đż 2022-08-12 16:31:43 â Paris/France.
1969 : Woodstock change lâhistoire de la musique et des Ătats-Unis. Un demi-million de personnes paient 18 $ pour trois jours oĂč ils se rĂ©unissent pour cĂ©lĂ©brer la paix, lâamour, la drogue et le rock. 1999 : Woodstock devient un dĂ©sastre absolu. 250 000 personnes paient 150 $ pour trois jours oĂč elles se rĂ©unissent pour cĂ©lĂ©brer la drogue et le rock, laissant de cĂŽtĂ© la paix, lâamour et les bonnes intentions, les remplaçant par des crimes pleins de rage. Nous connaissons tous lâhistoire de Woodstock et son importance capitale dans la contre-culture amĂ©ricaine, mais pourquoi se leurrer : une bonne histoire de destruction et de vengeance est infiniment plus intĂ©ressante.
Oh, quelle nostalgie, les années 90
Les documentaires du festival de musique qui sont morts-nĂ©s et qui ont encore empirĂ© ils commencent Ă ĂȘtre un genre en soi (et que, en plus, Netflix et HBO se copient). Sâil y a trois ans, nous avions lâincroyable histoire du Fyre Festival, cette annĂ©e nous avons Woodstock 1999, que HBO a racontĂ© lâannĂ©e derniĂšre sous la forme dâun film et, je lâavoue, je nâai pas vu, donc je ne peux pas comparer. Trois jours de rock et de drogue oĂč il nây avait quâune chose vraiment importante pour les organisateurs : lâargent.
Lâhistoire est incroyable et les images des feux de joie qui avancent dĂ©jĂ dĂšs la premiĂšre minute sont emblĂ©matiques, mais les docuseries Netflix, dans leur empressement Ă raconter comment la catastrophe sâest forgĂ©e, tombe dans une durĂ©e excessive et crĂ©e constamment de fausses attentes, des moments qui semblent marquer un avant et un aprĂšs mais qui portent sur un dĂ©sagrĂ©ment mineur (« Avec Korn la folie a Ă©claté⊠Mais ensuite Bush est venu et ils se sont calmĂ©s »). Et quand le vrai dĂ©sastre arrive, tout semble prĂ©cipitĂ©. Bien que les images dâarchives soient trĂšs bonnes et choisies avec soin (attention Ă ces dĂ©tails du pay per view de MTV), le documentaire nâest pas racontĂ© aussi bien quâil le pourrait : il prĂ©pare trop une fin qui, mĂȘme si câest une bĂȘte, nâest pas si en haut
Non pas que âTotal Fiasco: Woodstock 1999â soit mauvais (pas du tout), mais dans son propre format est son plus grand pĂ©chĂ©: lorsquâon raconte ce qui sâest passĂ© au jour le jour, on accorde beaucoup dâimportance Ă lâanecdote au lieu de remettre tous les morceaux en contexte avant quâils ne tombent sous leur propre poids : uniquement dans le dernier Ă©pisode, en pleine destruction (ceci nâest pas un spoiler, eye), nous avons dĂ©couvert quâil y avait une zone avec des distributeurs automatiques de billets et une place pour les vendeurs, quelque chose qui aurait Ă©tĂ© rĂ©solu en passant un peu plus de temps en montrant toute la portĂ©e de Woodstock 1999. AprĂšs tout, il nây a pas dâobligation de temps Ă remplir et cela aurait amĂ©liorĂ© la cohĂ©sion dâensemble.
Des litres dâalcool coulent dans mes veines
Mais les petites erreurs ne sâestompent pas trois Ă©pisodes pleins de bonne musique, un flash sur le fonctionnement de la tĂ©lĂ©vision Ă la fin du 21e siĂšcle (ce pay-per-view absurde qui conduisait Ă montrer des gens nus et droguĂ©s en Ă©change dâargent) et, bien sĂ»r, comment une mauvaise organisation peut tuer une bonne idĂ©e . Le problĂšme nâĂ©tait pas seulement quâĂ Woodstock 1999, lâargent prĂ©valait sur tout (« Profit Stock », comme lâappelaient les participants le dernier jour dans de multiples graffitis), pratiquement aucune sĂ©curitĂ© nâĂ©tait embauchĂ©e et certains groupes ne faisaient rien pour calmer les choses : le documentaire frontiĂšres, mais nâen finit pas de toucher, que pour les gosses de 1999 la rage sociale avait remplacĂ© le pouvoir des fleurs.
La plus grande erreur commise par Michael Lang, lâorganisateur, et sa famille, a Ă©tĂ© de croire que les enfants de 1999 avaient le mĂȘme intĂ©rĂȘt pour la contre-culture et voulaient dĂ©fendre des causes comme ils le faisaient Ă la fin des annĂ©es 1960 : dans ce Woodstock, le public Ă©tait aller Ă©couter de la musique, prendre de lâecstasy, avoir des relations sexuelles et faire la chĂšvre, mais personne ne se souciait sâils avaient une excuse pour le faire, mĂȘme si les membres de lâorganisation qui faisaient partie de lâĂ©vĂ©nement original Ă©taient convaincus quâil ne sâagissait pas dâargent, mais dâidĂ©aux. LâĂ©volution est palpable dĂšs le premier jour pour tout le monde sauf les responsables, qui ne voulaient pas se rendre compte quâils Ă©tiraient trop la gomme jusquâĂ ce quâil soit trop tard et lâanarchie a remplacĂ© les bonnes intentions.
Les deux premiers Ă©pisodes du documentaire brĂ»lent lentement, montrant comment les choses se sont progressivement aggravĂ©es au cours des deux premiers jours du festival. Mais rien ne te fait attendre lâexplosion de la fin, dans lequel il aurait peut-ĂȘtre dĂ» se concentrer davantage, lorsque la chose passe dâune veillĂ©e amicale Ă âSeigneur des mouchesâ en un temps record Ă partir dâune matinĂ©e oĂč les riviĂšres dâexcrĂ©ments et dâordures accompagnaient lâasphalte sur lequel il sâest dĂ©veloppĂ© ce gĂąchis . Jamie Crawford, le rĂ©alisateur, nâest pas non plus trĂšs intĂ©ressĂ© Ă sauter aux conclusions, et il nâa pas beaucoup de mal Ă faire briller son documentaire malgrĂ© ses dĂ©fauts : quand lâhistoire est aussi forte que celle-ci, la chose complexe serait de ne pas la rendre intĂ©ressante.
casser des choses
En fin de compte, âTotal fiasco: Woodstock 1999â est la chronique de la façon dont les mauvaises dĂ©cisions de lâexĂ©cutif entraĂźnent de pires consĂ©quences et lâincomprĂ©hension intergĂ©nĂ©rationnelle qui mĂšne au dĂ©sastre. La balle a du mal Ă se mettre Ă tourner mais quand elle le fait il est absolument impossible de lâarrĂȘter, et le documentaire offre enfin tout ce quâil promettait depuis plusieurs scĂšnes : la marmite qui explose aprĂšs lâavoir longuement mise au feu. Quand vous mettez 250 000 personnes sur un site pavĂ© sans ombre par temps trĂšs chaud, vous augmentez le prix de lâeau et de la nourriture, vous nâĂȘtes pas en mesure dâoffrir de lâeau potable, vous crĂ©ez un espace VIP exclusif pour les artistes et la musique, vous autorisez une riviĂšre de â littĂ©ralement â merde que tout le monde confond avec de la boue et en une nuit votre festival se retrouve en lambeaux⊠Il y a des dĂ©cisions encore pires Ă prendre.
MalgrĂ© les coups quâil peut encaisser, âFiasco total : Woodstock 1999â est spectaculaireun documentaire dont on ne sait jamais comment il va continuer et dans lequel il est impossible de remarquer OĂč sâarrĂȘte la responsabilitĂ© des organisateurs et oĂč commence celle des millennials Cafres ? qui ont assistĂ© encouragĂ©s par lâultraviolence de Fred Durst et de sa bande, en partie parce que le monde entier Ă©tait fautif en mĂȘme temps.
Cependant, il y a quelque chose de troublant dans toutes les sĂ©quences : ce nâest quâĂ la fin, dans les cinq derniĂšres minutes, quâils sautent le ton plutĂŽt plaisant pour parler des consĂ©quences vraiment importantes au-delĂ des pertes matĂ©rielles, lâunissant dâune maniĂšre assez Ă©trange avec le Me Too. Cela aurait valu la peine dâexplorer ces incidents plus longtemps au-delĂ de la fin dâun Ă©pisode avec une musique de fond dramatique, car cela ressemble Ă un ajoutĂ© Ă la derniĂšre minute presque parodiquecomme sâils ne voulaient pas raconter ce cĂŽtĂ© amer de Woodstock que les responsables prennent avec une normalitĂ© inhabituelle.
Ce documentaire en trois parties nâa pas besoin dâun montage prodigieux ou dâun script incisif pour raconter une histoire aussi curieuse que -pour la plupart- drĂŽle, qui vaut la peine dâĂȘtre mise en pilote automatique pour nous tenir accrochĂ©s pendant prĂšs de trois heures Ă la tĂ©lĂ©vision. Jâaimerais avoir un peu plus dâintentionnalitĂ©, de prĂ©paration et dâattention Ă la gravitĂ© de ce qui sâest passĂ©, car ce qui aurait pu ĂȘtre une magnifique docu-sĂ©rie reste une simple curiositĂ©. Une curiositĂ© essentielle qui est fondamentalement un conte moral de mauvaises dĂ©cisions et de consĂ©quences qui appuie trop tard sur lâaccĂ©lĂ©rateur et hĂ©site Ă dĂ©signer les vrais coupables de ce fiasco total.
SOURCE : Reviews News
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