L’ironie d’avoir une sĂ©rie qui critique le streaming dans le catalogue Netflix

L'ironie d'avoir une série qui critique le streaming dans le catalogue Netflix - Yahoo Style

😍 2022-11-12 16:00:57 – Paris/France.

Superproduction. Randall Park dans le rĂŽle de Timmy dans l’épisode 105 de Blockbuster. Avec l’aimable autorisation de Netflix © 2022

Bien qu’il soit actuellement en train de se reconfigurer aprĂšs une saison de crise et d’abonnĂ©s en baisse et que la concurrence mange de plus en plus de terrain, Netflix est toujours au sommet de la pyramide du Streaming, se remettant de cette bosse pour renforcer sa position dans le marchĂ©. Bien sĂ»r, il n’en a pas toujours Ă©tĂ© ainsi. Il y a quelques annĂ©es, Netflix Ă©tait dans le secteur de la location de vidĂ©os Ă  une Ă©poque oĂč une autre sociĂ©tĂ© dominait avec un nom mondialement connu : Blockbuster.

Depuis, le marchĂ© s’est complĂštement transformĂ© et la vidĂ©o est entrĂ©e dans l’ùre du Streaming. Alors que Netflix a su s’adapter aux temps nouveaux pour rĂ©volutionner l’industrie, Blockbuster est devenu obsolĂšte et a fini par fermer ses chaĂźnes partout. Des annĂ©es plus tard, les deux coexistent (c’est-Ă -dire) grĂące Ă  la nouvelle sĂ©rie Netflix, intitulĂ©e superproductionongle comĂ©die qui cache deux grandes ironies : celle d’avoir une sĂ©rie qui critique le Streaming en Netflix et qu’il s’agit de l’entreprise que le gĂ©ant de Ted Sarandos a fini par couler.

superproduction Il a Ă©tĂ© crĂ©Ă© le 3 novembre avec une premiĂšre saison de 10 Ă©pisodes. CrĂ©Ă© par Vanessa Ramos, scĂ©nariste de Brooklyn neuf-neuf Oui boutique, la sĂ©rie est une comĂ©die en milieu de travail qui serait une fusion de ces deux titres susmentionnĂ©s, auxquels elle emprunte pratiquement tous ses Ă©lĂ©ments distinctifs et sa dynamique de personnage. Sur les traces de la fondatrice Bureau Oui Parcs et loisirs, superproduction raconte le quotidien d’un groupe d’ouvriers du dernier Blockbuster ouvert, dont le patron est dĂ©terminĂ© Ă  prĂ©server la tradition des vidĂ©othĂšques face Ă  l’avancĂ©e irrĂ©sistible du Streaming.

La sĂ©rie est dirigĂ©e par Randall Park (SorciĂšre Ă©carlate et Vision) dans le rĂŽle de Timmy Yoon, un rĂȘveur analogique coincĂ© dans le passĂ© qui a consacrĂ© son existence Ă  sa passion pour le cinĂ©ma. Timmy dirige le Blockbuster sur lequel il a travaillĂ© toute sa vie, un vestige des jours passĂ©s. Lorsque la direction l’informe que c’est le seul vidĂ©oclub de la chaĂźne qui reste ouvert aux États-Unis, Timmy entreprend de le sauver avec l’aide de ses employĂ©s, dont Eliza (Melissa Fumero), l’amour de sa vie, chez en mĂȘme temps qu’il envisage d’avouer ses sentiments. Son projet consiste Ă  rappeler Ă  la communautĂ© le lien humain des vidĂ©othĂšques, qui s’est complĂštement perdu Ă  l’ùre numĂ©rique.

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Depuis son Ă©pisode pilote, superproduction explique clairement sa position polie mais ferme sur le Streaming, notant qu’en raison du passage de l’industrie au numĂ©rique, le charme de discuter avec un inconnu d’un film dans l’un de ces temples de la cinĂ©philie a dĂ©finitivement perdu (Kevin Smith et Quentin Tarantino seraient d’accord) . Dans ce premier chapitre, avouons-le, ce n’est pas la meilleure lettre de motivation, superproduction Il jette des fouilles sur ces conglomĂ©rats, bien qu’il ne mentionne pas Netflix, mais l’un de ses plus grands rivaux, Amazon. Ça oui, un des personnages prononce la phrase « J’emmerde l’algorithme »allusion claire Ă  la mĂȘme plate-forme qui a fini par ĂȘtre sa maisontandis qu’un autre donne raison aux vidĂ©oclubs car on pouvait y trouver des classiques qui ne sont pas en Streaming (un problĂšme que nous avons tous rencontrĂ©).

Il est trĂšs ironique d’entrer dans Netflix et de trouver le logo Blockbuster, dans sa combinaison de couleurs caractĂ©ristique de jaune et de bleu. Et pas seulement parce que la sĂ©rie va Ă  l’opposĂ© de ce que Netflix lui-mĂȘme reprĂ©sente, mais Ă  cause de l’histoire qu’ils partagent. Blockbuster a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1985 par David Cook et a connu une grande Ăšre de splendeur dans les annĂ©es 1990, contrĂŽlant une grande partie du marchĂ© des vidĂ©othĂšques, avec plus de 9 000 Ă©tablissements dans le monde. Netflix est nĂ© un peu plus tard, en 1997, et pour ceux qui ne le savent pas, il Ă©tait Ă  l’origine dĂ©diĂ© Ă  proposer un service de location de DVD par courrier aux États-Unis.

Superproduction. (L Ă  R) Olga Merediz comme Connie, Madeleine Arthur comme Hannah dans l’épisode 103 de Blockbuster. CrĂ©dit Eric Milner/Netflix © 2022

Au tournant du siĂšcle et avec l’essor de la vidĂ©o Ă  la demande et de la tĂ©lĂ©vision par cĂąble, Blockbuster s’est effondrĂ© et a fait faillite. Alors que Netflix, beaucoup plus intelligent, a vu l’opportunitĂ© parfaite de changer de voie et est passĂ© au numĂ©rique, crĂ©ant une plate-forme vidĂ©o en ligne qui a grandi et grandi, jusqu’à marquer un avant et un aprĂšs il y a environ une dĂ©cennie, quand il a commencĂ© Ă  produire ses premiers contenus originaux (ChĂąteau de cartes, Orange est le nouveau noir), avec qui le mannequin est devenu Ă  la mode frĂ©nĂ©sie (sortir des saisons complĂštes d’un coup). Mais le plus Ă©trange est ceci : Blockbuster a eu l’opportunitĂ© d’acquĂ©rir Netflix pour la modique somme de 50 millions de dollars en 2000, mais a fini par renoncer Ă  l’accord, scellant ainsi sa condamnation Ă  mort.

Depuis lors, Netflix n’a cessĂ© de croĂźtre et de s’étendre dans le monde entier, s’imposant comme la premiĂšre option de Streaming dans de nombreux territoires. Bien que Disney+, Amazon Prime Video, Hulu ou HBO Max aient fini par prendre de bonnes pincĂ©es du gĂąteau, Netflix s’est battu bec et ongles pour conserver son leadership dans un monde dans lequel le concept de location physique est restĂ© une idĂ©e complĂštement martienne pour les nouvelles gĂ©nĂ©rations. C’est pourquoi il est si frappant de voir quelque chose comme superproduction entre son offre, un dernier coup de poing sur l’entreprise rivale qui l’a rejetĂ©e et a fini par mordre la poussiĂšre. Justice poĂ©tique.

Netflix lui-mĂȘme, Ă©videmment, ne manque pas l’ironie. C’est ce que confirme Vanessa Ramos dans une rĂ©cente interview avec Le journaliste hollywoodienoĂč il rĂ©vĂšle que les cadres du gĂ©ant rouge adorent se moquer d’eux-mĂȘmes Ă  travers des sĂ©ries. « Bien sĂ»r [que reconocen la ironĂ­a]”dit le crĂ©ateur de la sĂ©rie. « J’étais trĂšs excitĂ© qu’ils soient de notre cĂŽtĂ©. Ce serait plus bizarre s’ils ne le reconnaissaient pas. Il y a quelques rĂ©fĂ©rences au thĂšme tout au long de la sĂ©rie. Dans le pilote, un client, jouĂ© par Carl Tart, cherche un film parce que l’algorithme recommande sans cesse The Great British Bake Off’, et sa petite amie l’a larguĂ© pour un pĂątissier de Manchester. C’est le mauvais cĂŽtĂ©. Ils nous ont laissĂ© lancer des flĂ©chettes sur l’algorithme et nous avons Ă©tĂ© surpris du nombre de fois que nous avons pu le faire”.

Mais, au-delĂ  de l’anecdotique, mĂ©rite-t-il blockbuster la peine? Le sentiment gĂ©nĂ©ral est que non. Comme je l’ai dit, son premier Ă©pisode n’est pas exactement un excellent point de dĂ©part. On y retrouve tous les sujets de la comĂ©dies en milieu de travailainsi que les archĂ©types de personnages qui ne peuvent manquer Ă  aucun d’entre eux (le patron maladroit mais dĂ©bonnaire, la tĂȘte d’air, la vieille dame excentrique
), dont la prĂ©sence de Melissa Fumero jouant le mĂȘme personnage qu’elle incarnait dans Brooklyn neuf-neuf. L’humour de ce premier chapitre ne finit pas non plus de cailler et la prĂ©misse, bien que faisant partie d’une excellente idĂ©e, n’échappe pas Ă  cette puanteur de dĂ©jĂ  vu qui n’apporte rien de nouveau.

Cependant, je dois dire qu’aprĂšs avoir passĂ© le test dĂ©cisif qu’est ce pilote, la sĂ©rie commence dĂ©jĂ  dĂšs son deuxiĂšme Ă©pisode Ă  montrer des signes d’ĂȘtre sur la bonne voie. Il faut se rappeler qu’aucune des comĂ©dies mentionnĂ©es dans cet article n’a commencĂ© avec style, en fait certaines d’entre elles ont des premiĂšres saisons que les fans recommandent de regarder patiemment, et mĂȘme de sauter pour passer aux bonnes choses en premier. Pour cela Je pense qu’il devrait ĂȘtre plus proche de superproduction avec cet Ă©tat d’esprit. Tout amateur de sitcoms sait qu’il faut leur laisser le temps de s’installer et de trouver leur dynamique.

Superproduction. (De gauche Ă  droite) Randall Park comme Timmy, Tyler Alvarez comme Carlos, Kamaia Fairburn comme Kayla, Melissa Fumero comme Eliza, Madeleine Arthur comme Hannah dans l’épisode 107 de Blockbuster. CrĂ©dit Ricardo Hubbs/Netflix © 2022

Oui, c’est vrai que par rapport aux plus grandes rĂ©fĂ©rences du genre, et plus rĂ©cemment avec ce qui a fini par ĂȘtre l’excellent (et sous-Ă©valuĂ©) boutique, superproduction perd. Cela n’aide pas non plus que, de nos jours, avec la profusion sans fin de contenu qui nous parvient presque quotidiennement en Streaming, les tĂ©lĂ©spectateurs aient perdu cette patience parfois nĂ©cessaire pour dĂ©couvrir un bijou potentiel. SĂ»rement superproduction ce ne sera pas le cas, pour mĂ©moire, mais ses personnages s’attachent trĂšs vite Ă  ses personnages -avec un casting qui ne tarde pas Ă  s’entendre Ă  merveille dans lequel se distinguent Tyler Alvarez, JB Smoove et une grande Olga Merediz-, ses dialogues s’amĂ©liorent au fur et Ă  mesure pour les cinĂ©philes, c’est assez incitatif d’entendre le nombre de rĂ©fĂ©rences qui remplissent chaque Ă©pisode.

Connaissant Netflix et face Ă  l’accueil nĂ©gatif de la critique et du public, superproduction risque de rejoindre le club dĂ©jĂ  trĂšs encombrĂ© des sĂ©ries annulĂ©es aprĂšs une seule sĂ©rie. Et ce serait dommage, vraiment, car Ă  mon avis, elle a du potentiel, elle a un super casting et elle est idĂ©ale pour dĂ©connecter et traĂźner, surtout si ses grandes sƓurs vous manquent, Brooklyn neuf-neuf Oui boutique. Oui superproduction finit par succomber Ă  l’algorithme qu’il critique tant, il finira comme un faible souvenir de cette Ă©poque oĂč Netflix a fait un trou nostalgique dans son catalogue pour son grand ennemi, un dernier indice qu’il n’y a pas d’avenir pour les vidĂ©othĂšques, pas mĂȘme sous forme de sĂ©rie.

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SOURCE : Reviews News

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