đż 2022-11-18 20:50:55 â Paris/France.
Il existe deux types de fans de football. Le premier, aime et suit le sport indĂ©pendamment de ce qui se passe au-delĂ des limites du terrain de jeu. Avec le second, cependant, les choses sont diffĂ©rentes. Bien quâil aime regarder le ballon rouler sur lâherbe, il est inĂ©vitable quâil se sente concernĂ© par la gestion de cette activitĂ© par les autoritĂ©s.
Pour ce deuxiĂšme groupe de fans, Netflix vient dâĂȘtre ouvert « Les tenants et les aboutissants de la FIFAâ. Il sâagit dâune docu-sĂ©rie en quatre Ă©pisodes qui revient sur lâhistoire de la plus haute instance du football mondial, la FĂ©dĂ©ration internationale de football associĂ©, mais en se concentrant sur un dĂ©tail : les scandales de corruption qui la hantent presque depuis sa crĂ©ation.
RĂ©alisĂ©e par Daniel Gordon, cette production a pour principales caractĂ©ristiques le bon travail de recherche qui la sous-tend, les prĂ©cieuses archives dâimages et, enfin, la participation des rĂ©fĂ©rences peut-ĂȘtre les plus importantes de lâentitĂ© aujourdâhui dirigĂ©e par le Suisse Gianni Infantino.
« Les tenants et les aboutissants de la FIFA » commence par raconter comment le football Ă©tait organisĂ© dans le monde avant ce que lâon appelle aujourdâhui le « football produit ». Il est parlĂ© depuis la fondation de lâentitĂ©, ses premiĂšres autoritĂ©s et la gestion la plus fermĂ©e et la plus conservatrice quâelle ait eue. Il y a cependant un moment clĂ© dans la transformation de la FĂ©dĂ©ration Internationale de Football AssociĂ©, et il sâagit de lâĂ©lection du BrĂ©silien JoĂŁo Havelange Ă sa prĂ©sidence en 1974.
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Câest Ă partir de ce moment que lâempreinte du football-marketing commence Ă Ă©merger. Les docu-sĂ©ries nous prĂ©sentent le latino-amĂ©ricain comme un gars prĂȘt Ă tout pour garder son emploi. Pour ceux qui ont moins de 30 ans et qui ne se souviennent que de «lâĂšre Blatter» et plus tard, les docu-sĂ©ries remplissent leur objectif de nous prĂ©senter un Havelange perturbateur dans le «business» et absolument controversĂ© dans le politique.
Ă diffĂ©rentes occasions, nous avons entendu dire que « la FIFA est une entitĂ© privĂ©e » et quâelle ne cherche pas -soi-disant- Ă ĂȘtre liĂ©e Ă la politique. Ceci, cependant, est dĂ©formĂ© par les preuves de lâhistoire. Ainsi, les docu-sĂ©ries Netflix se concentrent, par exemple, sur la tenue de la Coupe du monde 1978 en Argentine au milieu dâune dictature qui a fait disparaĂźtre des gens pendant que se jouaient des matchs de lâimportant Ă©vĂ©nement de coupe.
Jack Warner dans « Les tenants et les aboutissants de la FIFA ».
/Netflix
Dans le chemin dâHavelange, cependant, une personne connue jusquâĂ aujourdâhui apparaĂźtra assez tĂŽt : le Suisse Joseph Blatter. « Les tenants et les aboutissants de la FIFA» dĂ©peint solidement lâĂ©mergence de ce personnage qui a dâabord tenu le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de lâentitĂ© et sâest progressivement positionnĂ© Ă lâimage du couple « Football-sponsorships » ou « Football-argent ». Lisez comme vous prĂ©fĂ©rez, bien quâaujourdâhui il soit courant pour nous dâentendre parler de contrats dâun million de dollars entre des fĂ©dĂ©rations ou des clubs et des marques multinationales, quand âSeppâ est apparu, tout Ă©tait nouveau.
Mais une autre façon de commencer Ă gĂ©nĂ©rer de lâargent pour une entitĂ© qui grandirait presque sans contrĂŽle serait, en plus du parrainage, la vente des droits de diffusion. Aujourdâhui, tout le monde regarde les matchs des Libertadores, de la Liga de España ou de la Ligue des champions sur des chaĂźnes cĂąblĂ©es comme ESPN ou DirecTV, mais avant il y avait une sociĂ©tĂ© comme International Sport and Leisure (ISL) qui achetait des droits de compĂ©tition Ă un prix A et les revendait .Ă un prix 3A. Si lâon parle donc dâaccords entre particuliers, lâaffaire semble ronde. Et derriĂšre des marques comme ISL se trouvaient des personnages controversĂ©s comme lâAllemand Horst Dassler.
Sepp Blatter et Guido Tognoni dans « Les tenants et les aboutissants de la FIFA ».
/Netflix
Sans nĂ©gliger sa tonalitĂ© journalistique permanente, le documentaire de Netflix nous prĂ©sente avec justesse le paradoxe autour du fait que derriĂšre les contrats de millionnaires et les plaintes pour pots-de-vin aux intrigues hallucinantes, il y a un univers de centaines de milliers dâenfants qui courent aprĂšs un ballon en rĂȘvant de jamais marquer le but gagnant. en coupe du monde. LâidĂ©e dâun football presque « kidnappé » par le business est prĂ©sente, quoique tacitement.
Revenant sur le cĂŽtĂ© politique de lâaffaire, « Les tenants et les aboutissants de la FIFA » pointe comment quelquâun comme Havelange a pu organiser une Coupe du monde dans la compliquĂ©e Argentine de 1978 et quatre ans plus tard, il a transfĂ©rĂ© sa compĂ©tition principale dans une Espagne en libertĂ©. aprĂšs la chute de la dictature de Francisco Franco. Cette capacitĂ© à « sâaccommoder » rĂ©pond trĂšs probablement Ă un sport qui a des adeptes sous toutes les latitudes, ce qui en fait un butin politique permanent.
Les compĂ©titions telles que la Coupe du monde sont le produit que la plus haute entitĂ© du football dĂ©signe avec le plus dâimpulsion, peut-ĂȘtre parce que câest lĂ quâelle peut intervenir plus directement, sur le plan organisationnel et Ă©conomique. LâĂ©lection du siĂšge devient -selon les docuseries- dans un processus qui, bien quâapparemment dĂ©mocratique, est fermĂ© et avec une sĂ©rie de distorsions qui le rendent sujet aux actes de corruption.
Tout fan de football sait que, si une Coupe du monde gĂ©nĂšre des retombĂ©es Ă©conomiques pour le pays qui lâorganise (image, tourisme, etc.), elle implique Ă©galement une sĂ©rie de dĂ©penses qui la rendent inaccessible pour des pays comme le nĂŽtre. Câest pourquoi ceux qui finissent par postuler pour votre organisation sont des pays au pouvoir dâachat et au soutien gouvernemental indĂ©niable. Mais mĂȘme cela ne garantit pas une Ă©lection transparente.
Gianni Infantino pourra-t-il changer le destin dâune FIFA mise en cause en permanence pour son manque de transparence ? Seul le temps dira. (Photo par Oswaldo Rivas / AFP)
/ OSWALDO RIVAS
« Les tenants et les aboutissants de la FIFA » consacre une grande partie de son intrigue Ă sâinterroger sur la maniĂšre dont la commission chargĂ©e de choisir les lieux de la Coupe du monde prend sa dĂ©cision finale. Avec Havelange dâabord et Blatter ensuite, des Ă©lections comme celles de lâAfrique du Sud pour le Mondial 2010 ou de la Russie pour le Mondial 2018 et maintenant Qatar 2022 finissent par ĂȘtre remises en cause plus que par des accusations, par des preuves.
La quantitĂ© dâinformations que cette docu-sĂ©rie partage dans chacun de ses quatre Ă©pisodes dâune heure est incroyable. Il ne sâagit pas seulement de donnĂ©es Ă©tayĂ©es par des dĂ©nonciations journalistiques ou des images dâarchives, mais fondamentalement de la voix de journalistes, dâanciens conseillers de la FIFA, dâanciens dirigeants sportifs, mais aussi de procureurs et dâavocats qui se trouvaient Ă lâendroit et aux heures indiquĂ©es lorsque le soi-disant â FIFAGATEâ a Ă©clatĂ©.â. Il ne sera donc pas surprenant de voir mĂȘme Joseph Blatter lui-mĂȘme dĂ©fendre son long mandat et nier quâil est responsable des plaintes contre les hommes avec qui il a partagĂ© une table de travail pendant des annĂ©es.
Blatter est un personnage clĂ© de cette docu-sĂ©rie. Au fil de ses chapitres, nous verrons sa transformation dâun secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral calculateur, quoique silencieux, Ă peine liĂ© aux contrats publicitaires, Ă un personnage puissant qui a fait le saut du football Ă la politique, pouvant sâasseoir Ă cĂŽtĂ© de personnalitĂ©s comme Bill Clinton ou Nelson Mandela. Sans les Suisses, le « football produit » tel que nous le connaissons aujourdâhui est inconcevable. Mais le voir libre et sans condamnation aprĂšs tout ce qui a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par les autoritĂ©s amĂ©ricaines fait lâeffet dâun seau dâeau froide sur le spectateur.
Bien que nous ayons Ă©numĂ©rĂ© un certain nombre de points en faveur des docu-sĂ©ries, nous ne pouvons pas Ă©viter de citer ses cĂŽtĂ©s faibles. La proposition de Daniel Gordon a pour point fort les affaires de corruption de la CONCACAF (lâhistoire de Jack Warner et Chuck Blazer ferait Ă elle seule un autre documentaire) et du plus haut bureau de la FIFA au cours des derniĂšres dĂ©cennies (Blatter, Havelange, Platini, etc.) , mais il saute olympiquement ce qui sâest passĂ© en AmĂ©rique du Sud.
Le choix du Qatar comme lieu de la Coupe du monde 2022 et toutes les plaintes derriÚre lui occupent une grande partie des docu-séries de Daniel Gordon. (Photo : Christopher Pike/Bloomberg)
/ Christophe Pike
Dans « Les tenants et aboutissants de la FIFA », bien quâil y ait de nombreuses images de PelĂ© et de quelques autres stars sud-amĂ©ricaines, il nây a presque aucune mention de ce qui a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ© et enquĂȘtĂ© sur la gestion de la ConfĂ©dĂ©ration sud-amĂ©ricaine de football (Conmebol) dans le âBlatter Ăreâ. Bien que nous voyons feu Julio Grondona (ancien prĂ©sident de lâAFA et ancien vice-prĂ©sident de la FIFA) dans diverses images de soutien, son nom nâest pas mentionnĂ© une seule fois. Cela pourrait bien enlever un peu lâintĂ©rĂȘt du public latino-amĂ©ricain pour une production qui a presque tout pour satisfaire le fan soucieux de ne pas seulement voir comment Messi feinte et marque de beaux buts.
Dans le mĂȘme ordre dâidĂ©es, les docuseries Netflix ralentissent alors que nous atteignons ses derniĂšres Ă©tapes. Si on avait une intrigue rapide et presque policiĂšre quand on a vu comment Havelange a Ă©tĂ© remplacĂ© par celui quâil croyait ĂȘtre son fidĂšle ami Blatter ou si on a Ă©tĂ© surpris de dĂ©couvrir le niveau de cynisme atteint par des gars comme Jack Warner (autrefois patron de la CONCACAF qui peut encore ât ĂȘtre extradĂ© aux Ătats-Unis par FIFAGATE), Ă mesure que nous nous rapprochons de lâĂ©poque actuelle, le rĂ©cit se dĂ©compose, et tourne mĂȘme parfois autour du mĂȘme thĂšme (lâĂ©lection du Qatar comme lieu de la Coupe du monde). Rien de tout cela ne remet cependant en cause notre apprĂ©ciation positive dâun produit audiovisuel qui, plus quâintĂ©ressant, semble rĂ©ellement utile pour comprendre tout ce qui tourne autour du soi-disant « plus beau sport du monde ».
LâINTRODUCTION DE LA FIFA/ NETFLIX
Directeur:Daniel Gordon
Moulage: Joseph Blatter, Chuck Blazer, Jack Warner, Gianni Infantino
Synopsis: Conflits, controverses, pouvoir, politique internationale. Une enquĂȘte rĂ©vĂšle lâhistoire de la FIFA et combien coĂ»te lâorganisation dâune Coupe du monde.
Durée: 4 épisodes
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