😍 2022-10-22 01:59:23 – Paris/France.
Netflix : Les Papillons noirs est une mini-série française atypique, sombre et fascinante pleine de pièges et de secrets
les papillons noirs (les papillons noirsFrance, 2022). Créateurs : Olivier Abbou et Bruno Merle. Moulage: Nicolas Duvauchelle, Niels Arestrup, Alyzée Costes, Axel Granberger, Alice Belaïdi, Sami Bouajila. Disponible en: Netflix. Notre opinion: très bonne.
A la fin de sa vie, Albert Desiderio (le toujours impeccable Niels Arestrup) a décidé de raconter son histoire. Reclus dans une villa de la région de Rubaix, près de la frontière belge, Albert souffre d’une maladie qui menace ses souvenirs, son amour éternel pour Solange (Alyzée Costes), la femme qui a été le centre de sa vie. Pour chérir ce souvenir qui lui échappe et aussi pour avouer ce qu’il a gardé pendant des années, il engage l’écrivain Adrien Winckler (Nicholas Duvauchelle) pour être la voix de son autobiographie.
Jour après jour, ils se rencontrent, et l’histoire du passé commence à se dessiner, tandis qu’Adrien s’interroge sur la vérité de l’histoire et les pièges qu’Albert lui tend alors que l’intimité entre eux devient douloureuse. C’est qu’Adrien vit aussi avec ses fantômes, l’impasse créative après son roman à succès, les pressions de son éditeur, son passé carcéral, la jalousie qui mine sa relation avec Nora (Alice Belaïdi). Assis tous les soirs devant la flûte à bec, Albert et Adrien se regardent et se mesurent comme s’ils étaient devant le miroir lui-même.
Créé par Olivier Abbou et Bruno Merle, les papillons noirs C’est une mini-série atypique, sinueuse et enivrante, portée par ses différentes chronologies comme dans un étrange puzzle, aux formes colorées et aux environnements psychédéliques, pleins de pièges et de secrets. Tout commence avec Solange, la fille de la guerre en France occupée, bâtarde d’un soldat allemand, et d’une mère identifiée comme collaboratrice. Albert la rencontre dans un orphelinat catholique, et dès le début, ses cheveux auburn et ses grands yeux l’emprisonnent dans un air d’amour insistant, une sorte de amour fou cultivée dans les ravins de cette terre encore fumante des bombes, résistant au mépris de ceux qui la signalent.
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Les années 1950 passent et Albert et Solange forment une alliance amoureuse indélébile jusqu’à ce que l’agression sexuelle d’un touriste sur Solange, sur une plage, alors qu’ils pensaient toucher le paradis de leurs mains, les précipite dans le crime. Au crime et au sexe, deux passions qui s’entremêlent dans l’histoire d’Albert et dans la fraternité qu’il noue de mémoire avec Solange. Les années 1960 les découvrent propriétaires d’un salon de coiffure, adeptes de l’amour libre sur la Côte d’Azur, voués à la débauche du crime comme forme de vengeance et de satisfaction.
les papillons noirs
Ce passé apparaît à l’écran baigné de couleurs intenses et avec une amoralité ludique que la mini-série neutralise dans le présent, sombre et pécheur, marqué par la culpabilité et la punition. Albert se dresse, de par sa voix et sa présence dans sa vieillesse, comme un mystère éternel, le gouffre parfait de l’histoire, celui vers lequel Adrien essaie de jeter un coup d’œil sans se consumer. La vie de l’écrivain commence à se plier aux souvenirs de ces autres : le brouillon de mémoires d’Albert devient sa carte gagnante devant l’éditeur, sa relation avec Nora se fissure sous le fantôme poisseux de Solange. Chaque indice qu’Albert glisse dans sa biographie narrée et qu’Adrien capte dans son écriture permet un nouveau raccourci pour l’intrigue : une femme tatouée qui débarque à l’improviste un après-midi de confession d’Albert, un bébé abandonné dans un cimetière, un photographe assassiné dans son manoir azuréen.
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Mais Adrien porte aussi ses fantômes, la relation complexe avec l’héritage de sa puissante famille, la tentative ratée d’avoir un enfant avec Nora, les ombres de son passé carcéral. Et en guise d’assaisonnement supplémentaire, un policier (Sami Bouajila) poursuit la piste d’Albert et Solange, cette traînée de sang qui semble encore fraîche dans son sillage. Malgré toutes ces arêtes et les tonalités sombres de la mise en scène, Abbou et Merle réalisent un récit policier insolite, qui évite les lieux communs et les démarches prudentes, s’aventurant sur un terrain aussi encombrant que celui des pièges à souvenirs.
Si la rafle criminelle d’Albert et Solange évoque celle de couples explosifs comme Pistolet fou (1950) -substituant la fascination des armes à feu chez le premier à celle des ciseaux chez le second- ou celle de Meurtriers par nature (1994) d’Oliver Stone, tous deux empreints d’un érotisme brutal et sanguinaire, la fascination destructrice d’Adrien pour son client rappelle la malédiction de nombreux détectives du film noirtentés par le précipice de leur chute inéluctable.
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Au sein d’un genre tellement conditionné par la prééminence actuelle du vrai crime et par l’utilisation de l’enquête comme intrigue pour retenir le spectateur surexcité des plateformes, les papillons noirs il s’aventure sur un chemin plus épineux, flirtant avec les formes visuelles de la fable, avec les divergences tendues de toute mémoire. Avant les vrais crimes, ce que la plume d’Adrien capte dans ces longues séances d’intimité avec son personnage, ce sont les fantasmes derrière l’acte, l’énonciation du désir devant sa matérialité.
SOURCE : Reviews News
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