fin. Les onze premières minutes sont les meilleures et les plus intenses. Ils commencent par Abdel (Dali Benssalah), un militaire français qui sort d’un commissariat et tente de calmer les gens rassemblés là pour se plaindre de la mort d’un enfant du quartier, qui est son frère. Mais Karim (Sami Slimane), un autre des frères du garçon décédé, ne pense pas la même chose qu’Abdel (la similitude avec les noms bibliques n’est pas fortuite) et lance un cocktail Molotov sur le détachement, déclenchant le chaos qui se répandra tout au long du film. . .

Ces onze premières minutes incluent le braquage du poste de police, les affrontements avec la force, l’évasion et la prise de contrôle armée des bâtiments d’Athéna en attendant ce qui ressemble littéralement à une invasion armée des forces de police. Karim est le leader de ce mouvement mais Abdel – plus religieux, proche de la police et désireux de dialogue et de compréhension – tente de calmer les eaux. Ils ne seront pas les seuls en conflit, pas même les seuls frères à se battre, puisqu’il y aura aussi le plus vieux de tous, Moktar (Ouassini Embarek), un trafiquant de drogue qui travaille dans le quartier et qui ne se soucie que de se faire sortez de là avec votre argent et vos marchandises. Ou du moins, cachez-le bien.

Il y aura d’autres points de vue qui viendront s’ajouter à cette chaîne de plans-séquences à travers lesquels l’histoire est racontée. L’une est celle d’un policier qui, en pleine tentative de reprise du complexe, va se perdre seul au milieu de la nuit et dans les couloirs sombres, et sera pris en otage. Il y a aussi les habitants d’Athéna, qui tentent d’évacuer, ce qui n’est pas facile au milieu du chaos. Et les chefs religieux, qui veulent parvenir à des accords pacifiques, mais qui n’obtiennent pas grand-chose. Et la menace des gangs anti-immigrés d’extrême droite et d’un personnage mystérieux qui est là-bas et qui ne sait pas vraiment ce qu’il veut.

Le film de Gavras –réalisateur avec beaucoup d’expérience dans les clips vidéo– semble être une mise à jour stylistique des films de son père, Costa Gavras, à l’époque actuelle et aux modes utilisés aujourd’hui. Oui Z avait une intrigue politique épaisse en mode film d’action, ATHÉNA Il va beaucoup plus loin et le fait en choisissant le format du jeu vidéo. Et le conflit entre les frères est typique d’une tragédie grecque, ce qui n’est pas rare venant d’un cinéaste de cette origine familiale et même selon le nom du quartier dans lequel se déroule cette « guerre civile ».

La référence aux jeux APPEL DU DEVOIR Ce n’est pas seulement dû au format chaos, plan séquence et confrontation constante entre différents « joueurs » – avec de nombreux PNJ, d’ailleurs, circulant autour – mais à un moment donné le vrai sentiment de danger va disparaître et, plus que les balles, ce qui semble circulent autour des scènes sont des feux d’artifice numériques, comme si tout n’était qu’une mise en scène d’un vrai chaos.

Là, le film commence à faiblir. Pas dans son rythme, mais dans les conventions formelles et scénaristiques avec lesquelles il organise sa seconde moitié. Les positions « politiques » des frères sont convenablement différentes pour représenter tout un arc idéologique possible tandis que les forces de l’ordre -à l’exception de l’otage en question sur qui la seconde montée en puissance du film sera montée après un bref repos- restent comme des voix hors champ. Et même lorsque la caméra ralentit un peu et que les courses ralentissent, les dialogues et les performances continueront à maintenir un niveau d’exaspération tel qu’il est clair qu’il n’y aura jamais de retour à tant de cris et d’intensité.

Le scénario de ATHÉNA a été écrit par Gavras et Ladj Ly, réalisateur de LES MISÉRABLES, un autre film sur les affrontements entre la police et les jeunes des quartiers populaires basé sur un acte de « main lourde » des autorités. Cela limitait son action à un édifice urbain et s’étend ici à un complexe immobilier (type Lugano I et II) qui peut être un piège mortel non seulement pour la police qui tente d’y pénétrer et de le contrôler, mais aussi pour ceux qui y vivre.

L’idée des deux films est similaire : la violence policière incontrôlée et non réglementée génère des réactions de ce type. Et il n’y a pas de médiation possible si les responsables ne se présentent pas. Le film en gardera quelques « surprises » jusqu’à la fin (des surprises qui, disons, sont une manière de « sortir le ballon », pour reprendre une métaphore footballistique) et manipulera les personnages pour arriver à des situations d’une extrême intensité qui sont ne sont pas toujours nécessaires. Mais, comme dans les jeux vidéo de guerre efficaces, l’action ne s’arrête jamais complètement, la tension ne diminue jamais et ses 90 minutes peuvent être vues comme une séquence de guerre unique et violente… uniquement avec un quartier comme décor. Ce n’est pas un film subtil ou intelligent, mais un film qui pose un problème social très réel et le résout avec un bang.



SOURCE : Reviews News

N’hésitez pas à partager notre article sur les réseaux sociaux afin de nous donner un solide coup de pouce. 🤟

Quitter la version mobile