đ REVIEWS News â Paris/France.
Pour Netflix, câĂ©tait encore la pĂ©riode heureuse de la croissance rapide : au printemps 2019, Natasha Lyonnes Ă©tait PoupĂ©e russe (Matriochka) lâun de ces succĂšs surprises qui ont donnĂ© au portail de Streaming lâĂ©clat du cinĂ©ma indĂ©pendant et de la « tĂ©lĂ©vision dâauteur ». Pour Lyonne elle-mĂȘme, la sĂ©rie a marquĂ© une renaissance : loin de lâimage de la star adolescente des annĂ©es 90 et du rĂŽle de la sex-expĂ©rimentĂ©e Jessica de la tarte amĂ©ricaine-Films, vers le prestige du touche-Ă -tout crĂ©atif : Pour PoupĂ©e russe La New-Yorkaise de 43 ans est aujourdâhui responsable en tant quâauteure, productrice, actrice principale et rĂ©alisatrice. La sĂ©rie est tellement son truc que maintenant la saison 2 apporte encore plus sa propre biographie biographique que la saison 1. Ses grands-parents maternels sont des survivants juifs hongrois de lâHolocauste. Et donc Lyonne suit littĂ©ralement leurs traces.
Cela fournit Ă©galement la rĂ©ponse Ă la question notoire « Est-ce que cela devait ĂȘtre? », que les tĂ©lĂ©spectateurs de sĂ©ries qui sont toujours fatiguĂ©s de toutes les suites aiment poser. Saison 1 de PoupĂ©e russe Ă©tait si merveilleusement autonome, une variation ludique et virtuose de la Et le jour de la marmotte-Des thĂšmes enrichis dâun morceau de sagesse fĂ©minine dont on ne pouvait quâimaginer une suite en tant que spoiler. Et maintenant, encore une fois dans un mode de vie mĂȘme, il sâagit prĂ©cisĂ©ment de ceci : que tout ce qui a Ă©tĂ© accompli dans la vie est Ă©galement « gĂąchĂ© » Ă nouveau. Souvent Ă travers des choses sur lesquelles nous nâavons aucun contrĂŽle parce quâelles se sont produites avant notre naissance.
De lâextĂ©rieur, peu de choses ont changĂ© : Nadia Vulvokov, jouĂ©e par Lyonne, arpente toujours New York en manteau militaire, la tĂȘte lĂ©gĂšrement repliĂ©e sous ses magnifiques boucles rouges et gĂ©nĂ©ralement avec une cigarette Ă la main ou Ă la bouche. Ses 40 ans approchent et elle tressaille toujours lĂ©gĂšrement devant les escaliers et les passages pour piĂ©tons, se souvenant des multiples dĂ©cĂšs dont elle est dĂ©jĂ morte ici Ă lâoccasion de ses 36 ans dans la saison 1. Mais cette fois câest diffĂ©rent. Elle monte dans le mĂ©tro Ă la 77e rue â et est surprise que les gens fument dans la voiture, quâun homme en tenue de Travis Bickle se tienne et quâil y ait de la publicitĂ© pour la comĂ©die musicale chats et le film La dĂ©cision de Sophie orne les murs. Elle attrape un journal et se rend compte que nous sommes en 1982, lâannĂ©e de sa naissance. Ă la place de marmotte alors Saut quantique â Retour dans le temps. Voyage dans le temps au lieu dâune boucle temporelle.
Semblable Ă la saison 1, Lyonne utilise les topos du film Ă©tablis comme une sorte de grammaire : son personnage et les tĂ©lĂ©spectateurs connaissent les avantages et les piĂšges du voyage dans le temps. Aucune question stupide nâest posĂ©e sur le quoi et le comment. Nadia sait quâelle ne peut pas vraiment changer quoi que ce soit, mais cela ne lâempĂȘche pas dâessayer. Comme ce serait bien dâavoir eu une mĂšre moins dĂ©sespĂ©rĂ©e ! Et quand les rĂ©parations ne rĂ©ussissent pas, elle poursuit son chemin : Ă New York dans les annĂ©es 1960, oĂč sa grand-mĂšre craint que les nazis ne reviennent. Et puis encore plus loin, Ă Budapest dans les annĂ©es 1940, oĂč elle tente audacieusement de sauver le trĂ©sor familial des collaborateurs hongrois⊠Et entre-temps, elle incite sa connaissance de la boucle temporelle Alan (Charlie Barnett) Ă le faire essayer avec le voyage dans le temps en mĂ©tro. Alan dĂ©barque en 1962, Ă Berlin-Est !
Câest beaucoup de choses pour seulement sept Ă©pisodes dâune demi-heure. Et depuis le voyage dans le temps, juste aprĂšs ça Saut quantique-La grammaire, associĂ©e au fait que Nadia et Alan se glissent dans le corps de leurs ancĂȘtres, câest aussi assez dĂ©sordonnĂ© visuellement. Nadia se voit dans les miroirs du passĂ© tantĂŽt comme sa propre mĂšre Nora (ChloĂ« Sevigny), tantĂŽt comme grand-mĂšre Vera (IrĂ©n BordĂĄn) et est Ă©galement regardĂ©e ainsi par son entourage. Pourtant, le tĂ©lĂ©spectateur continue de voir Natasha Lyonne ou Charlie Barnett. Soit dit en passant, Alan se sent mieux que jamais dans sa vie dans le corps de sa grand-mĂšre qui, en tant quâĂ©tudiante ghanĂ©enne Ă lâĂ©tranger, vit son premier grand amour dans le strict Berlin-Est.
Lâhistoire dâAlan tombe Ă court, câest Ă la fin de ce « voyage » (parce que câest Ă nouveau ce que lâon ressent) mais la seule critique mĂ©rite dâĂȘtre notĂ©e. Toutes les autres objections se perdent dans le merveilleux chaos lyonnais dâune maniĂšre aussi philosophique que mĂ©lancolique.
SOURCE : Reviews News
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