Le tueur de cannibales

Le tueur de cannibales - Chronique mondiale

🍿 2022-10-07 21:55:43 – Paris/France.

Les AmĂ©ricains ont toujours montrĂ© une certaine tendance Ă  croire que leurs histoires devaient tous nous intĂ©resser, quel que soit le pays dans lequel nous sommes nĂ©s (et ils n’ont pas tort, Eh bien, nous avalons tout ce qu’ils nous lancent, sauf les histoires qui se dĂ©roulent dans le monde du baseball, que personne en dehors des États-Unis ne verra). Parmi ces choses se distingue, notamment dans l’audiovisuel, la figure du tueur en sĂ©rie Soit tueur en sĂ©rie, qui compte de nombreux personnages dĂ©jĂ  entrĂ©s dans l’imaginaire collectif. celui qui plus, Jeffrey Dahmer (1960-1994), un crĂ©tin de Milwaukee, Ohio, qui a assassinĂ© dix-sept hommes, adultes ou adolescents, entre 1978 et 1991, ajoutant un Ă©lĂ©ment encore plus dĂ©sagrĂ©able et dĂ©rangeant Ă  ses crimes horribles : cannibalisme (Quand ils l’ont arrĂȘtĂ©, ils ont trouvĂ© une tĂȘte humaine dans son frigo).

Des livres et des bandes dessinĂ©es ont Ă©tĂ© Ă©crits sur Dahmer et des longs mĂ©trages et documentaires ont Ă©tĂ© tournĂ©s, ce qui m’a amenĂ© Ă  affronter la nouvelle mini-sĂ©rie qui lui est consacrĂ©e sur Netflix avec une certaine prudence et paresse. Dahmer (dix Ă©pisodes), crĂ©Ă© par Ryan Murphy et Ian Brennanqui avaient dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble sur des sĂ©ries comme Glee, Le politicien, Hollywood, Halston Soit À cliquet. Puisque Murphy est un adepte de grand guignol (Ă  vĂ©rifier dans l’une de ses sĂ©ries les plus rĂ©ussies, histoire d’horreur amĂ©ricaine) et mĂšne un agenda gay strict, il Ă©tait Ă  craindre que quelqu’un comme Jeffrey Dahmer, homosexuel et cannibaleservirait Ă  fabriquer un produit morbide ayant tendance Ă  sang. Heureusement, cela n’a pas Ă©tĂ© le cas : Dahmer est une proposition de un sĂ©rieux admirable aprĂšs quoi il sera pratiquement impossible de continuer Ă  donner la feuille au boucher de Milwaukee, car je doute qu’il reste quoi que ce soit Ă  ajouter Ă  son histoire dĂ©goĂ»tante.

Jeffrey Dahmer, dans une image de la série sur le meurtrier qui a tué 17 garçons et jeunes hommes / NETFLIX

Envie de passer dix heures avec un type comme Dahmer ? En principe, pas trop, car ils nous ont racontĂ© leurs aventures Ă  d’innombrables reprises. Mais aprĂšs quelques chapitres, vous en arrivez Ă  la conclusion qu’ils ne vous avaient jamais Ă©tĂ© racontĂ©s comme ça, de maniĂšre aussi exhaustive et sous des angles diffĂ©rents (dont celui de son propre pĂšre, jouĂ© par le grand Richard Jenkins, et celui de son voisin qui souffre depuis longtemps, jouĂ© par Niecy Nash). Le protagoniste, Evan Peters (un habituĂ© de histoire d’horreur amĂ©ricaine), brode le rĂŽle du meurtrier. Et le script affecte sagement l’environnement dans lequel Dahmer a commis ses crimes, un quartier pauvre habitĂ© principalement par des Noirs, des Hispaniques et des Asiatiques pourquoi la police ne s’est pas prĂ©sentĂ©e, et si elle l’a fait, c’est pour camoufler le dossier sans semer le trouble : la sĂ©quence dans laquelle une des victimes du meurtrier, droguĂ©e, dĂ©sorientĂ©e et Ă  moitiĂ© nue, est renvoyĂ©e Ă  son tortionnaire parce que le les flics pensent qu’elle est devant une bagarre de pĂ©dĂ©s Ă  laquelle il ne faut attacher aucune importance est trĂšs illustratif.

Cette vision panoramique de l’histoire de Jeffrey Dahmer part de l’incontestable folie du sujet – bien qu’il ait insistĂ© sur le fait qu’il n’était pas fou et a mĂȘme demandĂ© que la peine de mort lui soit appliquĂ©e – et s’étend Ă  son habitat physique et moral. La police semble inepte, mais ce qui est grave, c’est que cette ineptie est renforcĂ©e par le dĂ©sintĂ©rĂȘt de la majoritĂ© blanche pour les malheurs qui peuvent s’abattre sur les Noirs, les Hispaniques et les Asiatiques, surtout s’ils sont homosexuels, auquel cas le monde entier se lave les mains. Dahmer a recrutĂ© ses victimes parmi ces groupes raciaux, bien qu’il ne soit pas clair s’il s’agissait d’une question d’attirance sexuelle ou d’une maniĂšre de ne pas attirer l’attention des Blancs ou d’un mĂ©lange des deux. Dans tous les cas, il a passĂ© treize ans Ă  tuer sans que personne s’en soucie beaucoup pour arrĂȘter ses pieds.

Ă©piphanie religieuse

L’environnement familial du criminel est Ă©galement abordĂ© de maniĂšre globale Ă  travers son pĂšre, Lionel, et sa mĂšre perturbĂ©e, Joyce (Penelope Ann Miller), une nĂ©vrosĂ©e dĂ©pressive truffĂ©e de pilules qui, aprĂšs son divorce, disparaĂźt complĂštement de la vie de Jeffrey en prenant son petit frĂšre (qui n’apparaĂźt pas dans toute la sĂ©rie : le seul dĂ©tail qui laisse Ă  dĂ©sirer dans la rĂ©alisation, puisqu’il faudrait dire quelque chose sur le crĂ©tin de Jeff). Bien que Lionel se reproche d’avoir lancĂ© son fils dans la taxidermie avec des animaux qu’ils ont trouvĂ©s Ă©crasĂ©s sur la route, il n’a pas l’intention d’en vouloir aux parents du monstre, ce que lui non plus ne fait pas. parce qu’il considĂšre qu’il est tel qu’il est et que personne n’en est responsable.

Une fois en prison, Dahmer a commencĂ© Ă  recevoir des lettres de fans (il y a du monde pour tout, surtout aux États-Unis), il s’est effondrĂ© (s’attirant le ressentiment des autres dĂ©tenus) et a mĂȘme eu une Ă©piphanie religieuse qui l’a amenĂ© Ă  se faire baptiser dans un baignoire, prison : tout Ă  coup, il a voulu qu’un Dieu auquel il n’avait jamais cru lui pardonne. Malheureusement pour lui, un autre dĂ©tenu qui avait Ă©galement rencontrĂ© le Seigneur dans le sac a estimĂ© que l’éliminer accĂ©lĂ©rerait son processus de rĂ©demption, alors il a abattu Dahmer Ă  coups de poing avec des poids de gym.

Pour ce Ă  quoi M. Murphy n’est pas habituĂ©, Dahmer s’avĂšre ĂȘtre une sĂ©rie d’un sĂ©rieux et d’une austĂ©ritĂ© louables. Un scĂ©nario de fer, des acteurs splendides et une mise en scĂšne efficace (les rĂ©alisateurs incluent des gens comme Jennifer Lynch ou Greg Araki) parviennent Ă  capturer l’histoire dĂ©finitive de l’infĂąme Jeffrey Dahmer, dont je dirais qu’il n’y a plus rien Ă  ajouter. Et comment ils essaient de m’imposer une autre histoire du boucher de MilwaukeeJe peux dĂ©jĂ  vous assurer que son pĂšre la verra.

SOURCE : Reviews News

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