đ¶ 2022-04-20 22:02:37 â Paris/France.
Nicholas Angelich, pianiste dâorigine amĂ©ricaine surtout connu pour ses interprĂ©tations soul du rĂ©pertoire germanique, quâil interprĂ©tait avec une virtuositĂ© Ă©lĂ©gante et une intimitĂ© expressive, est dĂ©cĂ©dĂ© lundi Ă Paris, oĂč il vivait depuis lâĂąge de 13 ans. Il avait 51 ans.
La cause était une insuffisance pulmonaire dégénérative, selon son manager, Stefana Atlas.
Homme Ă la voix douce et au comportement doux, M. Angelich sâest produit le plus souvent en Europe, mais lorsquâil a fait des apparitions dans des salles de concert amĂ©ricaines, elles ont presque toujours Ă©tĂ© louĂ©es.
Passant en revue un rĂ©cital au Metropolitan Museum of Art en 2011, Anthony Tommasini du New York Times a Ă©crit que lâinterprĂ©tation de Bach, Chopin et Schumann par M. Angelich « a constamment remis en question ma rĂ©flexion sur ce rĂ©pertoire ».
« Mais son jeu », a-t-il ajoutĂ©, « était si dĂ©libĂ©rĂ© dans ses intentions, tour Ă tour raffinĂ© et fougueux, et si intrigant que jâai Ă©tĂ© touchĂ© et impressionnĂ©. »
M. Angelich avait une affinitĂ© particuliĂšre pour Brahms, en particulier le deuxiĂšme concerto pour piano, quâil a interprĂ©tĂ© avec de nombreux orchestres et chefs dâorchestre sur les deux continents. En 2016, il a Ă©crit un essai pour le magazine Gramophone sur la piĂšce et sa relation avec elle, commentant Ă un moment donnĂ©: «JâĂ©tais plus attirĂ© par elle parce que je lâavais Ă©coutĂ©e beaucoup plus Ă la maison avec mes parents. Je le connaissais trĂšs bien et jâavais plusieurs enregistrements que jâaimais vraiment.
Passant en revue une interprĂ©tation du concerto avec le Boston Symphony Orchestra, Jeremy Eichler a Ă©crit dans The Boston Globe que M. Angelich avait Ă©voquĂ© « des sonoritĂ©s voilĂ©es inhabituelles, dessinant des lignes intĂ©rieures qui passent souvent inaperçues et expĂ©diant des passages rapides avec une lĂ©gĂšretĂ© et un contrĂŽle dynamique remarquables. â
« Pianissimos », a-t-il ajouté, « a flotté sans effort dans la salle. »
M. Angelich a également fréquemment interprété Bach, Beethoven et des compositeurs romantiques comme Schumann et Liszt, dont les «Années de Pélerinage» étaient une autre de ses piÚces phares.
Mais tout en se consacrant au rĂ©pertoire central du XIXe siĂšcle, M. Angelich pensait que les musiciens devaient ĂȘtre aventureux ; il pensait quâil Ă©tait essentiel quâils explorent un rĂ©pertoire variĂ© pour la croissance crĂ©ative. Il a interprĂ©tĂ© des compositeurs du XXe siĂšcle comme Bartok, Messiaen, Stockhausen et Boulez et a donnĂ© les premiĂšres de musiques de Bruno Mantovani, Pierre Henry, Eric Tanguy et Baptiste Trotignon.
La propre musique de M. Angelich Ă©tait remarquable Ă la fois pour sa puissance musculaire et pour sa dĂ©licatesse. Il a contestĂ© lâidĂ©e que les musiciens ont tendance Ă offrir des performances cĂ©rĂ©brales ou Ă©motionnelles.
« Il y a des gens qui disent que câest dans un sens ou dans lâautre, câest soit expressif, soit intellectuel », a-t-il dĂ©clarĂ© dans une interview, « mais je pense quâil faut avoir les deux. Tous les grands musiciens offrent ce mĂ©lange unique de spontanĂ©itĂ© et de rĂ©flexion.
Nicholas Angelich est nĂ© le 14 dĂ©cembre 1970 Ă Cincinnati, fils unique de deux musiciens professionnels. Sa mĂšre, Clara (Kadarjan) Angelich, qui Ă©tait russe, a frĂ©quentĂ© lâAcadĂ©mie de musique de Belgrade, oĂč elle a rencontrĂ© et Ă©pousĂ© le violoniste yougoslave Borivoje Andjelitch. Le couple a Ă©migrĂ© en AmĂ©rique dans les annĂ©es 1960.
Clara a enseignĂ© le piano et son mari a Ă©tĂ© membre de la section violon de lâOrchestre symphonique de Cincinnati pendant 46 ans. Il a anglicisĂ© son nom en Bora Angelich aprĂšs son arrivĂ©e en AmĂ©rique.
Nicholas a commencĂ© Ă Ă©tudier le piano avec sa mĂšre Ă lâĂąge de 5 ans et a fait ses dĂ©buts Ă 7 ans en interprĂ©tant le Concerto pour piano n° 21 de Mozart. Ă 13 ans, sa mĂšre et lui ont dĂ©mĂ©nagĂ© Ă Paris pour Ă©tudier au Conservatoire National SupĂ©rieur de Musique, oĂč il a remportĂ© plusieurs prix. prix de piano et de musique de chambre. Ses professeurs incluent Aldo Ciccolini, Yvonne Loriod et Michel BĂ©roff.
En 1994, M. Angelich a remportĂ© le Concours international de piano Gina Bachauer et a fait ses dĂ©buts en rĂ©cital Ă New York au Alice Tully Hall du Lincoln Center lâannĂ©e suivante. En 2003, Leon Fleischer, lâun de ses mentors, lui a dĂ©cernĂ© le Young Talent Award au Festival international de piano de la Ruhr en Allemagne. M. Angelich a fait ses dĂ©buts avec le New York Philharmonic sous la direction de Kurt Masur au Lincoln Center en mai 2003, interprĂ©tant le Concerto « Empereur » de Beethoven.
M. Angelich, chambriste engagé, a été fréquemment invité aux festivals de Verbier et de Lugano en Suisse. Il collabore fréquemment avec le violoniste Renaud Capuçon et le violoncelliste Gautier Capuçon, avec qui il enregistre les trios pour piano, les sonates pour violon et les quatuors avec piano de Brahms pour le label Virgin Classics.
Passant en revue la performance du trio au Wigmore Hall de Londres, Martin Kettle a Ă©crit dans The Guardian : « Bien que les frĂšres français fournissent lâĂ©lĂ©ment de cĂ©lĂ©britĂ©, câest le piano dâAngelich qui est la constante dans ces programmes variĂ©s. Angelich est un maĂźtre brahmsien.
M. Angelich a enregistrĂ© huit enregistrements pour Warner Classics, dont les «Variations Goldberg» de Bach, un disque de Prokofiev, les concertos pour piano de Brahms avec Paavo Jarvi et lâOrchestre de la radio de Francfort, et les quatriĂšme et cinquiĂšme concertos pour piano de Beethoven sur un piano Pleyel historique. Son catalogue comprend Ă©galement un enregistrement de la musique de Baptiste Trotignon sur le label NaĂŻve.
Au cours de la saison 2018-19, M. Angelich a dĂ©butĂ© sa premiĂšre saison comme soliste en rĂ©sidence avec lâOrchestre MĂ©tropolitain de MontrĂ©al, travaillant avec le chef dâorchestre Yannick NĂ©zet-SĂ©guin, un collaborateur frĂ©quent qui lâa dĂ©crit mardi dans la Gazette de MontrĂ©al comme « une Ăąme gĂ©nĂ©reuse et un pianiste pas comme les autres. M. Angelich devait clĂŽturer la saison 2021-22 de lâorchestre avec deux concerts en juin.
M. Angelich, dĂ©cĂ©dĂ© dans un hĂŽpital, nâa laissĂ© aucun survivant immĂ©diat.
Dans une interview en 2019 au John F. Kennedy Center for the Performing Arts Ă Washington, M. Angelich a expliquĂ© que mĂȘme lorsquâil jouait des morceaux quâil avait interprĂ©tĂ©s pendant des dĂ©cennies, il Ă©tudiait toujours Ă nouveau la partition. « Vous trouverez un dĂ©tail ou plusieurs dĂ©tails qui vous feront comprendre quelque chose dâune maniĂšre totalement diffĂ©rente sur toute la structure de la piĂšce », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Et câest quelque chose que je trouve nĂ©cessaire et fascinant. »
SOURCE : Reviews News
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