Jella Haase dans « Kleo »: Elle sait tuer, mais pas le salut des pionniers de la RDA

Jella Haase dans "Kleo": Elle sait tuer, mais pas le salut des pionniers de la RDA - Berliner Zeitung

😍 REVIEWS News – Paris/France.

Si la Stasi Ă©tait utile pour une chose, alors comme source de complots : la RDA, pays des conflits archaĂŻques, de la tragĂ©die et du slapstick. La trahison a Ă©tĂ© institutionnalisĂ©e. Des collaborateurs non officiels se sont dotĂ©s de lĂ©gendes et ont trafiquĂ© les biographies de leurs cibles. Et les citoyens, plus ou moins au nom de la paix, s’en sont tenus Ă  une idĂ©ologie devenue depuis longtemps une fiction. Lorsque cet Ă©difice de mensonges, dans lequel on pouvait bien s’arranger et mener une vie Ă©panouie, s’est alors effondrĂ©, toutes les biographies ont connu un tournant brillant au cours duquel les valeurs et les certitudes ont Ă©tĂ© bouleversĂ©es. Des histoires de tous les genres peuvent ĂȘtre racontĂ©es le long de cette chute, pourquoi pas aussi un thriller brutal, Ă  l’humour noir et dĂ©mesurĂ© sur un agent de la Stasi avec un permis de tuer, qui aprĂšs ledit tournant devient une figure d’identification angĂ©lique vengeresse ? La nouvelle sĂ©rie Netflix « Kleo » essaie de le faire.

Jella Haase joue le rĂŽle-titre avec le regard droit, bĂ©at et tournĂ© vers l’avenir d’une femme FDJ. Elle est Ă©levĂ©e par son grand-pĂšre, un gĂ©nĂ©ral de la Stasis (JĂŒrgen Heinrich), et formĂ©e comme agent d’élite. En tant qu’éclaireuse pour la paix, elle mĂšne une vie privĂ©e un peu occupĂ©e, regarde « Pittiplatsch » Ă  la tĂ©lĂ©vision Ă  tube, ironiquement (et Ă  tort dans la position de la main, comme il faut le noter ici) exĂ©cute le salut du pionnier et rĂȘve de bonheur familial avec son officier de commandement Andi (Vladimir Burlakov), qui, contrairement Ă  tous les rĂšglements, l’a mise enceinte.

C’est captivant de voir comment elle maintient ce look : aller travailler avec, Ă  travers un tunnel Ă  l’ouest, oĂč elle se prĂ©sente au Big Eden habillĂ©e et avec un rasoir dans une jarretiĂšre, abandonne un agent ennemi, lui ordonne d’aller aux toilettes, administre du poison et des yeux calmes pendant sa lutte atroce contre la mort, qui fait couler le sang dans son nez, ses oreilles et ses conduits lacrymaux. Est-ce qu’elle sourit mĂȘme? Ou lui donne-t-elle une derniĂšre consolation pour le voyage ?

Sa chute est profonde et incomprĂ©hensible pour la combattante exemplaire : elle est accusĂ©e d’espionnage par les siens, ressent de premiĂšre main l’injustice du systĂšme, erre, dĂ©sormais niĂ©e et trahie, en prison et y perd son bĂ©bĂ©.

MĂȘme si elle doit accepter l’effondrement de ses idĂ©aux ainsi que de profondes dĂ©ceptions personnelles au cours de l’histoire, mĂȘme si elle doit endurer des douleurs physiques vraiment affreuses et mener des batailles de vie ou de mort scandaleuses, de petits changements dans son apparence de poupĂ©e regard, qu’elle voit comme diffĂ©rentes perruques bien assises et les envoie Ă  travers des montures de lunettes sĂ©lectionnĂ©es. Elle pousse des cris de vengeance, des gĂ©missements, des gĂ©missements et parfois aussi des grognements de plaisir, chante la chanson du petit trompettiste dans sa dĂ©tresse Ă©motionnelle, mais encore et encore elle braque ses lampes oculaires et sa brillante inĂ©branlabilitĂ© dans le monde : prend les Ă©vĂ©nements et consĂ©quences dans son viseur et les guide dans leurs actions aux consĂ©quences brutales. Les yeux Ă©carquillĂ©s jusqu’aux sourcils, elle va pas Ă  pas dans sa campagne de vengeance et, avec l’esprit novateur et la diligence des bons jeunes pionniers du cercle des jeunes ingĂ©nieurs, utilise une grande variĂ©tĂ© de mĂ©thodes pour tuer ses adversaires sous-estimĂ©s : avec des armes Ă  feu et des poisons de toutes sortes imaginables et disponibles, des lance-flammes automatiques, des explosifs d’une puissance impressionnante ou relativement peu raffinĂ©s avec une patĂšre. Et si elle pleure, alors que Dieu nous aide.

Netflix / Julia Terjung

Sven (Dimitrij Schaad) poursuit Kleo mais arrive trop tard en tant que sauveteur.

Le trio d’auteurs « HaRiBo » (Hanno Hackfort, Richard Kropf et Bob Konrad), connu de la sĂ©rie Ă  succĂšs « 4 Blocks » s’est dĂ©foulĂ© et fait avancer l’histoire d’une maniĂšre carrĂ©ment insultante pour les tĂ©lĂ©spectateurs, avec des photos de passeport et des cartes de visite laissĂ©es accidentellement, des numĂ©ros de tĂ©lĂ©phone ignorĂ©s pendant des annĂ©es ou, beurk !, des feuilles de papier glissant hors des dossiers . Ces messages, jetĂ©s maladroitement sur le chemin par le hasard, maintiennent l’adversaire de Kleo, le crĂ©dule et vain policier occidental Sven Petzoldt (Dimitrij Schaad), sur leur piste comme dans une chasse au trĂ©sor. Jolie, la façon dont il fait mĂȘme un clin d’Ɠil Ă  la camĂ©ra une fois lorsqu’il trouve ce qu’il cherche lorsqu’il attrape l’étagĂšre pour la premiĂšre fois lors d’une perquisition : « C’était facile. » Aussi que tout le monde se croise toujours accidentellement pour des raisons d’efficacitĂ© narrative, c’est en fait assez marrant. Pourquoi devriez-vous rompre avec des justifications crĂ©dibles et une exactitude historique alors que vous pouvez simplement affirmer des choses et les dĂ©couper directement en scĂšnes dĂ©licieuses sans aucun effort d’explication ? Nous ne sommes pas dans les archives de la Stasi ici, mais chez Netflix.

Malheureusement, on remarque l’effort d’impertinence et la bravoure dans l’atteinte volontaire Ă  toutes les exigences de dramaturgie et de crĂ©dibilitĂ©. Les acteurs aussi, qui devraient dĂ©finitivement oser quelque chose dans la direction de Viviane Andereggen et Jano Ben Chaabane. Les regards, les gestes et les dictons semblent souvent copiĂ©s et faits, le timing n’est pas toujours le bon et l’humour toujours unique ne fait pas vraiment confiance Ă  ses propres lignes de frappe. On se sent emportĂ© par les longs regards de camĂ©ra sur les visages interrogateurs et aussi un peu gĂȘnĂ©s des personnages, qui eux-mĂȘmes n’arrivent pas Ă  croire ce qui leur arrive. La sophistication optique avec des perspectives Ă©tranges et des Ă©quipements extravagants ne compense pas toujours cela.

Julia Terjung

L’agent en route vers la zone opĂ©rationnelle

Les seconds rĂŽles fonctionnent bien, chacun Ă©tant suffisamment dotĂ© d’une dimension de personnage bien jouĂ©e : Robert Gallinowski en sergent ignorant de type wilhelminien, Taner SahintĂŒrk en copain de cantine zĂ©zainant, Kathrin Angerer en tourne-nuque fainĂ©ant et surtout Vincent Redetzki en un officier de la Stasi Uwe Wittig, dont la colĂšre non spĂ©cifique et manifestement sexuelle contre l’ennemi de classe est Ă  peine contenue avec du sirop contre la toux contenant de la codĂ©ine.

« Kleo » ne frappe ni le dos ni le devant, mais c’est autorisĂ©. Et avec la pensĂ©e de Quentin Tarantino ou des AmĂ©ricains, cela pourrait aussi devenir un peu gĂȘnant ici et lĂ . Mais oubliez-le, car c’est ce que l’on souhaiterait aux professionnels du cinĂ©ma et de la tĂ©lĂ©vision allemands : une pĂ©nĂ©tration esthĂ©tique intrĂ©pide, une narration dĂ©bridĂ©e et aucune obĂ©issance anticipĂ©e aux limites du goĂ»t, aux exigences pĂ©dagogiques et au manque d’humour du public local.

« ClĂ©o », sĂ©rie, huit Ă©pisodes, mise en ligne dĂšs le 19 aoĂ»t, 9h, sur Netflix. Avec : Jella Haase, Dimitrij Schaad, Vladimir Burlakov, Thandi Sebe, Marta Sroka, Julius Feldmeier, JĂŒrgen Heinrich, Yun Huang, Vincent Redetzki, etc. Livre : « HaRiBo » (Hanno Hackfort, Richard Kropf, Bob Konrad) et auteur Elena Senft , rĂ©alisation : Viviane Andereggen et Jano Ben Chaabane

SOURCE : Reviews News

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