đ 2022-09-20 16:09:30 â Paris/France.
Rome, 1975. Gianni Guido (Francesco Cavallo), Angelo Izzo (Luca Vergona) et Andrea Ghira (Giulio Pranno) sont trois Roms de la classe moyenne supĂ©rieure mais, malgrĂ© les apparences, ce ne sont pas des gentils, ils ont des sympathies fascistes, ils sont violent, avec la coutume du vol Ă main armĂ©e. Angelo Izzo est le plus redoutable du gang, avec une condamnation pour viol derriĂšre lui. En septembre de la mĂȘme annĂ©e, Guido et Izzo rencontrent, par lâintermĂ©diaire dâune amie, Donatella Colasanti (jouĂ©e dans le film de Benedetta Porcaroli) et Rosaria LĂłpez (Federica Torchetti), deux jeunes de 18 ans issues dâun quartier populaire.
Les garçons les courtisent, ils flirtent tellement quâils dĂ©cident de se revoir au bout de quelques jours, les invitant Ă passer du temps ensemble dans une villa en bord de mer Ă Anzio. La proposition sâavĂšre ĂȘtre un piĂšge cruel et inquiĂ©tant : les deux sont emmenĂ©s Ă San Felice Circeo et lĂ ils subissent des violences de toutes sortes. Câest le sujet dans lequel il se plonge pleinement lâĂ©cole catholiquele film de Stefano Mordini, librement inspirĂ© du roman homonyme dâEdoardo Albinati, et qui retrace lâun des Ă©vĂ©nements les plus dramatiques et bestiaux de lâhistoire de lâItalie : le massacre du cirque.
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âLâĂ©cole catholiqueâ : la vĂ©ritable histoire du film
PrĂ©sentĂ© hors compĂ©tition Ă la Mostra de Venise, il raconte lâun des Ă©vĂ©nements les plus bouleversants de lâhistoire de lâItalie des annĂ©es 1970, un Ă©vĂ©nement aprĂšs lequel rien ne sera plus comme avant. Les Ă©vĂ©nements se sont dĂ©roulĂ©s entre le 29 et le 30 septembre 1975 Ă San Felice Circeo, sur la cĂŽte du Latium, Ă un peu plus de 100 kilomĂštres de Rome. Deux filles ont Ă©tĂ© torturĂ©es, battues et violĂ©es pendant 30 heures dâaffilĂ©e. Lâun dâeux meurt, lâautre est sauvĂ© en faisant semblant dâĂȘtre mort. Rosaria LĂłpez, 19 ans, et Donatella Colasanti, 17 ans, vivent dans le quartier romain de Montagnola.
Un samedi aprĂšs-midi, ils ont rencontrĂ© deux garçons, Gianni Guido et Angelo Izzo, qui avaient frĂ©quentĂ© le lycĂ©e classique de lâinstitut privĂ© San Leone Magno, dans le quartier de Trieste. Ils commencent Ă traĂźner avec eux, les croisant de temps en temps au Fungo dellâEur, le grand chĂąteau dâeau avec un restaurant au 14e Ă©tage, oĂč ils rencontrent les jeunes nĂ©o-fascistes, câest comme ça quâils sâappellent mĂȘme sâils ne sont pas politiquement engagĂ© â dans le film, dans un essai de classe, un Ă©tudiant dit que lâhomme le plus important de lâhistoire est Hitler.
Le 28 septembre, Izzo et Guido invitent les deux filles Ă une fĂȘte entre amis, mais en rĂ©alitĂ© ils ont une idĂ©e trĂšs claire, les emmener dans une villa de San Felice Circeo, la Villa Moresca, propriĂ©tĂ© de la famille dâun troisiĂšme garçon, Andrea. Ghira, le fils de 22 ans dâun homme dâaffaires romain bien connu.
lâĂ©cole catholique met cette histoire au centre, mais lâĂ©vĂ©nement tragique est lĂ©gĂšrement modifiĂ©, filtrĂ© par lâutilitaire narratif (par exemple, Ghira vient de sortir de prison et nâarrive Ă la villa que plus tard, ce sont Izzo et Guido qui invitent les deux filles) car lâintention du rĂ©alisateur est dâexpliquer non seulement un Ă©vĂ©nement, mais aussi une Ă©poque, une pĂ©riode historique, ce qui a formĂ© ces monstres.
« LâĂ©cole catholique »: la reconstruction du massacre de Circeo et ce qui sâest passĂ©
Dans le film, lâenlĂšvement est une consĂ©quence (et aussi un dĂ©but, le moteur de lâhistoire, le film commence par la dĂ©couverte de la voiture dâoĂč proviennent les cris de Donatella) dâune sociĂ©tĂ© tout aussi brutale, violente, hyper-masculine et macho, comme celle de ces bĂȘtes qui ont violĂ© et battu ces deux filles, un peu plus jeunes quâelles, qui veulent montrer leur virilitĂ©, balayant tous leurs problĂšmes, grains de beautĂ©, vĂ©ritĂ©s, mĂȘme parfois inconfortables, sous le tapis. lâĂ©cole catholique Il est dit dans le titre que lâintention est de montrer un rĂ©cit anthropologique qui ressemble Ă un estuaire qui sâĂ©largit. Le film Ă©crit plusieurs lignes narratives qui embrassent aussi les figures parentales, il met en scĂšne ces deux « coquilles », la famille et lâĂ©cole, comme le souligne le narrateur du film, Edoardo, des institutions qui devraient former des hommes « purs », « nobles ». « , mais cachez plutĂŽt « une montagne de poussiĂšre » sous le tapis.
Dans le film, ces garçons sont les enfants de parents qui les envoient dans une Ă©cole catholique puis, au lieu de les Ă©duquer, les battent furieusement, fondent des familles, vivent leur homosexualitĂ© en cachette, ce sont les enfants de mĂšres qui nâont toujours pas leur indĂ©pendance et ne sont que des morceaux de viande quâils doivent concevoir. Ils sont aussi bestiaux que la sociĂ©tĂ© dans laquelle ils vivent est bestiale.
Le bon et soumis Guido est battu par son pĂšre, qui parvient Ă effacer les erreurs de son fils en faisant un don Ă lâĂ©cole, mais devant les victimes, il est un violeur aussi violent que lâĂ©tait la ceinture de son pĂšre. Pourtant, Izzo est dâabord un garçon terrible comme tant dâautres, un fasciste, mais ensuite il se rĂ©vĂšle pour ce quâil est, un criminel sans scrupules, un ĂȘtre amoral, un monstre au sourire terrifiant et aux yeux vifs. Ces mĂąles pensent que les femmes sont des morceaux de viande : dans une scĂšne emblĂ©matique, aprĂšs avoir violĂ© les deux filles, Guido, au dĂźner avec sa famille, regarde sans Ă©motion un morceau de rĂŽti coupĂ© tout comme il regarde les corps de ses victimes. Ils croient que lâon nâest quâun homme dâune certaine maniĂšre, une reprĂ©sentation dâune masculinitĂ© toxique : mauvaise, viscĂ©rale, toujours prĂȘte Ă la violence, aux relations sexuelles -uniquement homme-femme car lâhomosexualitĂ© nâest pas considĂ©rĂ©e comme une possibilitĂ©-, un animal brutal qui vit selon ses propres instincts.
Tout est Ă©crit pour ces 36 heures tragiques oĂč les deux filles tentent dâabord de se libĂ©rer, crient, tapent du poing contre la porte, puis acceptent dans lâespoir dâĂȘtre libĂ©rĂ©es aprĂšs lâacte, enfin supplient leurs bourreaux. Izzo et Guido les ont battus violemment, les entraĂźnant un Ă un dans le salon, oĂč ils en font ce quâils veulent, mais ne sâattardent jamais longtemps sur la violence : les corps nus affaissĂ©s, le sang qui coule, les cordons pour injecter la drogue . Ils durent des heures, comme dans la rĂ©alitĂ©, mĂȘme dans le film les personnages changent : en rĂ©alitĂ© câest Ghira qui Ă un moment prend la voiture et rentre Ă Rome car il doit manger avec sa famille, il revient quelques heures plus tard et câest dans ces mĂȘmes moments que Rosaria LĂłpez est assassinĂ©e, noyĂ©e dans la baignoire pleine dâeau.
Donatella rĂ©alise que sa seule chance est de prĂ©tendre quâelle est morte et câest son salut. Fractures, blessures et contusions, son corps violĂ©, câest ainsi quâil quitte la maison dans le coffre du 127 ; Câest lâune des images qui est restĂ©e dans lâalbum iconographique des derniĂšres dĂ©cennies, une photo prise par Antonio Monteforte qui, comme dâhabitude Ă cette Ă©poque, Ă©tait constamment connectĂ© Ă une radio sur les frĂ©quences de la police. Cette photo a un pouvoir trĂšs fort qui fait partie de la mĂ©moire de notre Ă©poque, en ce noir et blanc câest toute la douleur de cette fille et de ceux qui ne lâont pas fait, un moment capturĂ© qui a fait de ce massacre un jalon de la brutalitĂ© masculine et sociale.
SOURCE : Reviews News
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