Joey DeFrancesco, roi rĂ©gnant de l’orgue de jazz, dĂ©cĂšde Ă  51 ans

đŸŽ” 2022-08-27 00:24:22 – Paris/France.

Joey DeFrancesco, largement reconnu pour avoir remis l’orgue Ă  la mode dans les cercles de jazz au cours des derniĂšres dĂ©cennies, est dĂ©cĂ©dĂ©. Il avait 51 ans.

Sa femme, Gloria, a publiĂ© vendredi la nouvelle de sa mort sur Facebook. Elle n’a pas dit oĂč ni quand il est mort ni citĂ© la cause.

M. DeFrancesco avait la musicalitĂ© dans ses gĂšnes : son pĂšre, John DeFrancesco, joue de l’orgue jazz depuis les annĂ©es 1950. Il Ă©blouissait les auditeurs lorsqu’il Ă©tait adolescent.

« DeFrancesco – dont les expressions contagieuses et perverses le rendent aussi amusant Ă  regarder qu’à Ă©couter – peut marcher, aplatir les quintes et enchaĂźner des citations de Bird, Diz, Monk et Miles avec l’ingĂ©niositĂ© raffinĂ©e des huit- vĂ©tĂ©ran d’un an qu’il est », Ă©crivait Gene Seymour du Philadelphia Daily News en 1986 aprĂšs avoir observĂ© le Settlement Jazz Ensemble Ă  la Settlement Music School de Philadelphie, oĂč le jeune M. DeFrancesco Ă©tait alors Ă©tudiant.

« Et pendant que vous regardez et Ă©coutez », a ajoutĂ© M. Seymour, « vous trouvez une petite voix Ă  l’intĂ©rieur de vous qui chante : « Il a 15 ans ! »”

En moins de deux ans, M. DeFrancesco avait tournĂ© avec Miles Davis et ouvert pour Bobby McFerrin et Grover Washington Jr. En 1989, Ă  17 ans, il a jouĂ© Ă  l’UniversitĂ© Duke avec des musiciens bien connus comme le trompettiste Clark Terry dans un concert qui a annoncĂ© le prochain Thelonious Monk Institute of Jazz, qui ouvrira peu aprĂšs.

« Alors que M. DeFrancesco jouait ‘Sophisticated Lady’ de Duke Ellington, les musiciens plus ĂągĂ©s rayonnaient et chuchotaient des encouragements », a Ă©crit Jonathan Probber Ă  propos de ce spectacle dans le New York Times. « L’impression distincte Ă©tait que M. DeFrancesco Ă©tait un exemple d’espoir sur le chemin de la rĂ©alisation. »

Certes, il Ă©tait sur la voie d’une formidable carriĂšre, qui comprenait plus de 30 enregistrements en tant que chef d’orchestre, de nombreux autres en tant que sideman et d’innombrables concerts. Chemin faisant, il a remis l’orgue Ă  la mode dans le jazz.

L’orgue Hammond B3 est devenu un favori dans les cercles de jazz dans les annĂ©es 1950, avec Jimmy Smith, qui avait de nombreux albums Ă  succĂšs sur le label Blue Note, ouvrant la voie. Mais en 1975, la sociĂ©tĂ© Hammond a cessĂ© de fabriquer l’instrument et la tendance des trios Ă  orgue dans les clubs de jazz s’est estompĂ©e.

M. DeFrancesco était un multi-instrumentiste; il a également joué de la trompette, du saxophone, du piano et du synthétiseur. Mais il a construit sa carriÚre en jouant un B3 de la vieille école.

« J’adore les synthĂ©tiseurs et je joue de tout ça, mais vous ne pouvez pas battre le son du B3 », a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  l’Associated Press en 1991. « L’instrument a un son trĂšs chaleureux. Il y a des contrastes. Il contient juste toutes ces Ă©motions. Il contient des petits morceaux de chaque instrument. C’est comme avoir tout un orchestre Ă  portĂ©e de main.

Le premier album de M. DeFrancesco, « All of Me », est sorti en 1989, et des dizaines d’autres ont suivi, avec ses intĂ©rĂȘts musicaux trĂšs variĂ©s. Il a enregistrĂ© sa propre musique originale. Un album de 2004 s’appelait « Joey DeFrancesco Plays Sinatra His Way ». Son « Never Can Say Goodbye » en 2010 a rĂ©inventĂ© la musique de Michael Jackson. Et il a collaborĂ© sur des albums avec Van Morrison, le guitariste Danny Gatton et d’autres.

Le bassiste Christian McBride connaissait M. DeFrancesco depuis qu’ils Ă©taient Ă©tudiants Ă  la Settlement School.

« Joey DeFrancesco Ă©tait de loin l’organiste le plus crĂ©atif et le plus influent depuis Jimmy Smith », a-t-il dĂ©clarĂ© dans un communiquĂ©. « Pour ce qui est de faire passer l’orgue au niveau supĂ©rieur et de le rendre Ă  nouveau populaire auprĂšs d’une jeune gĂ©nĂ©ration, personne ne l’a fait comme Joey. »

M. Seymour, qui a Ă©crit il y a des dĂ©cennies sur l’adolescent M. DeFrancesco Ă  Philadelphie et est devenu plus tard critique Ă  Newsday, s’est souvenu de M. DeFrancesco dans un message Facebook vendredi.

« Son ascension fulgurante vers la gloire ne m’a pas du tout surpris », a-t-il Ă©crit. «Ce qui a fait, au fil du temps, c’est Ă  quel point il a maĂźtrisĂ© profondĂ©ment et parfaitement la tradition de l’orgue de jazz Ă  toutes les extrĂ©mitĂ©s du spectre musical, du blues et du funk aux incantations post-bop et avant-gardistes. Il a rempli les obligations de sa vocation en ne restant jamais immobile, en n’étant jamais complaisant.

M. DeFrancesco est nĂ© le 10 avril 1971 Ă  Springfield, prĂšs de Philadelphie. Il n’a pas attendu longtemps pour choisir son cheminement de carriĂšre.

« Quand j’avais 4 ans, mon pĂšre a apportĂ© cette chose monstrueuse, un B3, et il l’a allumé », a-t-il dĂ©clarĂ© au Boston Herald en 1994. « Il a un moteur et un gĂ©nĂ©rateur. J’ai commencĂ© Ă  jouer et le son m’a juste Ă©mu. Être un enfant de 4 ans et dĂ©cider de ce que vous voulez faire pour le reste de votre vie – j’ai eu beaucoup de chance.

Il a bien sĂ»r crĂ©ditĂ© son pĂšre d’avoir Ă©tĂ© sa premiĂšre influence.

« Vous ne pouvez pas ĂȘtre mieux loti que d’avoir un pĂšre qui joue du mĂȘme instrument que vous », a-t-il dĂ©clarĂ©. « La musique que j’ai entendue depuis ma naissance Ă©tait le jazz. »

Le hasard a contribuĂ© Ă  propulser sa carriĂšre : adolescent, il se produisait dans une Ă©mission de tĂ©lĂ©vision locale Ă  Philadelphie lorsque Miles Davis Ă©tait l’invitĂ© vedette. Le jazzman vĂ©tĂ©ran a Ă©tĂ© impressionnĂ© et M. DeFrancesco a fini par tourner avec lui pendant six mois.

Il a sorti un flot constant d’albums, dont cinq ont reçu des nominations aux Grammy Awards, dont, plus rĂ©cemment, « In the Key of the Universe » (2019). Sur son dernier album, « More Music » (2021), qui comprend 10 compositions originales, il a jouĂ© de six instruments diffĂ©rents et a bien ajoutĂ© quelques voix.

Une liste complĂšte des survivants n’était pas disponible dans l’immĂ©diat.

M. DeFrancesco Ă©tait en quelque sorte un showman, mĂȘme lorsqu’il Ă©tait un sideman. En 2010, par exemple, il joue avec un trio dirigĂ© par le saxophoniste David Sanborn. M. Sanborn Ă©tait la tĂȘte d’affiche, mais, comme l’a Ă©crit Nate Chinen dans The Times des concerts du trio, « C’est souvent autant le spectacle de M. DeFrancesco, et parfois plus. »

S’il Ă©tait plus flamboyant que certains de ses contemporains, c’était dĂ©libĂ©rĂ©, a dĂ©clarĂ© M. DeFrancesco Ă  The Buffalo News en 2004.

« Je pense que ces nouveaux joueurs sont trop sĂ©rieux », a-t-il dĂ©clarĂ©. « La joie, le plaisir, c’est quelque chose que le jazz a perdu. Je veux dire, nous sommes des artistes, aprĂšs tout. Si vous n’avez pas l’air de vous amuser sur scĂšne, comment est-ce que quelqu’un dans le public est censĂ© le faire ? »

SOURCE : Reviews News

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