La télévision se meurt et le cinéma ne ressuscite pas. Roblox et Minecraft contre Top Gun et Netflix

La télévision se meurt et le cinéma ne ressuscite pas.  Roblox et Minecraft contre Top Gun et Netflix - Retina

😍 2022-09-08 19:08:38 – Paris/France.

j’ai une nouvelle tĂ©lĂ©
J’ai rĂ©servĂ© le meilleur coin
Et ce sera toujours allumé
Parce que pour moi, vivre est un mode de vie”

Un style de vieLes Rodriguez

« OĂč que vous alliez, en Inde ou en Afrique profonde, vous pouvez entendre Il Trovatore», Ă©crivait Verdi Ă  un ami en 1862. C’était le reflet de la façon dont l’opĂ©ra est devenu le premier mĂ©dia culturel europĂ©en Ă  caractĂšre vĂ©ritablement mondial. C’est l’un des traits constitutifs de ce que dessine Orlando Figes dans son magnifique Les EuropĂ©ens: la naissance d’une culture commune au continent soutenue par une bourgeoisie puissante et une classe ouvriĂšre avide de culture et de divertissement, l’apparition du tourisme avec l’amĂ©lioration des communications apportĂ©es par le train et la nĂ©gociation des droits d’auteur.

C’est un livre d’histoire qui montre aussi comment La montĂ©e et la chute des tendances ne sont pas une invention rĂ©cente. Du temps oĂč l’opĂ©ra italien a conquis la Russie Ă  un autre oĂč il est devenu ignorĂ©; du rĂšgne de Meyerbeer dans la capitale de l’époque (Paris, France) Ă  son ostracisme et son changement de gĂ©nĂ©ration. MalgrĂ© cela, c’était une Ă©poque oĂč, selon nous, tout allait plus lentement. Une impression discutable si l’on analyse combien de dĂ©cennies de rĂšgne comme forme de divertissement on peut attribuer au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Tout comme nous avons passĂ© des dĂ©cennies avec le dĂ©bat sur la mort du roman, je ne doute pas que les annĂ©es 1920 nous apporteront le dĂ©bat sur le dĂ©clin du cinĂ©ma et de la tĂ©lĂ©vision comme forme dominante de divertissement. AprĂšs une longue pĂ©riode pendant laquelle les Vasile et les Atresmedia ont ri des prĂ©dictions selon lesquelles Internet mettrait fin Ă  la tĂ©lĂ©vision linĂ©aire, les chiffres dessinent un prĂ©cipice. Nous avons vĂ©cu le mois d’aoĂ»t avec la consommation de tĂ©lĂ©vision la plus faible des 25 derniĂšres annĂ©es et 2020 est restĂ©e l’exception Ă  un processus qui va s’accĂ©lĂ©rer : moins de tĂ©lĂ©spectateurs, moins de revenus publicitaires et de budget pour acheter des droits ou crĂ©er de meilleurs contenus.

Le cas du cinĂ©ma dans les salles est sorti du confinement touchĂ©, mais peut-ĂȘtre n’a-t-il pas tant Ă©tĂ© prophĂ©tisĂ©. Les numĂ©ros de meilleur pistolet; Maverick ils sont un signal d’alarme inhabituel car ils sont inutiles : l’essentiel est de faire des films que les gens ont envie d’aller voir. En tout cas nous ne devrions pas construire l’argument Ă  partir de l’exceptionMalgrĂ© le fait qu’aller au cinĂ©ma peut sembler un plan trĂšs allĂ©chant pour sortir de chez soi, il faut souligner que 58% du box-office des cinĂ©mas en Europe a Ă©tĂ© perdu par rapport Ă  avant la pandĂ©mie.

Ces chiffres compensent-ils le temps que nous avons passĂ© au diffusion? Les opĂ©rateurs historiques de la tĂ©lĂ©vision gratuite ne sont pas les protagonistes de la tĂ©lĂ©vision « Ă  la carte ». En raison de secret des plateformes lors du partage de donnĂ©es pouvant servir leurs adversaires et la difficultĂ© de mesurer les audiences des applications sur tant d’appareils sans leur collaboration, il en est peut-ĂȘtre ainsi, mais il est Ă©galement vrai que la crise de Netflix ne s’explique pas uniquement par l’augmentation des concurrents. Il y a une composante gĂ©nĂ©rationnelle, les « Z » l’utilisent moins et aux États-Unis ils partent. Et c’est avant que Netflix ne prenne au sĂ©rieux le partage d’un mot de passe, une coutume qui le fait sur toutes les lĂšvres.

L’avalanche gĂ©nĂ©rationnelle est aux portes. Roblox et Minecraft ajoutent environ 6 000 millions d’heures d’utilisation mensuelle, avec une grande majoritĂ© d’utilisateurs mineurs. Dans les nouvelles gĂ©nĂ©rations il n’y aura pas de distinction comme dans les prĂ©cĂ©dentes, tout le monde sera joueur de jeux vidĂ©o. Ce n’est pas seulement le temps qu’ils jouent, c’est ce qu’ils crĂ©ent Ă  l’intĂ©rieur et le contenu dĂ©rivĂ© qu’ils consomment sur les jeux vidĂ©o. Si, en revanche, on observe la montĂ©e en puissance des « crĂ©ateurs de contenus », des retours d’expĂ©rience apparaissent : une grande partie d’entre eux Ă©mergent du diffusion de ses jeux, assaisonnant un mouvement culturel que les mĂ©dias et les analystes n’arrivent pas Ă  capter ni Ă  bien compter.

En tout cas, la thĂšse de cet article n’est pas justifiĂ©e par une avalanche de chiffres qui la rendent Ă©vidente, mais en observant ce que fait la fille, sa conversation (que l’on peut jeter un coup d’Ɠil avec une facilitĂ© jamais vue dans l’histoire) et votre prĂ©fĂ©rences exprimĂ©es et rĂ©vĂ©lĂ©es. C’est la dĂ©cennie oĂč le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision commenceront Ă  cesser d’ĂȘtre la forme dominante de divertissement parce que les jeux vidĂ©o et le « contenu Internet » les remplacent dans excitation, crĂ©ation fandommythomanie et mĂȘme passion avec lesquels ils se dĂ©fendent ou s’attaquent.

Comme me l’a dit un jour Esther Miguel Trula (qui a un pied dans le cinĂ©ma et l’autre dans la culture Internet) l’hĂ©gĂ©monie du cinĂ©ma comme gĂ©nĂ©rateur de pop culture est morte. Il m’est de plus en plus difficile de trouver des rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques ou tĂ©lĂ©visuelles dans les mĂšmes crĂ©Ă©s, remixĂ©s et partagĂ©s par de trĂšs jeunes gens que je vois circuler. Peu Ă  peu les sĂ©ries et les films perdent leur aura d’aspiration, le gala des Oscars est intĂ©ressant Ă  cause de la bizarrerie d’une claque et non Ă  cause du prestige qu’il confĂšre, quand les adolescents sont plus grands (ou presque dĂ©jĂ ) ils veulent ĂȘtre influenceurs. La bonne nouvelle pour les genres en crise, c’est qu’Internet d’hier et d’aujourd’hui coexiste et qu’il y aura un espace intergĂ©nĂ©rationnel pour tout le monde.

Cette transition nous coĂ»te de l’analyser. Nous avons un critique pour nous expliquer le concert de RosalĂ­a, le suivi consciencieux du festival de San SebastiĂĄn (Espagne) et l’analyse rĂ©flĂ©chie de la sĂ©rie HBO. Des dizaines de supplĂ©ments entiers consacrĂ©s Ă  la littĂ©rature et Ă  l’art, mais les mĂ©dias grand public n’ont personne pour couvrir la culture qui Ă©merge, se fabrique et se consomme sur Internet. Il y a quelque temps, ils ont Ă©tĂ© convaincus par le fait que ce qui se passe sur Internet est digne d’intĂ©rĂȘt, que le virtuel est rĂ©el au mĂȘme titre que le « physique ». Ce n’est pas peu de chose, au dĂ©but du siĂšcle ils ne semblaient pas l’avoir si clair. De lĂ , un saut a Ă©tĂ© franchi dans lequel la plupart des couvertures sont quelque peu simples, un peu plus qu’un bon appĂąt qui attire le trafic.

Il est raisonnable, comme certains me l’ont soutenu, de ne pas traiter un nouveau film de Carla SimĂłn de la mĂȘme maniĂšre qu’une vidĂ©o de Cristinini. Ma proposition ne va pas dans ce sens, mais plutĂŽt en expliquant l’émergence des crĂ©ateurs grĂące Ă  l’action de l’algorithme, comment cela imprĂšgne les crĂ©ations et les divertissements qui nous parviennent, et comment les sous-cultures Internet sont crĂ©Ă©es et Ă©voluent. Pourquoi n’avons-nous pas (ou n’avons-nous pas atteint) une Carla SimĂłn sur Internet ? Il s’agit d’expliquer les rĂ©gimes incitatifs qui en sont la cause, la naissance des genres et une tradition Ă  laquelle adhĂšrent de nouveaux crĂ©ateurs et mĂȘme comment certains, comme Ibai, flirtent avec l’apport de la tĂ©lĂ©vision traditionnelle sur Twitch. Il y a la technologie, la sociologie, l’anthropologie et la communication Ă  appliquer Ă  cette approche.

Les pionniers soulignent que couvrir ce domaine, c’est avant tout expliquer comment nous nous comportons dans le virtuel. Nous avons une couverture frĂ©quente et prĂ©cieuse en espagnol de cette culture Internet, mais les mĂ©dias doivent signaler ce territoire comme une section essentielle pour remplir la mission de raconter, d’expliquer et d’aider Ă  comprendre notre sociĂ©tĂ©. Parfois, nous devenons obsĂ©dĂ©s par le changement gĂ©nĂ©rationnel de l’audience, ce qui conduit de nombreux mĂ©dias Ă  Ă©tudier des stratĂ©gies de prĂ©sence sur TikTok et Twitch. Peut-ĂȘtre nous Ă©chouons davantage Ă  ces Ă©ventuels futurs lecteurs ou tĂ©lĂ©spectateurs si nous n’expliquons pas bien l’Internet d’aujourd’hui si nous n’adoptons pas leur langage et leurs plates-formes.

SOURCE : Reviews News

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