đ¶ 2022-04-08 23:07:00 â Paris/France.
Si « Fear of the Dawn », le nouvel album solo de Jack White, Ă©tait plus banane quâil ne lâest, il devrait changer sa palette de couleurs actuelle, du bleu au jaune. Et ce nâest pas de fruitĂ© Ă portĂ©e de main dont nous parlons ici. Le disque est fait sur mesure pour les headbangers et les cerveaux, les deux â oscillant bruyamment entre ce quâon appelait autrefois la «musique lourde» Ă lâĂ©poque du prĂ©-mĂ©tal et le genre de changements de vitesse et de surprises instantanĂ©s qui ont gĂ©nĂ©ralement Ă©tĂ© le province du prog-rock capiteux. Vous pouvez lâimaginer accrocher une pancarte « GĂ©nie fou au travail » sur la porte du studio, mais câest au moins aussi primitif quâexpĂ©rimental.
En bref, câest peut-ĂȘtre lâalbum le plus amusant que Jack White ait fait ou fera jamais. Câest une dĂ©claration qui devrait ĂȘtre rapidement modifiĂ©e avec lâavertissement quâelle ne sera pas tout le monde idĂ©e dâun bon moment â pas avec des chansons fĂ©roces et de rage libre qui rebondissent toutes les quelques mesures dâun riff brĂ»lant Ă un autre encore plus incendiaire, comme lâenfant amoureux affligĂ© par le TDAH de Metallica et un groupe de jazz fusion. (« Les reines de lâĂąge de pierre rencontrent Oui dans le garage » est Ă©galement venu Ă lâesprit comme une comparaison dâintroduction.) Mais si vous vous laissez aller avec la marque de White de conduite dĂ©sordonnĂ©e avec dĂ©ficit dâattention, quelle explosion de dingue « Fear of the Dawn » est⊠assez excitant pour presque Ă lui seul compenser Ă quel point la plupart du reste du rock ânâ roll est peu excitant en ce moment.
La vraie crainte que certains fans de White par beau temps pourraient avoir, aprĂšs avoir entendu que le nouvel album partage certaines caractĂ©ristiques de son dernier effort solo, « Boarding House Reach » de 2018, est quâil sâagira dâune extension complĂšte de certains des plus fous, Moments Zappa / Beefheart-ian sur cet effort. Laissant de cĂŽtĂ© pour lâinstant un argument selon lequel « Boarding House » Ă©tait en fait assez sous-estimĂ©, « Fear of the Dawn » devrait surmonter la plupart de ces soupçons, simplement Ă cause de la duretĂ©, de la vivacitĂ© et de la base de riffs de guitare, ce qui est ce que plus de gens voudront sortir dâun album de Jack White. Le fait quâil semble serrer trois chansons en une, pendant la majeure partie de lâalbum ? Il en perd peut-ĂȘtre quelques-uns, parmi le contingent qui veut juste entendre un seul riff facilement adaptable en tant que musique de joueur de balle dans les stades de baseball. Mais si vous ĂȘtes plutĂŽt un polymathe musical, ou peut-ĂȘtre juste un petit coucou pour Cocoa Puffs, cela pourrait bien ĂȘtre lâalbum de guitare-rock que vous attendiez depuis quelques annĂ©es.
Jâavoue avoir un peu hĂ©sitĂ© sur lâalbum lors des premiĂšres Ă©coutes. Ma premiĂšre rĂ©ponse a Ă©tĂ© de monter le ton, littĂ©ralement LOL devant lâaudace de certains des virages et des wheelings sauvages dâun moment Ă lâautre, et de faire un Mike Myers complet sur le siĂšge du conducteur, bien quâen passant dâavant en arriĂšre et des coups de haut en bas, compte tenu des changements dâhumeur et dâĂ©lan de la musique. Au seconde Ă©coutez, jâai trouvĂ© lâalbum Ă©puisant : pourquoi ne peut-il pas choisir une voie ? Pourquoi y a-t-il un son de guitare diffĂ©rent toutes les 20 secondes ? Est-ce que câest un disque dâeffets sonores ? Et puis, dĂšs la troisiĂšme Ă©coute, jâai Ă©tĂ© convaincu que jâavais raison la premiĂšre fois, et câest vraiment est une explosion sur-cafĂ©inĂ©e, de bout en bout. Peut-ĂȘtre ne le mettez-vous pas juste en quittant le spa.
Ăliminons dâabord les deux pistes les plus Ă©tranges, pour tous ceux qui recherchent encore une thĂ©rapie pour leur phobie de la « pension de famille ». Les deux impliquent des Ă©chantillons du champ gauche : Cab Calloway dans (Ă©videmment) « Hi-Di-Ho », le Manhattan Transfer (!) et William S. Burroughs (!!) dans « Into the Twilight ». Pas par hasard, peut-ĂȘtre, ce sont les deux morceaux qui se rĂ©vĂšlent quasi-funky, voire dansants, car White laisse beaucoup de place aux lignes de basse autour des Ă©chantillons. Q-Tip de A Tribe Called Quest est la seule star invitĂ©e non Ă©chantillonnĂ©e, riffant sur Calloway avec une certaine bĂȘtise dans le sens de « Vous ne prenez pas de jive / En parlant de Jive, je pense que jâĂ©tais sur ce label. » « Into the Twilight » combine non pas une mais deux chansons de M-Transfer populaires auprĂšs des sourcils moyens â le tube de danse « Twilight Zone / Twilight Tone » et le « vocalese » scatty de « Night in Tunisia » â avec quelques commentaires de mots parlĂ©s de lâun des avant-gardistes les plus vĂ©nĂ©rĂ©s du siĂšcle dernier, Burroughs. Si lâalbum entier Ă©tait un hommage extrĂȘme Ă la philosophie de dĂ©coupage de Burroughs, câest peut-ĂȘtre un peu trop â mais nâavoir que deux chansons qui vont ce gonzo avec lâĂ©chantillonnage est juste la bonne quantitĂ© dâassaisonnement.
Ailleurs, câest juste Jack Ă©tant Jack, Ă son plus fort et le plus bruyant, sauf pour les passages oĂč tout tombe sauf une ligne de basse Ă©paisse, un ressac de batterie jazzy ou une explosion de guitare qui souffle, ou quand le temps unique se transforme en temps double ou vice versa. La plupart des chansons sâempilent riff sur riff, comme si ce qui Ă©tait vraiment nĂ©cessaire pour rĂ©soudre le dĂ©ficit actuel de rock de qualitĂ© Ă©tait, vous savez, une armĂ©e de 14 ou 21 nations.
Les variations sont amusantes Ă suivre et Ă essayer de schĂ©matiser : « Eosophobia » (littĂ©ralement le terme grec dĂ©signant le titre de lâalbum) commence par ce qui pourrait ĂȘtre dĂ©crit comme une variation sur le dub reggae, avant, avec lâun des cris dĂ©formĂ©s de White, ça va dans une sorte de riffage Ă la Who. Puis le morceau sâĂ©claircit un peu avec un piano Ă©lectrique Wurlitzer rĂ©confortant, puis se penche sur Daru Jones prenant funky sa syncope sur les bords de sa batterie. (Câest lâune des rares pistes oĂč White utilise son groupe de route au lieu de tout jouer lui-mĂȘme.) Câest une montagne russe, mais oĂč le facteur peur est laissĂ© strictement au titre.
Si vous voulez quelque chose qui rappelle carrĂ©ment les White Stripes, la chose la plus proche est le presque simple « Morning, Noon and Night », qui a la familiaritĂ© presque comptine de certains des classiques de ce duo. Mais mĂȘme alors, les dĂ©tours abondent ; imaginez Keith Emerson, dâELP, jouant soudainement de lâorgue sur un morceau de Stripes, alors quâil passe Ă sonner comme une sortie dâArgent des annĂ©es 1970, et se transforme un peu en un boogie Foghat basique. Vous obtenez mĂȘme un faux fondu « Helter Skelter » qui est destinĂ© Ă revenir en arriĂšre, juste parce que.
Blanc a-t-il quelque chose Ă dire ici ? Au-delĂ du scĂ©nario de divorce incertain jouĂ© de maniĂšre amusante sur le morceau dâouverture, « Taking Me Back », puis jamais revisitĂ©, il nây a pas beaucoup de rĂ©cits cohĂ©rents dans ces chansons, ce qui est trĂšs bien, Ă©tant donnĂ© que la musique elle-mĂȘme nâest pas aller pour ça. Il existe de nombreuses dĂ©clarations dĂ©claratives qui peuvent ou non signifier quelque chose en elles-mĂȘmes. « Vous pensez que le soleil ne rĂ©pond Ă personne / Mais vous vous trompez ! » hurle-t-il, comme le gars dans « Canât Get Next to You » des Temptations qui peut contrĂŽler presque tous les Ă©lĂ©ments. Sâil y a un thĂšme rĂ©current dans lâalbum, comme le suggĂšre son titre, câest que la lumiĂšre du jour craint. La nuit est le bon moment, semble-t-il, non seulement pour lâamour, mais pour la folie pure et dĂ©bridĂ©e qui caractĂ©rise cet album.
Plus tĂŽt, il a Ă©tĂ© notĂ© que cela pourrait ĂȘtre la collection la plus amusante de White Ă ce jour. Câest aussi certainement son moins bien Ă©quilibrĂ©; bien quâil y ait dâĂ©normes variations dans chaque chanson, collectivement, elles sont presque toutes dâune piĂšce hyperbolique. Mais ce nâest pas comme sâil avait renoncĂ© Ă Ă©crire dâautres types de matĂ©riel. La derniĂšre chanson de « Fear of the Dark » est peut-ĂȘtre la plus vraie aberration : « Shedding My Velvet » ralentit suffisamment pour ĂȘtre quelque chose que le reste de lâalbum nâest pas : Ă©motionnel. Si cela vous rappelle soudainement quâil manque de gros morceaux de ce quâest White dans cette folie folle, eh bien, il a dĂ©jĂ promis un album sĂ©parĂ© Ă venir cet automne, « Entering Heaven Alive », prĂ©vu en juillet, qui sera reprĂ©sentent son cĂŽtĂ© le plus doux.
Mais je lui suis reconnaissant dâavoir maintenu une ambiance sur tout un album et dâavoir conservĂ© dâautres styles pour dâautres projets, plutĂŽt que de penser quâun seul LP doit utiliser tous les outils de sa boĂźte. « Fear of the Dawn » bĂ©nĂ©ficie dâĂȘtre si rĂ©solument dĂ©vouĂ© Ă capturer un flux de conscience qui se dĂ©place aussi vite que le fleuve Colorado, et gĂ©nĂ©rerait Ă peu prĂšs autant dâĂ©lectricitĂ©, endiguĂ©. Lorsquâil ne fait pas de trucs acoustiques, la voix de White sonne presque toujours comme sâil Ă©tait au bord de lâhystĂ©rie, ce qui explique en partie pourquoi il est si puissant dans le rock moderne, mis Ă part lâhĂ©roĂŻsme de la guitare. Maintenant, il a enfin fait un album tout aussi hystĂ©rique que ce hurlement de marque.
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SOURCE : Reviews News
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