Oriol Paulo et la premiĂšre sur Netflix de "Les lignes tortueuses de Dieu"

Oriol Paulo et la premiÚre sur Netflix de "Les lignes tortueuses de Dieu" - EcritureCinéma

😍 2022-12-09 19:12:49 – Paris/France.

Quand Warner et Atresmedia m’ont demandĂ© d’adapter Les lignes tortueuses de Dieu, ma rĂ©ponse a Ă©tĂ© de m’enfuir. Le respect du roman et la difficultĂ© d’adapter la langue de Torcuato au grand Ă©cran semblaient des obstacles difficiles Ă  surmonter. Cependant, et malgrĂ© le refus initial, l’offre rĂ©veilla le souvenir qu’il avait du roman.

Et petit Ă  petit, j’ai imaginĂ© comment j’allais l’adapter, quel point de vue j’allais avoir sur l’histoire, comment j’allais moderniser le rĂ©cit pour l’adapter au XXIe siĂšcle et – surtout – comment je le diffĂ©rencierais de d’autres propositions impossibles Ă  battre comme Île de l’obturateur, Couloir de choc Soit Vol au dessus d’un nid de coucou.

Six mois plus tard, et devant l’insistance d’adapter le roman, j’ai expliquĂ© quelle serait ma vision, en Ă©tant honnĂȘte avec ce que le roman a suscitĂ© dans « l’ici et maintenant ». Je l’ai non seulement exposĂ© aux producteurs et distributeurs concernĂ©s, mais aussi aux « gardiens » du roman, qui en avaient protĂ©gĂ© les droits comme un prĂ©cieux trĂ©sor. Pour moi, il Ă©tait essentiel d’avoir la bĂ©nĂ©diction de tous ceux qui avaient rĂȘvĂ© d’une adaptation modernisĂ©e du roman. Et c’est pour s’adapter Les lignes tortueuses de Dieu dans toute son ampleur, c’était impossible. Cela prendrait dix heures d’images. Cependant, l’adapter sous un point de vue spĂ©cifique, qui Ă©tait respectueux de l’original et, en mĂȘme temps, offrait une rĂ©vision du classique, peut-ĂȘtre pas tellement.

Pour aborder l’adaptation, j’ai travaillĂ© avec Guillem Clua, un ami et dramaturge que j’admire profondĂ©ment. La bataille dialectique du roman a Ă©tĂ© l’un des axes centraux de l’adaptation, qui s’est essentiellement concentrĂ©e sur le personnage d’Alice Gould et comment elle met en Ă©chec toute une institution mĂ©dicale, dirigĂ©e par le docteur Samuel Alvar. La bataille des sexes d’antan allait ĂȘtre remplacĂ©e par la bataille des egos. Et ça a Ă©tĂ©, au-delĂ  de tout le contexte psychiatrique, le leitmotiv de l’adaptation. L’ego comme Ă©picentre du discours narratif qui encadre un regard sur le monde de la santĂ© mentale, qui fonctionne comme un miroir de notre protagoniste.

Un autre Ă©lĂ©ment essentiel pour aborder l’adaptation Ă©tait la prĂ©sence de Barbara Lennie. Le film est avant tout une Ă©tude de personnage. Personne comme Barbara ne pouvait incarner Alice Gould. Pour son talent, son magnĂ©tisme, son intelligence, son Ă©lĂ©gance et cette aurĂ©ole mystĂ©rieuse qui l’accompagne toujours. Tout le film lui tombe dessus, et elle n’a jamais mis une histoire aussi au service de qui que ce soit auparavant. Les lignes tortueuses de DieuJe ne le nierai pas, il est conçu et exĂ©cutĂ© en pensant Ă  Barbara Lennie.

Le monde du sanatorium Ă©tait aussi un dĂ©fi. D’un cĂŽtĂ©, il y avait toute l’équipe mĂ©dicale du sanatorium, dirigĂ©e par Samuel Alvar, le directeur du centre. Toute la confrontation avec Alice allait tomber sur ce personnage. Pour moi c’était aussi essentiel d’avoir Eduard FernĂĄndez, pour assurer Alice/BĂĄrbara, une digne rivale dans la lutte des egos. Et, d’autre part, il y avait le grand dĂ©fi du film : donner vie au monde des malades. Pour beaucoup d’élus, c’était le premier projet, ou le premier grand projet. Ils cherchaient des personnes trĂšs spĂ©ciales, fidĂšles Ă  l’histoire du roman, et en mĂȘme temps capables de travailler devant une camĂ©ra. Et il en va de mĂȘme pour une grande partie de la figuration, qui a Ă©tĂ© mĂ©ticuleusement sĂ©lectionnĂ©e, presque toutes avec peu ou pas d’expĂ©rience, et qui a travaillĂ© en groupe pour que ce que nous voyons soit rĂ©el et naturel. La figuration est un personnage majeur du rĂ©cit, puisqu’il Ă©tait impossible d’inclure tous les patients dans le roman.

RecrĂ©er un sanatorium en pĂ©riode de transition Ă©tait aussi un enjeu majeur, puisqu’il permettait Ă  tous les malades isolĂ©s de la sociĂ©tĂ© et confinĂ©s entre quatre murs de donner la parole. Le film parle de l’ancienne psychiatrie et de la nouvelle psychiatrie dans un pays qui changeait, plus lentement que souhaitĂ©. C’est une toile de fond, celle des restes du rĂ©gime franquiste, qu’on a voulu mettre Ă  l’écran sans souligner, sans tomber dans la caricature. Nous n’avons pas voulu faire une blague du temps en rendant le passĂ© Ă©vident, mais ĂȘtre chirurgicaux dans la documentation, et transparents dans l’exĂ©cution.

Mais de tous les Ă©lĂ©ments, celui qui m’a le plus poussĂ© Ă  accepter le projet a Ă©tĂ© de sortir de ma zone de confort. Les lignes tortueuses de Dieu Ils reprĂ©sentent une maniĂšre d’aborder un projet depuis un autre site. Le thriller est plus que jamais prĂ©texte Ă  enquĂȘter sur la descente aux enfers d’un personnage, et le drame gagne en prĂ©sence. Pour moi, le film est comme une symphonie en trois actes. Le premier est le thriller. La seconde, le drame. Et le troisiĂšme, la folie. C’est un film en trois parties trĂšs claires. Chacun d’eux se nourrit du prĂ©cĂ©dent.

SOURCE : Reviews News

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