Pourquoi « Smiley » de Netflix a divisé ses téléspectateurs gays

Pourquoi "Smiley" de Netflix a divisé ses téléspectateurs gays

🍿 2022-12-14 08:16:42 – Paris/France.


    Si l’algorithme de Netflix n’a pas dĂ©terminĂ© que vous ĂȘtes un utilisateur ayant une prĂ©dilection pour les comĂ©dies romantiques et les contenus LGBT doux, cela ne vous a peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© par la sĂ©rie « Smiley » sur la couverture de l’application et vous n’avez peut-ĂȘtre mĂȘme pas trouvĂ© hors qu’il existe. Mais si vous ĂȘtes sur les rĂ©seaux sociaux, que vous faites partie du collectif ou que vous suivez des personnes qui le sont, alors il est possible que vous ayez Ă©tĂ© tĂ©moin ou mĂȘme participĂ© Ă  la Gay Twitter Civil War qui a Ă©tĂ© montĂ©e Ă  cause de ce titre, le dernier de la sĂ©rie espagnole Netflix en 2022. Bien sĂ»r, Il a ouvert le dĂ©bat dans le crĂ©neau auquel il s’adresse. Mais qu’en est-elle?

    Pour commencer, un peu de contexte. ‘Smiley’ est une histoire d’amour entre deux hommes de Barcelone, basĂ©e sur la piĂšce du mĂȘme nom sortie il y a une dizaine d’annĂ©es, et qui exploite la veine homoĂ©rotique de Carlos Cuevas (‘Merlí’, ‘Quelqu’un doit mourir’, ‘ MerlĂ­ : Sapere Aude’), cette fois-ci avec Miki EsparbĂ©, dont les personnages, Álex et Bruno, se rencontrent par erreur et se prĂ©sentent comme le muscle du gymnase Ă  la recherche de l’amour et le pĂ©dant avec de l’argent blessĂ© par la vie. ArticulĂ©e en huit Ă©pisodes d’un peu plus d’une demi-heure et avec NoĂ«l pour dĂ©cor, la sĂ©rie ne cache pas sa vocation comĂ©die romantique lumiĂšre Ă  voir au marathon Par un stupide dimanche aprĂšs-midi.

    ANDREA RESMINI/NETFLIXNetflix

    « Ne me demande pas, je ne suis qu’une sĂ©rie »

    Et c’est prĂ©cisĂ©ment l’argument star pour le dĂ©fendre : qu’il ne s’agit que de divertissement et d’époque. « N’y pensez plus », ont dit beaucoup. Mec, si on ne peut pas rĂ©flĂ©chir et critiquer les produits culturels autres que ce qu’ils appellent la « haute culture », Ă©teignez et allons-y. MĂȘme si, d’une certaine maniĂšre, je comprends l’affirmation de certains quant Ă  la nĂ©cessitĂ© de avoir des histoires classiques, simples et mĂȘme creuses pour passer le temps, mais centrĂ©es sur des personnages homosexuels (surtout lorsque les films LGTB ont historiquement Ă©tĂ© assez tragiques, gĂ©nĂ©rant de nombreux tropes qui sont Ă©galement intĂ©ressants Ă  analyser). En d’autres termes, si les hĂ©tĂ©ros ont ‘Valeria’ ou ‘Emily in Paris’, pourquoi les gays n’ont-ils pas ‘Smiley’ ?

    Bien sĂ»r qu’ils peuvent l’avoir, il en manquerait plus ! Mais le dĂ©ni du dĂ©bat me paraĂźt un peu enfantin (je me demande mĂȘme si la rĂ©sistance Ă  penser Ă  la sĂ©rie est due Ă  une peur de trouver quelque chose dans son reflet). Car si un objectif doit avoir un produit culturel ou de divertissement, c’est bien cela, gĂ©nĂ©rer de la conversation. Et c’est lĂ  que ‘Smiley’, dĂšs qu’on gratte, entre dans des endroits Ă©pineux. Para empezar, la serie no oculta su inspiraciĂłn, desde el detonante del malentendido a los vaivenes de la relaciĂłn, en las comedias romĂĄnticas heterosexuales de los años noventa y, por ende, replica sus virtudes y defectos: la promesa al espectador de que podrĂ­a vivir un conte de fĂ©es, l’exaltation d’un amour romantique qui se sent de plus en plus dĂ©passĂ© (certainement en 2022 plus qu’à la naissance de l’Ɠuvre ou des films dont il s’inspire) et la recherche dĂ©sespĂ©rĂ©e de s’inscrire dans l’hĂ©tĂ©ronorme.

    « Barcelone semble trĂšs moderne, mais  »

    La petite moue d’Álex par laquelle commence la fiction Ă©tablit l’importance qui est donnĂ©e dans l’univers de ‘Smiley’ au couple, ou Ă  sa rĂ©alisation, comme vĂ©hicule sans Ă©quivoque vers le bonheur. Cependant, le dĂ©sir qu’elle projette de son aspiration n’est pas seulement de trouver un petit ami, mais aussi de celui d’ĂȘtre assimilĂ© par une sociĂ©tĂ© malgrĂ© nos diffĂ©rences. Bien sĂ»r, avoir une vie classique comme les hĂ©tĂ©rosexuels d’il y a deux dĂ©cennies peut ĂȘtre l’objectif d’une personne (et d’un personnage) gay, mais ce n’est certainement pas une idĂ©e perturbatrice ou moderne (insĂ©rez le mĂšme de BelĂ©n Cuesta ici dans ‘Kiki, l’amour est fait’ en disant « Madrid semble trĂšs moderne, mais Madrid n’est pas moderne » et changez-le en Barcelone). La fiction place le plus normatif au centre et le reste Ă  ses propres marges.

    Netflix

    Il n’y a pas non plus de risque dans le choix des protagonistes, que le crĂ©ateur de la sĂ©rie, Guillem Clua, dĂ©finit comme « un homme qui incarne le dĂ©sir dictĂ© par la norme cisgay et un autre qui se sent en dehors de celle-ci ». La premiĂšre chose est facile Ă  comprendre, surtout quand Cuevas centralise depuis des annĂ©es le dĂ©sir cisgay de la fiction nationale (avec la permission des gars d »Elite’), mais vendre EsparbĂ© comme quelqu’un hors norme peut faire froncer les sourcils (quand on se sentir Ă©tourdi par l’éclat de ses dents brillantes). Nous pouvons mĂȘme Ă©tendre cela au personnage de RamĂłn, qui est « l’option laide » pour Bruno et continue Ă©galement d’ĂȘtre un Adonis normatif si nous l’étions en rĂ©alité ; Cela me rappelle cette chose de « tĂ©lĂ©vision laide » qu’ils ont dite dans « Les Simpsons » dans le chapitre dans lequel Moe est devenu acteur. Alors que, le personnage qui n’a pas de corps normatif et avec plus d’ñge, celui de PepĂłn Nieto, est placĂ©, bien sĂ»r, Ă  la place du relief comique et, contrairement aux protagonistes, c’est lui qui exprime sa plume. Les lesbiennes sont presque complices et les personnes trans ne sont pas reprĂ©sentĂ©es.

    Ensuite
?

    Que ‘Smiley’ n’ait aucune prĂ©tention Ă  la transcendance est acceptable (si vous voulez une sĂ©rie qui vous ouvre l’esprit, je vous conseille l’autre premiĂšre espagnole du moment, ‘Easy’), ce n’est pas pour rien qu’elle embrasse autant le mainstream que le normatif (ou quel second comme chemin vers le premier, plutĂŽt), mĂȘme s’il ne faut pas accepter l’argument tordu selon lequel le divertissement ne peut pas ĂȘtre profond et inviter Ă  la rĂ©flexion. Et je comprends aussi celui qui est déçu parce que l’un des (encore rares) produits grand public mettant en vedette des personnages gays a si peu de profondeur et ça s’avĂšre moins audacieux et bien plus mignon que ‘Queer as folk’, les britanniques et les amĂ©ricains, qui datent de 1999 et 2000, l’étaient Ă  leur Ă©poque, ou ce qu’on les voit avec les yeux d’aujourd’hui. Tout ne peut pas ĂȘtre « S’il vous plaĂźt, aimez-moi » ou « Filles » dans cette vie, mes chers.

    Álvaro Onieva

    SOURCE : Reviews News

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