đ¶ 2022-08-30 19:11:00 â Paris/France.
Jockstrap recrĂ©e le sentiment dâun adolescent dĂ©couvrant le dubstep pour la premiĂšre fois en 2010. Le genre de musique qui accĂ©lĂšre de loin les ondes cĂ©rĂ©brales, vous laissant Ă©tourdi et confus aprĂšs la fin du morceau.
FormĂ© par la violoniste de jazz Georgia Ellery (qui joue Ă©galement avec Black Country, New Road) et le producteur Ă©lectronique Taylor Skye, chacune des chansons du duo contient des influences tordues et hachĂ©es â une idĂ©e de mĂ©lange quâils ont entendue sur un morceau de Madonna, un sentiment quâils avaient un Vendredi soir, une blague dâun ami, une chanson quâils ont entendue Ă la radio il y a plusieurs annĂ©es â et les transforme en quelque chose de peut-ĂȘtre diffĂ©rent de tout ce que vous avez entendu auparavant. Quelque chose dâamusant qui fait vomir.
Le couple sâest rencontrĂ© Ă lâorigine alors quâil Ă©tudiait Ă la Guildhall School Of Music & Drama de Londres et sâest rapidement forgĂ© une rĂ©putation pour sa gamme de structures, dâĂ©motions, de thĂ©ĂątralitĂ© et de fantaisie. Depuis son apparition fin 2017 avec son premier single, « I Want Another Affair », Jockstrap a collaborĂ© avec Dean Blunt et Mica Levi, et est devenu lâune des nouvelles perspectives musicales les plus excitantes de Londres. Avec des prouesses techniques quasi inĂ©galĂ©es, leurs chansons chorĂ©graphient magistralement lâattention et les rĂ©actions Ă©motionnelles de lâauditeur. Une chanson typique de Jockstrap inspirera la confusion, la perplexitĂ©, le rire â et souvent en succession rapide.
Pourtant, sur leur premier album Je tâaime Jennifer B â sorti la semaine prochaine via Rough Trade Records â la paire a rĂ©ussi Ă dĂ©former les attentes. Allant au-delĂ de leur esthĂ©tique cinĂ©tique Ă©tablie, ils explorent des moments dâimmobilitĂ© â Ă©quilibrant le beau avec le repoussant, lâhyperactif avec le nonchalant â pour crĂ©er une Ćuvre complĂšte et holistique qui semble nouvelle et exploratoire, mĂȘme pour eux.
Lors dâune conversation rĂ©cente, le duo mâa racontĂ© son processus crĂ©atif unique, comment une Ă©coliĂšre a inspirĂ© son premier album et un mec appelĂ© Melch.
La musique a-t-elle été historiquement pour vous un moyen de socialiser ou un moyen de vous isoler ?
GĂORGIE ELLERY : Pour moi, câĂ©tait social, mais je ne sais pas si câĂ©tait parce que jâĂ©tais dans des orchestres. Jâaimais plus socialiser que jouer quand jâĂ©tais plus jeune.
A quel ùge as-tu commencé à jouer du violon ?
ELLERY : Jâai commencĂ© quand jâavais cinq ans, puis jâai commencĂ© Ă jouer dans des orchestres vers lâĂąge de 12 ans. Câest lĂ que jâai vraiment commencĂ© Ă aimer ça, quand je jouais avec dâautres personnes. Je nâaimais pas vraiment jouer de la musique tout seul.
Vouliez-vous ĂȘtre violoniste Ă cinq ans ? !
ELLERYÂ : Non, absolument pas.
SKY : La musique pour moi a commencĂ© comme une chose plutĂŽt solo. Jâai commencĂ© Ă jouer du piano; vous nâavez pas vraiment besoin de jouer avec quelquâun dâautre pour le faire. Jâai commencĂ© Ă jouer Ă la maison. Ensuite, jâĂ©tais dans pas mal de groupes scolaires et nous faisions des voyages ensemble. Ensuite, je rentrais chez moi et je produisais tout seul, mais Ă lâĂ©cole, mon groupe dâamis Ă©tait basĂ© sur la musique. Jâallais dans ma salle technique musicale tous les midis et nous traĂźnions juste lĂ . La musique est devenue Ă la fois ma vie sociale et ma vie privĂ©e.
Vous souvenez-vous du premier musicien que vous avez dĂ©couvert et dont vous ĂȘtes tombĂ© amoureux de maniĂšre indĂ©pendante, sans lâinfluence de vos parents ou de qui que ce soit dâautre ?
SKY : Pour moi, câĂ©tait un producteur qui sâappelait Flux Pavilion. Je lâai trouvĂ© sur lâordinateur.
ELLERY : Ma belle-sĆur aĂźnĂ©e a jouĂ© beaucoup de Destinyâs Child, alors je suis entrĂ©e et jâai dĂ©couvert BeyoncĂ©.
Quâest-ce qui vous a attirĂ© vers la musique Ă©lectronique ?
SKY : Je trouve que jouer la musique des autres est vraiment stressant et Ă©prouvant pour les nerfs, et jâai trouvĂ© cela particuliĂšrement difficile Ă faire, dâĂȘtre confrontĂ© Ă quelque chose de dĂ©jĂ Ă©crit. Jâaimais lâidĂ©e dâĂ©crire ma propre musique, alors jâai juste improvisĂ© au piano, puis mon pĂšre a ramenĂ© un ordinateur portable Ă la maison un jour et quelque chose a cliquĂ©. Une fois que vous avez un ordinateur portable, vous pouvez commencer Ă penser davantage Ă la musique Ă©lectronique.
Lorsque vous avez entendu Flux Pavillion et dubstep pour la premiÚre fois, cela a-t-il reconfiguré ce que vous pensiez que la musique pouvait faire ?
SKY : Ouais, il y avait une chanson de Flux Pavillion en particulier appelĂ©e « Cracks », ça mâa secouĂ© Ă©motionnellement comme jamais auparavant. Vers cet Ăąge, je cherchais des trucs qui mâexcitaient. Je nâavais jamais rien entendu de tel auparavant, je ne pense pas que le monde ait entendu quelque chose comme ça auparavant. Cela changeait la donne.
ELLERY : Taylor dĂ©crit le sentiment dâĂ©couter du dubstep. Nous essayons de recrĂ©er ce sentiment lorsque nous faisons des chansons ; nous essayons de faire ce lien Ă©motionnel. Quand jâĂ©coute notre musique et quand nous lâĂ©ditons, en rĂ©flĂ©chissant Ă la façon de la faire, nous recherchons tous les deux ce sentiment.
Diriez-vous que lâoriginalitĂ© est votre credo esthĂ©tique quand il sâagit de faire de la musique ?
SKY : Oui, parce que lâoriginalitĂ© fait avancer les choses et câest ce qui nous passionne. Quand jâentends quelque chose de nouveau, câest lâun des meilleurs sentiments pour moi.
Quelle est la derniÚre *nouvelle* chose que vous ayez entendue, à part votre propre musique ?
SKY : Pour moi, câĂ©tait probablement Donda. Quand je lâai entendu pour la premiĂšre fois, je nâĂ©tais pas trĂšs intĂ©ressĂ© par ça, et puis tout Ă coup, tout a cliquĂ© pour moi. CâĂ©tait comme une perspective diffĂ©rente de faire de la musique
ELLERY : Et pour moi, Two Shell. Quelquâun mâa envoyĂ© un de ses mp3 sans titre et je ne savais pas que câĂ©tait lui. Je pensais que câĂ©tait vraiment frais.
Comment conciliez-vous lâintimitĂ© de la crĂ©ation musicale avec le fait de devoir ensuite faire quelque chose dâaussi public que les spectacles en direct?
SKY : Nous le voulions tous les deux. Nous voulons tous les deux vivre de cela, et nous savions que câĂ©tait comme ça que nous devions y parvenir, en rendant notre musique publique. Nous avons pensĂ© dĂšs le dĂ©but Ă la façon dont nous allions le sortir. DĂšs que nous avons fait la premiĂšre chanson, nous avons pensĂ© Ă des choses comme les images Ă utiliser avec. Cela fait partie de ce que nous faisons depuis le dĂ©but.
ELLERYÂ : Jouer nâest pas la chose la plus difficile pour nous.
SKY : Câest aussi trĂšs agrĂ©able de sortir. On a lâimpression que lorsque vous passez autant de temps Ă lâintĂ©rieur, sortir est une partie vraiment nĂ©cessaire du processus.
Avez-vous lâimpression que tout cela a dĂ©collĂ© assez rapidement?
ELLERY : Nous espĂ©rions quâil attirerait lâattention. Nous pensions que la musique Ă©tait bonne. Nous avions une confiance dans la façon dont nous avons sorti les deux premiers singles avec une vidĂ©o. « Regardez, nous y sommes. » Cela nous a poussĂ©s. Si vous dĂ©gagez ce front confiant, vous y arriverez. Nous avons aussi de la chance.
SKY : Nous ne sommes pas aussi gros que dâautres qui explosent. Nous venons de faire quelques interviews dans des magazines. Nous pourrions nous en occuper.
ELLERYÂ : Malheureusement, nous nâavons pas eu de succĂšs viral sur TikTok.
Lorsque vous vous ĂȘtes rencontrĂ©s pour la premiĂšre fois, Ă©tait-ce uniquement la musique qui vous a rapprochĂ©s ?
SKY : Nous avions tous les deux le mĂȘme sens de lâhumour.
ELLERY : Au dĂ©part, ce nâĂ©tait que de la musique. Nous ne nous connaissions pas avant. Nous avons travaillĂ© ensemble et une amitiĂ© sâest ensuivie.
SKY : Nous aimons aussi les films similaires. Jâaime Tarkovsky et Georgia aime Bergman.
ELLERY : Et nous aimons tous les deux les livres, la mode, des trucs comme ça.
SKY : Et prendre soin de nous. Aucun de nous ne fait la fĂȘte. Nous avons tous les deux des besoins similaires.
Avez-vous tendance Ă faire votre musique sĂ©parĂ©ment ou dans la mĂȘme piĂšce ?
ELLERY : Parfois, nous sommes dans la mĂȘme piĂšce. Cet album, nous lâavions fait un peu lĂ oĂč nous avions commencĂ© ensemble. Habituellement, jâĂ©cris une chanson sĂ©parĂ©ment par moi-mĂȘme, puis Taylor fera la production initiale par lui-mĂȘme, câest un peu comme ça que nous prĂ©fĂ©rons travailler.
Vous avez dit que votre sens de lâhumour vous rĂ©unissait, est-ce aussi une influence importante sur la musique ?
ELLERYÂ : Absolument.
SKYÂ : Cela le rend Ă©galement amusant.
ELLERY : Certaines des meilleures décisions que nous ayons prises sont venues de riffs stupides, je pense.
SKYÂ : Nous partageons un sens de lâhumour idiot, parfois assez noir. Les drĂŽles de voix nous attrapent.
ELLERYÂ : Ouais, drĂŽles de voix ! Nous avons cela tout au long. Nous le faisons dans notre musique, que ce soit de nous ou de ce type qui sâappelle Melch. Nous avons une bibliothĂšque de ses sketches que nous utilisons maintenant.
Melch ? !
ELLERY : Nous sommes allĂ©s Ă Guildhall avec lui. Câest un batteur et un danseur et une personne incroyable Ă tous points de vue. Il Ă©tait un interprĂšte dans notre premiĂšre itĂ©ration du groupe live quand nous Ă©tions cinq musiciens. Câest aussi un rappeur.
Est-ce le mec qui parle de pantalons en crochet sur la chanson titre ?
ELLERY : Câest Melch ! Il est Ă©galement sur la chanson « 50/50 ». Câest lui qui dit: « Sâil vous plaĂźt, pouvons-nous avoir quelquâun lĂ -dessus? »
Il y a des moments sur cet album oĂč vous passez dâune production vraiment succulente Ă ces parties dĂ©pouillĂ©es qui ressemblent Ă des enregistrements de chambre, comme sur « Concrete Over Water ». Vous arrive-t-il de soulever du matĂ©riel directement des dĂ©mos ?
SKY : Ce moment dans « Concrete Over Water » est en fait la seule fois oĂč nous Ă©tions dans un studio chic.
ELLERY : CâĂ©tait une chose dans la salle, câĂ©tait juste une premiĂšre prise que nous avons faite de cette petite section.
SKY : Il y a certainement des morceaux de différents moments de création sur ces chansons.
ELLERY : Les voix de « Angst » ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es sur un ordinateur portable pendant que nous Ă©tions en tournĂ©e. Les voix de « Whatâs It All About » ont Ă©galement Ă©tĂ© extraites de la toute premiĂšre dĂ©mo, et de mĂȘme pour « Lancaster Court ». Certaines parties de « Debra » sont comme ça aussi. Quand nous faisons le chant, je fais une chose et Taylor dit « Câest ça ». Et je me dis : « Non ! Nous pouvons lâĂ©tirer et le rendre plus. Mais nous allons toujours avec la premiĂšre chose. Surtout quand câest improvisĂ©.
SKY : Nous faisions plus de trucs improvisĂ©s il y a quelques annĂ©es, mais câest devenu vraiment difficile pour Georgia de le chanter en direct parce que nous ne pouvions pas revenir dans cet espace de tĂȘte bizarre.
ELLERY : Lorsque vous le chantez et que vous nâĂȘtes pas sĂ»r de ce qui va suivre, vous ĂȘtes peut-ĂȘtre lĂ©gĂšrement en retard sur le rythme et il y a une incertitude dans les mots que vous dites.
Donc, quand vous faites de la musique, nây a-t-il pas beaucoup de friction entre la pensĂ©e ou lâidĂ©e initiale et la chanson elle-mĂȘme ?
ELLERY : Parfois, cela peut ĂȘtre trĂšs rapide. Pour « Concrete Over Water », lâinspiration initiale Ă©tait dans lâaprĂšs-midi, puis jâai Ă©crit les paroles dans la soirĂ©e, puis je lâai envoyĂ©e Ă Taylor et moins dâune semaine plus tard, il est revenu avec le texte entiĂšrement produit. Nous nâavions pas vraiment Ă faire grand-chose Ă part enregistrer les cordes. Dâautres fois, cela peut prendre un certain temps, trouver des accords, vĂ©rifier si ça va au bon endroit. Jâaime passer beaucoup de temps Ă travailler sur des choses si je nâai pas tout Ă fait trouvĂ© la bonne racine. Nous pouvons Ă©galement faire des allers-retours pendant des lustres.
Qui est Jennifer B ?
SKY : Oh mon Dieu. Câest assez difficile dâen parler. Cela signifie beaucoup de choses. Ăcole. CâĂ©tait quand câĂ©tait. Câest ça. Je pense que notre reprĂ©sentation combinĂ©e de quelquâun de lâĂ©cole pĂšse sur ces chansons. Câest juste un titre dâalbum aussi, nâest-ce pas.
Avez-vous tendance Ă Ă©couter dâautres musiques lorsque vous crĂ©ez la vĂŽtre ?
SKY : Oui, chaque chanson vient avec son propre ensemble dâinfluences.
ELLERY : Par exemple, avec « Greatest Hits », lâinfluence Ă©vidente est Madonna. Sa chanson « Borderline » a une trĂšs bonne progression, oĂč vous ĂȘtes dans le refrain mais vous ne rĂ©alisez pas que vous ĂȘtes dans le refrain parce quâil commence par le mĂȘme accord final du prĂ©-refrain. Cela crĂ©e ce sentiment vraiment dĂ©sĂ©quilibrĂ©.
SKY : Et cela a Ă©tĂ© associĂ© Ă la musique de Weeknd et Oneohtrix Point Never, oĂč câest assez Coureur de lame-y. CâĂ©taient les deux grandes choses pour cette chanson.
ELLERY : La production lĂ -bas, il se passe tellement de choses. Taylor a travaillĂ© trĂšs mĂ©ticuleusement sur les sons numĂ©riques de la bande. La chanson parle de la radio et dâune station de radio appelĂ©e Greatest Hits. Taylor voulait extraire la chanson de la radio.
SKY : Donc, en gros, nous avons envoyĂ© la chanson Ă [BBC] Radio 6 et puis ils lâont jouĂ© trĂšs tard dans la nuit avec un nom qui nâĂ©tait pas Jockstrap. Je lâai dĂ©chirĂ©, puis nous lâavons mis contre le maĂźtre rĂ©el et avons choisi les morceaux que nous voulions de chaque version, puis il a Ă©tĂ© maĂźtrisĂ© Ă nouveau. Donc ça a traversĂ© beaucoup de choses. Il y a aussi des morceaux qui ont Ă©tĂ©âŠ
SOURCE : Reviews News
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