D’Oxford à l’enfer

D'Oxford Ă  l'enfer - Chronique mondiale

🍿 2022-04-22 23:00:00 – Paris/France.

L’arrogance, la stupiditĂ©, la frivolitĂ© et le manque d’empathie envers les Ă©lĂ©ments les plus dĂ©favorisĂ©s de la sociĂ©tĂ© de la part des classes supĂ©rieures est un thĂšme rĂ©current dans la fiction britannique et il existe une longue liste d’écrivains qui l’ont abordĂ© au fil du temps, de Evelyn Waugh Ă  Edward St.Aubynen passant pour Sarah Vaughndont le roman homonyme a servi d’inspiration pour une mini-sĂ©rie (six chapitres) rĂ©cemment mise en ligne sur Netflix, Anatomie d’un scandale. La lutte des classes Ă  l’anglaise est probablement la chose la plus remarquable de cette production qui, apparemment, ne prĂ©tend ĂȘtre qu’un Thriller en francais judiciaire plutĂŽt que d’inquiĂ©ter le tĂ©lĂ©spectateur quant Ă  savoir si l’accusĂ© est coupable ou non. Si elle Ă©tait restĂ©e lĂ , la chose n’aurait pas dĂ©passĂ© un divertissement digne, mais ce qu’elle confĂšre Ă  anatomie d’un scandale un intĂ©rĂȘt particulier est le portrait de ces privilĂ©giĂ©s du berceau qui, aprĂšs avoir frĂ©quentĂ© Eton et Oxford, prend les rĂȘnes de son pays aprĂšs avoir adhĂ©rĂ© au Parti conservateur (certains, soit dit en passant, qui est actuellement aux commandes au Royaume-Uniavec les consĂ©quences de tout connu).

Une image de « Anatomie d’un scandale » / NETFLIX

James Whitehouse (Rupert Friend) fait partie de ces personnes. ChargĂ© du service de l’immigration au ministĂšre de l’IntĂ©rieur, c’est un ami du Premier ministre (un badulaque qui rappelle forcĂ©ment Boris Johnson, bien que son apparence ne soit pas si ridicule), qu’il a rencontrĂ© Ă  l’universitĂ©, a grandi dans du coton et a toujours supposĂ© appartenir Ă  la classe dirigeante. MariĂ© Ă  son amie d’universitĂ©, sophie (Sienna Miller) et pĂšre de deux enfants, la vie lui sourit jusqu’à ce qu’un stagiaire du ministĂšre avec qui il a eu une liaison de cinq mois l’accuse de l’avoir violĂ©e dans un ascenseur de Westminster une fois la relation terminĂ©e. Avec un grand flegme britannique, Sophie, au lieu de l’installer avec la bougie d’un pĂšre et mon cher monsieur, prend son parti avec l’excuse qu’ils sont mariĂ©s depuis douze ans et partagent deux enfants. Le premier ministre le soutient (entre autres parce que – l’amitiĂ© a une limite – James garde certains petits secrets des annĂ©es universitaires du patron qui pourraient le mettre dans une impasse, alors qu’ils faisaient tous les deux partie d’une confrĂ©rie appelĂ©e The Libertines, dont les membres ils se sont consacrĂ©s Ă  faire des gaffes sans frais parce qu’ils venaient de familles riches pour une raison). Ses amis lui disent qu’il va s’en tirer, que le temps des scandales sexuels qui ont coulĂ© votre carriĂšre sont entrĂ©s dans l’histoire. Mais une avocate de la Couronne (qui cache Ă©galement un secret pertinent), Kate Woodcroft (Michelle Dockery), sera dĂ©terminĂ©e Ă  chercher la ruine du politicien car elle sait de quoi lui et les siens sont capables.

Une nature morte ou une nature morte

Et, comme je le disais, le portrait de cette classe est la chose la plus intĂ©ressante Ă  propos de Anatomie d’un scandale, ainsi que l’évolution de Sophie, qui, tout au long de l’intrigue, cesse d’ĂȘtre la docile et soumise Mme Whitehouse et se rend compte qu’en rĂ©alitĂ©, elle ne sait pas qui elle a Ă©pousĂ© il y a exactement douze ans. Écrit par David E. Kelley (responsable de certains succĂšs tĂ©lĂ©visĂ©s rĂ©cents de facturation plutĂŽt routiniĂšre) et Melissa James Gibson et rĂ©alisĂ© par SJ Clarke, anatomie d’un scandale bĂ©nĂ©ficie d’un matĂ©riel littĂ©raire qui est bien au-dessus de ce qui attire habituellement l’attention de M. Kelley (pensez Ă  sa rĂ©cente production le dĂ©nouement, avec Nicole Kidman et Hugh Grantun Thriller en francais mi-cuit que vous ignoriez au bout de vingt minutes). Au-delĂ  de savoir si un dĂ©putĂ© conservateur a violĂ© ou non son stagiaire prĂ©fĂ©rĂ©, l’intĂ©rĂȘt de cette mini-sĂ©rie rĂ©side dans la nature morte implacable (ou plutĂŽt la nature morte) qu’elle retrace de la bande de malheureux qui ont maintenu le systĂšme conservateur en vie. pendant des siĂšcles, des castes en Grande-Bretagne, un peuple qui suit son propre chemin parce qu’il pense qu’il en vaut la peine et qu’il a Ă©tĂ© Ă©levĂ© pour hĂ©riter du pouvoir exercĂ© par ses parents et ses grands-parents.

Bien que dans cette histoire personne ne soit complĂštement sauvĂ©. En tant que sujet mĂ©prisable, James Whitehouse prend le gĂąteau, sans aucun doute, mais ni sa femme ni l’avocat dĂ©terminĂ© Ă  le couler pour des raisons qu’elle seule connaĂźt et que nous dĂ©couvrirons dans les derniers Ă©pisodes ne sortent pas trĂšs bien. Manquant de personnages qui font appel Ă  l’empathie du spectateur, anatomie d’un scandale rĂ©ussit malgrĂ© tout Ă  en gagner l’intĂ©rĂȘt. Ce qui me semble une des plus grandes rĂ©ussites de cette mini-sĂ©rie qui risque de passer inaperçue du fait de son apparition en Ă©niĂšme Thriller en francais judiciaire : le mĂ©lange de rĂ©cit criminel et de critique sociale est exemplaire.

SOURCE : Reviews News

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