Pourquoi Vince Staples n’est

🎵 2022-04-13 14:48:06 – Paris/France.

Il y a sept ans, Vince Staples sortait son premier album, Heure d’étĂ© ’06, le chef-d’œuvre buggy et troublant qui a valu Ă  l’ancien gangbangeur de Long Beach une grande popularitĂ© auprès du grand public. Ce n’était pas tout Ă  fait un album d’évasion – mĂŞme « Norf Norf Â» et « Señorita Â» Ă©taient un peu trop tordus et sombres pour le Hot 100 du milieu des annĂ©es 2010 – mais Heure d’étĂ© ’06 Ă©tait l’un des dĂ©buts hip-hop les plus intĂ©ressants de la dernière dĂ©cennie.

Avant que Def Jam ne le signe avec son premier contrat d’enregistrement, Staples a côtoyé les stars du blog du début des années 2010 : Odd Future, Kendrick Lamar, Ty Dolla $ign, A$AP Rocky et le regretté Mac Miller. Il a couru dans les bons cercles. Il a ouvert les bonnes tournées. Mais dans sa musique, à maintes reprises, il a pris des virages non conventionnels. Ses débuts étaient du survivalisme pur et dur. Son deuxième album, Théorie des gros poissons-son plus fort à ce jour, je dirais-est une bombe rave-rap. Son dernier projet, Ramona Park m’a brisé le cœur, sorti vendredi dernier, est un album relativement moelleux. C’est le son d’un rappeur en colère et paranoïaque qui se retrouve en quelque sorte bien placé. Musicalement, spirituellement, professionnellement, il a été partout. Mais il a une main remarquablement stable pour un rappeur avec un catalogue aussi fracturé. Il semble toujours savoir, dans une année de sortie donnée, exactement ce qu’il fait, pourquoi et pour qui.

Il est souvent plus facile de parler de lui en termes de ce qu’il n’est pas. Il n’y a pas de romance, pas de menace, pas de conneries dans son style. Il n’est pas tout Ă  fait gangsta mais il n’est pas tout Ă  fait «conscient»; en fait, il semble en vouloir Ă  ces archĂ©types. Il y a de l’humour de potence dans ses couplets, mais mĂŞme cela est plutĂ´t en sourdine sur la plupart de ses albums. Il y a une candeur surprenante. « J’ai commencĂ© le gangbang parce que je voulais tuer des gens Â», a dit Staples Le gardien. C’est un survivant impitoyable avec des amis Ă  commĂ©morer, des traumatismes Ă  dissoudre, des pĂ©chĂ©s Ă  expier, des menaces Ă  renouveler et des histoires Ă  raconter. C’est le sous-texte de tant de sa musique: C’est comme ça. Le critique Jayson Greene, passant en revue Heure d’étĂ© ’06 pour Pitchfork, a un jour dĂ©crit Staples comme « Chance le rappeur vidĂ© d’espoir Â». Chance est passĂ© de mode vers 2019 avec Le grand jour en grande partie Ă  cause de l’optimisme implacable et de la gentillesse terminale de sa musique. En revanche, Staples – mĂŞme dans son mode hip-house – a exprimĂ© une mĂ©fiance perpĂ©tuelle.

Au cours de ses deux premières annĂ©es sous les projecteurs, Staples a cultivĂ© une rĂ©putation particulière pour son sens des mĂ©dias. Il a donnĂ© d’excellentes citations Ă  des magazines et Ă  des Ă©missions de radio. Sur Twitter, il stan la ville d’Atlanta, il Ă©viscĂ©rerait Chipotle, et il taquinerait mĂŞme la haineuse indomptable (et passionnĂ©e de rave-rap) Azealia Banks. Ces performances sociales ont rehaussĂ© sa visibilitĂ© dans les mĂ©dias de premier plan, mais ont Ă©galement envoyĂ© des signaux mitigĂ©s sur sa musique. Vince Staples, la cĂ©lĂ©britĂ©, est ce provocateur qui aime s’amuser et dont les interviews suggèrent un torrĂ©faction comique. Vince Staples, le rappeur, est ce personnage laconique et traumatisĂ© dont la musique suggère un service commĂ©moratif. « Tirez sur une maman nigga si elle sort pendant que nous glissons Â», rappe-t-il sur « Aye! (LibĂ©rez les potes). C’est la rĂ©alitĂ©. Il est sautillant et bruyant musicalement mais toujours beaucoup moins lisse que, disons, YG; il a toujours semblĂ© plus proche de l’introversion paranoĂŻaque de Kendrick, Earl Sweatshirt et (pour nommer un contemporain non LA) Killer Mike. Staples, le rappeur, est un interprète charismatique sur scène, mais reste le plus Ă©loignĂ© d’un plaisir pour la foule dans son Ă©criture.

Il y a quelques mois sur Twitter, le prĂ©sident de Top Dawg Entertainment, Punch, qui supervise Kendrick et SZA, a ouvert une discussion virale sur la dernière gĂ©nĂ©ration de superstars du hip-hop. Punch a demandĂ©, Qui sont les superstars actuelles du rap, les successeurs crĂ©dibles de Kendrick, Drake, Nicki Minaj et J. Cole ? Les nominĂ©s Ă©vidents, je pensais, Ă©taient Post Malone, Doja Cat, Lil Nas X et maintenant Jack Harlow, mais la question de Punch Ă©tait implicite dans une qualification nerveuse Ă  propos de l’artisanat. Qu’en est-il des rappeurs qui ne sont sans doute pas des chanteurs ? Les rappeurs rappeurs ? Si le hip-hop a maintenant l’avantage d’être le genre musical le plus important et le plus influent, alors pourquoi Vince Staples n’est-il pas une superstar ? La liste WikipĂ©dia de « Norf Norf Â» est une fière Ă©pitaphe : « [The song] n’a culminĂ© dans aucun graphique majeur. Il a Ă©tĂ© largement saluĂ© par la critique et a Ă©tĂ© placĂ© sur plusieurs listes de fin d’annĂ©e. Était-ce un improbable triomphe du bon goĂ»t ? Ou Ă©tait-ce en fait une preuve accablante des limites de la crĂ©ation de goĂ»ts sur les blogs ? C’est difficile Ă  dire.

Staples est perpĂ©tuellement Ă  cheval sur de telles contradictions. Il se dĂ©bat parfois. Il y a le dicton : « Un pour toi, un pour moi » ; 2018 FM ! Ă©tait un peu trop « pour toi Â». L’annĂ©e dernière, le critique Tom Breihan, passant en revue l’album Ă©ponyme de Staples pour Stereogum, l’a trouvĂ© « calme et contrĂ´lĂ© et triste Â» Ă  tort. Il a trouvĂ© Staples vacillant vers un clichĂ© inquiĂ©tant : le stoĂŻque et sans compromis artiste maintenant faire de la musique uniquement pour lui-mĂŞme. Vince Staples, la cĂ©lĂ©britĂ©, est si conventionnellement expressif; en Ă©coutant Vince Staples, le rappeur, dans sa plus pure introversion, peut vraiment avoir l’impression de regarder la face cachĂ©e de la lune. Je me souviens que Breihan avait critiquĂ© en ligne son Ă©valuation de Staples, et mĂŞme si moi aussi j’étais en dĂ©saccord avec certaines de ses dĂ©clarations sur l’album, j’ai reconnu dans sa frustration ma propre rĂ©action initiale Ă  Heure d’étĂ© ’06. C’est un album que je respectais beaucoup plus que je n’aimais.

Parc Ramona divise la diffĂ©rence entre FM ! et Vince Agrafes. C’est un peu moins ludique que FM !, avec ses sketches Big Boy et ses envolĂ©es G-funk, mais toujours un peu plus Ă©nergique et avenant que l’album Ă©ponyme. Staples dit que son Vince Agrafes et Parc Ramona, sortis Ă  moins d’un an d’intervalle, ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă  peu près Ă  la mĂŞme Ă©poque. Ce dernier album semble un peu plus ouvert dans ses plus grands crochets (« Lemonade Â»), ses flux les plus audacieux (« Rose Street Â») et ses meilleurs rythmes (« When Sparks Fly Â»). Mais, encore une fois, ce sont de lĂ©gères diffĂ©rences d’exĂ©cution; Vince Agrafes et Parc Ramona les deux apportent une certaine chaleur Ă  la musique du rappeur tandis que (plutĂ´t contrairement FM !) prĂ©servant son attitude froide et classique. Parc Ramona n’est pas, Ă  lui seul, le genre d’album qui convertira un sceptique de longue date en un vrai partisan de Staples. Sa plus grande discographie, cependant, rĂ©compense la patience et la confiance dans son approche auto-impliquĂ©e. Vince Staples n’a toujours pas compris les choses musicalement, spirituellement ou professionnellement. C’est bien sĂ»r la raison pour laquelle nous sommes toujours lĂ .

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SOURCE : Reviews News

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