đ 2022-06-29 01:17:34 â Paris/France.
Depuis quelques mois, la chronique dâun naufrage nous parvient, dans diffĂ©rentes actualitĂ©s : Netflix a perdu quelque 200 000 abonnĂ©s en dĂ©but dâannĂ©e â le premier des deux millions prĂ©vus pour les mois suivants â et a licenciĂ© une bonne partie des reporters et Ă©diteurs gĂ©nĂ©rant du contenu de marque pour votre portail Tudum, dont nous avons appris lâexistence avec la purge. Peu de temps aprĂšs, on a appris que, en plus, la production de projets dans le style de lâIrlandais (2019), de Martin Scorsese, dans une mesure similaire Ă lâannulation de sĂ©ries qui ne gĂ©nĂšrent pas dâaudience idĂ©ale pour la premiĂšre saison. La goutte qui a fait dĂ©border le vase a Ă©tĂ© lorsque lâentreprise a annoncĂ© un programme de concours basĂ© sur le jeu du calmar (2021), dans lequel le vainqueur recevra un prix de quatre millions et demi de dollars, un mois seulement aprĂšs le dĂ©but des rumeurs dâune stratĂ©gie dĂ©sespĂ©rĂ©e : fin 2022, leurs Ă©missions comprendraient des publicitĂ©s. Toujours Ă la pointe, dans lâun de ceux Netflix invente la tĂ©lĂ©vision ouverte.
Il y a cinq ans, jâai participĂ© Ă la comparaison naĂŻve de Netflix et dâAmazon avec des sociĂ©tĂ©s de production comme BBS, ce qui a conduit au soi-disant New Hollywood Ă la fin des annĂ©es 1960. Ce nom est utilisĂ© aujourdâhui pour dĂ©signer un groupe de cinĂ©astes de studio allant de rĂ©alisateurs matures comme Stanley Kubrick, Robert Altman et Sam Peckinpah Ă de jeunes diplĂŽmĂ©s dâĂ©coles de cinĂ©ma comme Martin Scorsese, Steven Spielberg, Francis Coppola et George Lucas. Il y a cinq ans, la comparaison Ă©tait due Ă lâillusion que le diffusion cela sauverait les superproductions dâauteurs â Amazon produisait des films de Spike Lee, James Gray, Park Chan-wook et Jim Jarmusch ; Netflix, de Bong Joon-ho, Noah Baumbach, les frĂšres Coen et Scorsese â le ferait aujourdâhui en termes dâopportunisme et de dĂ©bĂącle immĂ©diate dâun modĂšle nĂ© pour plaire Ă un mode de consommation et qui a rapidement pris fin en raison du besoin pour un plus rentable.
Si les producteurs du Nouvel Hollywood â des personnages comme le rĂ©alisateur Bob Rafelson ou, au grand dam de Coppola, Bob Evans â ont dâabord pris le risque de miser sur des films comme bĂ©bĂ© de romarin (1968) ou le psychĂ©dĂ©lique je cherche mon destin (1969), il serait naĂŻf de penser que ceux-ci Ă©taient le rĂ©sultat dâun dĂ©vouement cinĂ©phile et non la dĂ©tection dâun nouveau consommateur de films influencĂ© par la contre-culture. Ă la recherche de profits plus Ă©levĂ©s, dans les annĂ©es 1980, les studios ont marginalisĂ© ces types de projets parce quâils essayaient de reproduire le succĂšs inhabituel au box-office de La guerre des galaxies (1977). Il nâa fallu que cinq ans Ă Netflix et Amazon pour en avoir marre dâun cinĂ©ma plus audacieux car il nâa jamais gĂ©nĂ©rĂ© le nombre de rĂ©compenses quâils souhaitaient consolider, sans parler des audiences des films mettant en vedette lâactuel roi des fusillades, Ryan Reynolds.
Le mĂ©cĂ©nat de diffusion ça ne sâest pas terminĂ© : au contraire, ça nâa jamais commencĂ© parce que Netflix nâest pas un aristocrate avec un penchant pour les arts, mais plutĂŽt une entreprise amĂ©ricaine qui est gouvernĂ©e par le profit. Il suffit de voir pour qui il a produit des films pour savoir que son intention nâĂ©tait pas de soutenir lâavenir du cinĂ©ma, mais de tirer le meilleur parti de son passĂ© immĂ©diat. Bien quâil ait achetĂ© des films prĂ©sentant un risque esthĂ©tique plus Ă©levĂ©, comme Atlantiques (2019), du rĂ©alisateur franco-sĂ©nĂ©galais Mati Diop, Netflix a Ă peine fait des productions originales de cette coupe â ça ne me vient quâĂ lâesprit Je pense mettre fin aux choses (2020), de Charlie Kaufmanâ, et moins par des cinĂ©astes dont le nom ne portait plus prestige et admirateurs. Son objectif Ă©tait les grandes rĂ©compenses amĂ©ricaines et le dĂ©placement des anciens studios hollywoodiens, comme en tĂ©moigne la campagne de vingt millions de dollars pour obtenir un Oscar pour Alfonso CuarĂłn et Rome (2018). Bien que Netflix ait remportĂ© les prix Ă lâĂ©poque, le reste de ses films en compĂ©tition a Ă©chouĂ©. Pendant ce temps, sur le circuit des festivals, lâopposition des exploitants français Ă sa prĂ©sence au Festival de Cannes semble avoir convaincu la marque dâabandonner complĂštement le cinĂ©ma pour se concentrer uniquement sur le contenu.
Câest peut-ĂȘtre pour cela quâil est plus difficile que jamais de trouver des films des annĂ©es 1970 â sur la version mexicaine de la plateforme, du moins â et quâil est impossible de voir un seul titre antĂ©rieur Ă cette dĂ©cennie : pour Netflix, le cinĂ©ma nâa pas dâhistoire avant. le boom nĂ©olibĂ©ral, mais un prĂ©sent qui se recycle dans dâinnombrables lieux communs. Un spectateur idĂ©al de la plate-forme considĂšre que le langage filmique a Ă©tĂ© inventĂ© dans les annĂ©es 1990 â bien que dans les annĂ©es 1980 il y ait eu des pionniers comme Robert Zemeckis et Lawrence Kasdan â et que son meilleur moment est maintenant ; Câest pourquoi il y a eu une surabondance de films amĂ©ricains sortis au cours de la derniĂšre dĂ©cennie, la plupart dâentre eux Ă©tant des divertissements accessibles qui attĂ©nuent la lassitude dâune sociĂ©tĂ© obsĂ©dĂ©e par la productivitĂ© et complĂštement indiffĂ©rente Ă lâĂ©ducation aux mĂ©dias : netflix et chillcomme ils disent.
Tout ce qui prĂ©cĂšde explique Ă©galement lâinsignifiance â et parfois le danger â de la pĂ©nĂ©tration de Netflix dans la production de sĂ©ries et de films locaux. Au dĂ©part, alors que lâentreprise affichait encore sa stratĂ©gie basĂ©e sur la qualitĂ©, les tĂ©lĂ©spectateurs et les journalistes pensaient quâelle pouvait rĂ©inventer seule le divertissement mexicain, cantonnĂ©e au sens de lâhumour imposĂ© depuis des dĂ©cennies par Televisa, qui imite les tubes Ă©trangers ou conçoit Roberto GĂłmez Bolaños. comme notre Buster Keaton. Ces derniĂšres annĂ©es, notre cinĂ©ma commercial sâest consacrĂ© Ă imiter certains aspects de la comĂ©die romantique amĂ©ricaine tout en utilisant des blagues homophobes ou classistes. Mais Netflix nâa rien changĂ©, au contraire, il a donnĂ© plus de pouvoir Ă lâĂ©lite de la production car elle se consacrait non pas Ă la recherche de nouveaux talents ou Ă la production directe de contenus, mais plutĂŽt Ă lâembauche dâentreprises et de personnages qui, au lieu de vendre leurs projets aux tĂ©lĂ©vision ouverte, ils ont commencĂ© Ă les livrer Ă la sociĂ©tĂ© de diffusion. Cela a eu des consĂ©quences importantes dans divers domaines.
Le premier dâentre eux est la lĂ©gitimation de toutes les tendances de production qui existaient dĂ©jĂ , visibles dans des sĂ©ries telles que sombre dĂ©sir (2020-2022), qui exploite le corps de ses protagonistes plus que nâimporte quel feuilleton, ou Nous sommes (2021), qui culmine dans ce que Jacques Rivette a appelĂ© dans un important essai « lâabjection ». Pour le cinĂ©aste et critique français, un en voyageant qui spectaculaire un dĂ©cĂšs dans Kapo (1959), un film sur lâHolocauste de Gillo Pontecorvo, est une expression cinĂ©matographique de lâimmoralitĂ©. Nous sommesqui raconte lâhistoire vraie de la façon dont le trafic de drogue a dĂ©truit une ville du nord du Mexique, nâest pas seulement intolĂ©rable en raison de la maniĂšre gratuite dont il regarde les cadavres, avec les outils du cinĂ©ma dâhorreur : son mimĂ©tisme des films dâaction en montrant le feu et les explosions sont impardonnables.
Lâautre effet sur notre industrie a Ă©tĂ© documentĂ© par Viridiana RĂos dans une colonne pour MillĂ©naire dans lequel il dĂ©montre la tolĂ©rance de Netflix envers les pratiques de travail abusives des sociĂ©tĂ©s de production mexicaines quâil embauche. Bien que la sociĂ©tĂ© diffusion Il nâa pas de responsabilitĂ© directe, mais il pourrait imposer des conditions pour Ă©viter les abus qui ont abouti Ă la paire de morts que RĂos dĂ©crit au dĂ©but de son texte. Encore une fois, Netflix est venu consolider le pouvoir des Ă©lites qui existaient dĂ©jĂ , au dĂ©triment des publics et des travailleurs de lâimage. Quelles raisons nous reste-t-il alors pour maintenir un abonnement au malaise ?
SOURCE : Reviews News
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