La télévision hongroise sur Internet lutte contre la « propagande »

La télévision hongroise sur Internet lutte contre la "propagande" - The Sun Daily

😍 2022-04-02 09:38:00 – Paris/France.

BUDAPEST: Leur studio est improvisĂ© et leurs fonds proviennent en grande partie de la foule, mais la principale chaĂźne politique YouTube de Hongrie est l’une des rares voix restantes dans le pays Ă  critiquer le gouvernement.

Le Partizan est devenu un visionnement incontournable pour des centaines de milliers de Hongrois avant les élections générales de dimanche au cours desquelles le Premier ministre nationaliste Viktor Orban devra faire face à son combat le plus serré pour sa survie politique depuis des années.

Le fondateur et animateur Marton Gulyas, qui produit au moins une discussion, une Ă©mission de dĂ©bat ou une interview approfondie par jour, affirme que le but est de « libĂ©rer l’imagination politique du peuple ».

« Ici, les mĂ©dias publics n’ont aucune ambition de crĂ©er des contenus de service public, seulement de diffuser la propagande gouvernementale », a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP Gulyas, un barbu et dĂ©gingandĂ© de 35 ans.

« Cela ne fonctionne pas pour le peuple comme il le devrait, au lieu de cela, cela détruit et enivre le discours et le débat publics », a-t-il déclaré.

Le studio de Partizan se trouve dans un entrepĂŽt dĂ©labrĂ© en briques rouges Ă  la pĂ©riphĂ©rie de Budapest. La chaĂźne ne reprĂ©sente qu’une fraction du budget d’environ 350 millions d’euros financĂ© par les contribuables et allouĂ© chaque annĂ©e au radiodiffuseur public hongrois MTVA.

MTVA, qui bĂ©nĂ©ficie d’un siĂšge social ultramoderne Ă  seulement un kilomĂštre (mile) du Partizan, suit fidĂšlement la ligne gouvernementale de l’époque.

Les articles d’actualitĂ© attaquent gĂ©nĂ©ralement l’UE, la migration ou l’opposition, et correspondent actuellement Ă  l’approche neutre d’Orban face Ă  l’invasion russe.

Le pays d’Europe centrale se classe dĂ©sormais Ă  la 92e position – la deuxiĂšme plus basse de l’UE – dans l’indice annuel de la libertĂ© de la presse de l’organisme de surveillance des mĂ©dias Reporters sans frontiĂšres.

Micro-dons

Les organes de presse indĂ©pendants ont Ă©tĂ© largement Ă©vincĂ©s – leurs licences ont Ă©tĂ© rĂ©voquĂ©es ou les rĂ©dacteurs en chef remplacĂ©s par ceux qui soutiennent la ligne du gouvernement.

Pendant la campagne Ă©lectorale, la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision d’information M1 et les stations de radio de MTVA ont bombardĂ© les tĂ©lĂ©spectateurs avec des messages favorables Ă  Orban.

M1 a rediffusĂ© neuf fois le discours de la fĂȘte nationale d’Orban le 15 mars le lendemain.

Le mĂȘme matin, le challenger d’Orban, le maire provincial Peter Marki-Zay, n’a eu que cinq minutes pour prĂ©senter son manifeste Ă©lectoral sur la chaĂźne, bien que ce soit la premiĂšre fois qu’un politicien de l’opposition se voit accorder une tribune pour s’exprimer sur M1 en quatre ans.

Le porte-parole du gouvernement, Zoltan Kovacs, nie que la couverture mĂ©diatique publique penche en faveur du parti Fidesz au pouvoir d’Orban.

« Si vous Ă©coutez les nouvelles du matin Ă  la radio, il est clair qu’il y a une variĂ©tĂ© de points de vue et d’opinions », a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP.

Partizan compte désormais plus de 270 000 abonnés, un nombre qui, selon Gulyas, est en croissance dynamique et la chaßne est financée par des milliers de micro-dons.

« Si vous aimez ce que nous faisons, veuillez envisager un don », a dĂ©clarĂ© l’animateur en signant une Ă©mission de dĂ©bat Ă©lectoral avec un point de marque sur la camĂ©ra.

Ancien directeur de troupe de thĂ©Ăątre, puis Ă©minent militant arrĂȘtĂ© il y a cinq ans pour avoir jetĂ© de la peinture sur le palais prĂ©sidentiel, Gulyas a crĂ©Ă© le Partizan en 2018.

Pas de « traßtre »

Quelques personnalitĂ©s liĂ©es au gouvernement osent faire face Ă  un grillage sur le Partizan, mais les invitations Ă  Orban – qui a Ă©galement refusĂ© de dĂ©battre du challenger Marki-Zay – des ministres du cabinet et des politiciens du Fidesz restent sans rĂ©ponse.

« J’aime sortir de ma bulle », a dĂ©clarĂ© Gulyas, mais il « reconnaĂźt » que participer Ă  son Ă©mission est risquĂ© pour les politiciens.

Un commentaire capricieux de Marki-Zay sur la guerre en Ukraine lors d’une interview du Partizan a Ă©tĂ© repris par la campagne d’Orban.

« Poser des questions justes et justes peut affaiblir et non renforcer la position de l’opposition, mais je ne peux pas faire d’interviews d’une autre maniĂšre », a dĂ©clarĂ© Gulyas.

Agnes Urban, experte en mĂ©dias auprĂšs du chien de garde Mertek Media Monitor, a dĂ©clarĂ© que le Partizan Ă©tait « vulnĂ©rable car il pourrait ĂȘtre dĂ©sactivĂ© pour n’importe quelle raison » par les gĂ©ants de l’Internet.

« Cela dĂ©pend des dĂ©cisions des principales plateformes numĂ©riques, si par exemple YouTube ferme, ou Facebook dĂ©cide que certains de ses contenus sont inappropriĂ©s ou illĂ©gaux, ou bien si l’UE impose Ă  l’avenir des rĂ©glementations strictes sur les plateformes numĂ©riques, dans ces cas Partizan ne peut rien faire », a dĂ©clarĂ© Urban.

Ancien employĂ© du radiodiffuseur public entre 2015 et 2019, Andras Rostovanyi, 31 ans, a divulguĂ© un enregistrement cachĂ© d’une rĂ©union Ă©ditoriale qui a rĂ©vĂ©lĂ© que des cadres supĂ©rieurs ordonnaient au personnel de couvrir des sujets politiquement sensibles avec une orientation pro-gouvernementale.

« Certains de mes collĂšgues pourraient me considĂ©rer comme un traĂźtre mais je ne crois pas que je le sois », a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP l’ancien journaliste du Foreign Desk.

« En fait, ce sont mes anciens patrons qui ont trahi le service public. J’ai rendu plus de service public qu’eux, rien qu’en rĂ©vĂ©lant cela », a-t-il dĂ©clarĂ©. -AFP

SOURCE : Reviews News

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