đ 2022-11-05 19:30:40 â Paris/France.
Pour beaucoup, la « grande gueule » est terminĂ©e par la conception des personnages : des enfants soi-disant moches et Ă grosse tĂȘte qui parlent de sexe de maniĂšre trĂšs explicite Ce nâest pas un plat de bon goĂ»t pour tout le monde. Mais ceux qui sont restĂ©s ont pu dĂ©couvrir que la sĂ©rie nâĂ©tait pas ce quâelle paraissait et narrait lâĂ©veil Ă la sexualitĂ© dâun groupe de garçons et de filles sans chichis, Ă©duquer mais sans nĂ©gliger le plaisir.Pour ceux dâentre nous qui ont grandi habituĂ©s aux vidĂ©os Ă©ducatives de « Quâest-ce qui mâarrive? » et bagatelles similaires, âBig mouthâ a Ă©tĂ© une rĂ©vĂ©lation. Mais six saisons se sont Ă©coulĂ©es, et la sĂ©rie a Ă©volué⊠Et il nâest pas certain que ce soit pour le mieux.
Jâai traversĂ© des changements
Dans ses premiĂšres saisons, « Big mouth » traitait de la vie de jeunes de treize ans et de leurs monstres hormonaux parler de la masturbation, de la honte, de lâintimitĂ© ou expliquer lâĂ©ventail des diffĂ©rentes sexualitĂ©smais dans la saison 6, câest devenu tout autre chose, ce qui revient au mĂȘme Ă propos de la tricherie du pĂ©nis ou des conditions vaginales comme les relations toxiques, les familles brisĂ©es ou la peur dâĂȘtre remplacĂ©.
Cela nâa pas Ă©tĂ© un changement soudain, mais dans cette sixiĂšme saison, câest quand il a Ă©tĂ© le plus questionnĂ© âLa grande gueuleâ nâa plus grand-chose Ă dire sauf quâils sautent dans le temps. Dans cette saison, au-delĂ du fabuleux Ă©pisode des gĂȘnes liĂ©es au vagin (dans la rue, le meilleur de cette fournĂ©e dâĂ©pisodes), il est question de la pointe des pieds sur lâasexualitĂ©, lâĂ©preuve de puretĂ© ou encore lâimportance de la religion dans la chastetĂ© des adolescentes amĂ©ricaines, mais plus tangentiellement : la sĂ©rie sur la dĂ©couverte de la sexualitĂ© Ă la fin, il a dĂ©cidĂ© que ce qui lâintĂ©ressait le plus, câĂ©tait lâamour et la famille.
Bien sĂ»r, le sexe fait partie de lâĂ©pine dorsale de la sĂ©rie, mais Ă ce stade plus comme un contexte et un arriĂšre-plan que comme un thĂšme central de celui-ci. Cinq ans aprĂšs sa premiĂšre, la sĂ©rie est dĂ©finitivement devenue Ă©motionnelle, avec des rĂ©sultats mitigĂ©s. La relation entre Matthew et Jay, et comment le second change petit Ă petit en niant sa rĂ©alitĂ© pour impressionner son partenaire, est le mieux gĂ©rĂ© et rĂ©solu dans une mer de dĂ©cisions crĂ©atives douteuses: transformant le pĂšre de Nicky en un oncle violent, la relation toxique Ă distance dâAndrew ou la recherche dâidentitĂ© de Lola auraient pu ĂȘtre rĂ©solues bien mieux si la sĂ©rie sâĂ©tait plutĂŽt concentrĂ©e Ă vivre cette transition entre ce quâelle Ă©tait et ce quâelle veut ĂȘtre.
Plus de monstres, moins dâhormones
Bien que nous nâayons pas beaucoup avancĂ© en termes dâintrigue (Ă part quelques changements, tout finit plus ou moins comme ça a commencĂ©), lâĂ©quipe de « Grande gueule », en laissant plus ou moins le sexe de cĂŽtĂ©, a la possibilitĂ© de faire grandir les personnages et de ne pas oublier, comme ils le font habituellement, de ce qui sâest passĂ© dans les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Bien quâil se vante de sa propre conscience â y compris la parodie des Ă©pisodes de compilation â la vĂ©ritĂ© est que la sĂ©rie oublie souvent la personnalitĂ© actuelle de ses protagonistes ou ce quâils ont dĂ©jĂ vĂ©cu.
Cette saison frappe lĂ oĂč elle a Ă©chouĂ© avant et Ă©choue lĂ oĂč elle a frappĂ© avant toujours : par exemple, dans les caractĂšres Ă©pisodiques. Le chat de la dĂ©pression, le moustique de lâanxiĂ©tĂ© ou les poils pubiens de Lola Ă©taient dâexcellents ajouts les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, mais il semble quâaprĂšs « Ressources humaines », les scĂ©naristes soient Ă court dâidĂ©es : nous avons ici une broche Apple jouĂ©e par Jeff Goldblum (il fonctionne, lâintrigue ne fonctionne pas) ou les organes gĂ©nitaux en colĂšre de Jessi, mais ils manquent de charisme. Au final, tous les nouveaux personnages quelque peu importants sont issus du spin-off.
La distribution vocale de âBig mouthâ est trĂšs, trĂšs large : elle compte plus de cinquante personnages que vous pouvez prĂ©senter Ă tout moment, et concentrer tellement lâintrigue sur un personnage aussi ennuyeux quâElijah, qui ne plaisante pas et ne comprend pas pourquoi Missy est obsĂ©dĂ©e par lui au point de promettre la puretĂ© ou dâaccepter de ne pas aller au-delĂ de se tenir la main. Bernie est plus drĂŽle (en partie parce quâelle est jouĂ©e par la toujours fabuleuse Kristen Schaal), mais sa sĂ©paration est dĂ©cevante et douloureuse. A propos de Montel, le fils de Connie et Maury, mieux vaut ne pas en parler. âBig mouthâ est toujours une bonne sĂ©rie, mais elle sait mieux faire.
Une fois de plus, avec sentiment
Je suis fan des Ă©pisodes musicaux. Que ce soit âScrubsâ, âBuffy the Vampire Slayerâ ou âPhineas and Ferbâ, avec quelques chansons tu mâas dĂ©jĂ Ă bord. Et pourtant, âBig mouthâ, qui cette saison a de vrais hymnes, dĂ©cide de faire lâĂ©pisode musical le moins charismatique et drĂŽle possiblemettant en vedette une Lola qui mange chaque minute dans laquelle elle apparaĂźt et a demandĂ© un Ă©pisode complet⊠dans lequel ce nâĂ©tait pas juste une blague ambulante.
Ce nâest pas que cette saison soit mauvaise, et câest quand mĂȘme âGrande gueuleâ avec toutes ses consĂ©quences, mais Cela montre que lâĂ©quipe a mis beaucoup plus dâamour dans les « ressources humaines », une sĂ©rie qui, en plus des blagues sales, avait un cĆur, nous a permis dâexplorer de nombreux autres aspects de lâĂȘtre humain et a montrĂ© un nouveau monde plein de possibilitĂ©s. Pour la premiĂšre fois, la sĂ©rie Netflix se sent coincĂ©e, tournant continuellement sur elle-mĂȘme et recherchant Ă nouveau sa propre personnalitĂ©. Et câest dommage.
Je suis parfaitement conscient quâil sâagit dâune analyse sĂ©rieuse dâune sĂ©rie qui consacre un Ă©pisode entier Ă parler de un garçon de treize ans a accidentellement mis un piĂšge Ă pĂ©nis ou dans lequel un monstre hormonal accouche du cul Ă une vitesse supersonique, mais Ă la fin câest âGrande gueuleâ lui-mĂȘme qui veut Ă©voluer, traitent de problĂšmes plus personnels, valorisent la famille et transforment leurs personnages en quelque chose de plus que des stĂ©rĂ©otypes. Le problĂšme est quâaprĂšs si longtemps, il a oubliĂ© comment les aimer.
SOURCE : Reviews News
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