✔️ 2022-04-02 19:01:21 – Paris/France.
De toutes les possibilités qu’avait Netflix pour remettre « The Bubble » sur pied, il a peut-être choisi la moins appropriée : le nouveau film de Judd Appatow dure deux heures et demie quand Cela aurait pu être une production petite et intense de quatre-vingts minutes, ou mieux encore, une fantastique comédie de situation avec des épisodes d’une demi-heure. Mais il semblerait qu’Appatow se soit laissé emporter par le gigantisme qu’il dénonce lui-même dans ses images.
Cependant, et à part ce petit détail qui rend cette comédie quelque peu épuisante, ‘The Bubble’ est une satire très amusante des superproductions hollywoodiennes. Le mauvais slime d’Appatow aurait déjà un bon nombre de cibles sur lesquelles tirer, mais il le place également dans les premiers jours du confinement, alors qu’il n’y avait pas encore de vaccins mais que des industries qui ne pouvaient pas se permettre de s’arrêter, comme le divertissement, ont essayé de passer à autre chose comme c’était
Pour mettre la satire sur pied, Appatow propose une liste de stars (en plus d’innombrables camées), qui sont sans aucun doute les meilleures de l’ensemble et peut-être la raison pour laquelle le film est si long : il y a trop de personnages. Parmi eux figurent Karen Gillan, Pedro Pascal, David Duchovny, Keegan-Michael Key, Fred Armisen, Kate McKinnon ou John Cena, parmi tant d’autres.
La plupart jouent, avec une méchanceté peut-être issue d’expériences personnelles humiliantes, d’acteurs sans cervelle et de stars égocentriques (du toxicomane sexuel polydrogué au tiktoker avec un million de followers et aucun intérêt pour le film). Mais aussi des producteurs impitoyables (surtout brutale est une Kate McKinnon en vacances perpétuelles alors que le monde s’effondre à cause de la pandémie) et des réalisateurs qui croient qu’ils vont gagner un Oscar avec ‘Beasts of the cliffs 6’.
Films horribles sur écran vert
Force est de constater qu’après la série bien plus solennelle et acclamée ‘Le roi du quartier’, Appatow a eu envie de refaire une gaffe, à la manière de son dernier film, le fun ‘Et du coup toi’. Pour ce regard sur un secteur qu’il connaît bien et dont il peut tirer d’innombrables anecdotes, compte tenu de sa longue carrière et la stature des noms propres avec lesquels il a collaboré : en effet, plus d’un et plus de deux des gags du film font froid dans le dos authentique.
Bien qu’il y aura ceux qui apprécieront la partie dans laquelle Appatow construit des personnages délirants avec des motivations mesquines et actuelles, j’ai trouvé les réflexions sur le fonctionnement des machines sans cœur de l’industrie particulièrement acides. Celui qui tourne des films d’aventures qu’on peut faire entièrement en fond vert, dans une dissociation totale du monde réel qui donne lieu à des séquences aussi hilarantes que celle de l’escalade et qui rappelle parfois une autre réflexion (quelque chose de plus existentiel, oui) sur le cinéma et ses écrans verts : ‘Quelque chose de très gras’ de Carlo Padial.
Tout le monde ne trouvera peut-être pas amusante la technique d’Appatow consistant à laisser les acteurs improviser et créer des moments gênants, mais dans le cas de ‘La bulle’, cela génère un sentiment d’absurdité qui correspond parfaitement à ce tournage pandémique. Et en plus, ça lui donne une amertume supplémentaire quand on peut tous se voir reconnus dans la perversion des relations personnelles à laquelle le COVID nous a soumis et dont nous subissons encore les affres.
C’est dommage que parfois le film soit aussi gigantesque qu’une Bête de la Falaise et une certaine concision aurait été bonne pour cela, mais cela reste une proposition très acide pleine de dialogues qui, entre les lignes, parlent de quelque chose d’aussi drôle que ça fait froid dans le dos : l’industrie qui nous divertit est entre les mains d’idiots et de monstres. C’est drôle parce que c’est vrai.
SOURCE : Reviews News
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