Diomedes DĂ­az, le miroir d’une Colombie qui n’a pas du tout changĂ©

Diomedes DĂ­az, le miroir d'une Colombie qui n'a pas du tout changĂ© - EL PAÍS

🍿 2022-04-03 19:45:00 – Paris/France.

Diomedes DĂ­az, dans une image du documentaire ‘Diomedes : l’idole, le mystĂšre et la tragĂ©die’.Avec l’aimable autorisation de Netflix © 2022

La voix de Diomedes DĂ­az n’a jamais cessĂ© de rĂ©sonner en Colombie. L’icĂŽne du vallenato est dĂ©cĂ©dĂ©e en 2013, mais ses chansons sont toujours lĂ , Ă  la radio d’un taxi, sur les haut-parleurs d’un bus dĂ©labrĂ©, dans un magasin de quartier, dans les derniĂšres heures d’une fĂȘte Ă  la maison, dans la verveine d’une ville . Sur Spotify, sur YouTube, sur cassettes ou LPs. Diomedes DĂ­az est mort, mais sa musique n’est pas oubliĂ©e, pas plus que Doris Adriana Niño, la femme qui a quittĂ© sa maison pour un rendez-vous avec lui et n’est jamais revenue. Le musicien de la foule et l’agresseur. DiomĂšde : L’idole, le mystĂšre et la tragĂ©diea, le premier documentaire Netflix rĂ©alisĂ© en Colombie revient sur la vie d’un homme qui Ă©tait au sommet du succĂšs grĂące Ă  son talent et qui a fini par dĂ©cliner, presque comme une caricature des effets d’une vie d’excĂšs.

Ce n’est pas la premiĂšre fois que l’histoire de DiomĂšde DĂ­az est portĂ©e Ă  l’écran, mais c’est la premiĂšre fois qu’elle est montrĂ©e avec toutes ses lumiĂšres et ses ombres. Ce n’est pas un hommage Ă  l’artiste, mĂȘme si dans les premiĂšres minutes cela peut sembler le cas, c’est plutĂŽt le portrait d’un homme qui reflĂšte un moment de l’histoire de la Colombie et une grande partie de ce que ce pays est encore. « [Este documental] C’est un exercice de mĂ©moire pour nous interroger, nous voir, comprendre dans quel pays nous vivons. DiomĂšde est le personnage parfait pour nous expliquer en tant que sociĂ©tĂ© », dĂ©clare Jorge Barbosa, l’un des rĂ©alisateurs, via Zoom. La vie du compositeur et chanteur, dĂ©cĂ©dĂ© Ă  l’ñge de 56 ans, est passĂ©e par la politique, le football et dĂ©fiĂ© la justice. Il Ă©tait l’artiste Ă  qui tout Ă©tait pardonnĂ© et il Ă©tait en tout. « Il a Ă©bloui par sa prĂ©sence sur scĂšne. DiomĂšde se faisait sentir comme le compadre de tout le monde, il chantait au paysan, Ă  l’amour, au chagrin, Ă  la fĂȘte, au pays, aux cyclistes et Ă  lui-mĂȘme. Si vous vouliez une biographie chantĂ©e de DiomĂšde, il suffirait d’écouter certaines de ses compositions », explique Juan Pablo GĂłmez Orozco, journaliste et disciple du chanteur. DiomĂšde DĂ­az a Ă©tĂ© reçu comme un dieu. C’était un mythe. C’était le chanteur d’une ville des CaraĂŻbes colombiennes qui a amenĂ© le vallenato au Madison Square Garden de New York et l’a rempli. Il a Ă©tĂ© le premier musicien colombien – disent ses amis dans le documentaire – Ă  recevoir un million de dollars pour une prĂ©sentation, il Ă©tait l’artiste convoitĂ© par les trafiquants de drogue, celui qui avait un diamant dans la dent et Ă©tait aussi le macho le plus populaire de tous. . « Comment ne pas prendre soin des femmes si ce sont elles qui lavent, celles qui cuisinent, comment ne pas les aimer », a-t-il dit.

C’était la figure avec laquelle tout le monde voulait ĂȘtre. En 1994, il monte sur une scĂšne du Metropolitan Stadium de Barranquilla pour la clĂŽture de la campagne d’Ernesto Samper. Puis, Le chef du conseil, comme on l’appelait, Ă©tait dĂ©jĂ  une star nationale et son soutien Ă  Samper garantissait au candidat Ă  la prĂ©sidentielle une photo mĂ©morable. Qu’ils soient pour le musicien ou l’homme politique n’avait pas d’importance, Samper, qui a fini par remporter ces Ă©lections, a rĂ©ussi Ă  convoquer des milliers de personnes. Cette mĂȘme annĂ©e, lors de la Coupe du monde aux États-Unis, DiomĂšde a marquĂ© un autre grand but. Avec son insĂ©parable accordĂ©oniste Juancho Rois, il a battu des records avec la chanson je suis mondial (Sony, 1994), qui est devenu la bande originale de la Colombie historique de Francisco Pacho Maturana, avec une peinture luxueuse avec des personnages tels que Le Garson Valderrama, Oscar CĂłrdoba, Freddy RincĂłn, Faustino Asprilla. 28 ans ont passĂ© et la Colombie n’a pas oubliĂ© cette chanson, ni cette sĂ©lection, le 5-0 contre l’Argentine et aussi celle qui a perdu l’un de ses dĂ©fenseurs aprĂšs le meurtre d’AndrĂ©s Escobar par un but contre son camp.

le frapper Coupe du monde de Le chef du conseil Il est sorti avec plus de 150 000 exemplaires vendus et prĂšs de 500 000 commandĂ©s par les magasins de musique. DiomĂšde DĂ­az Ă©tait au sommet, malgrĂ© les polĂ©miques de sa vie que tout le monde connaissait dĂ©jĂ  : il offrait des concerts privĂ©s aux barons de la drogue, il a Ă©tĂ© embauchĂ© une fois par les frĂšres RodrĂ­guez Orejuela –du cartel de Cali– et par Pablo Escobar, il ne savait pas combien d’enfants avaient. 35 ? plus que 50? Sa renommĂ©e en tant que coureur de jupons a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e. Aucun scandale n’a nui Ă  sa carriĂšre musicale, pas mĂȘme le meurtre de Doris Adriana Niño, une femme de 27 ans, qu’il voyait occasionnellement et qui a disparu aprĂšs l’une des rencontres avec le compositeur. DiomĂšde : L’idole, le mystĂšre et la tragĂ©die reconstitue avec des tĂ©moins, des journalistes et les autoritĂ©s de l’époque ce qui s’est passĂ© aprĂšs la nuit du 14 mai 1997, lorsque la femme est entrĂ©e dans la maison de Diomedes DĂ­az et que son corps est apparu quelques heures plus tard dans un terrain vague, Ă  environ deux heures de BogotĂĄ.

Le chanteur a toujours niĂ© toute responsabilitĂ© dans la mort de son ami. La version selon laquelle sa mort aurait Ă©tĂ© le produit d’une overdose a convaincu les autoritĂ©s au dĂ©but du procĂšs, qui l’ont ensuite reconnu coupable. « Cet exercice [el documental] permet au public de regarder en arriĂšre sans mettre un point de vue dessus [Ășnico] devant. Nous n’essayons pas de dire si [Diomedes] c’était bon ou mauvais », dit Jorge DurĂĄn, un autre des rĂ©alisateurs du documentaire, qui fait un compte rendu dĂ©taillĂ© du processus judiciaire qui s’est terminĂ© par la capture du chanteur. Doris Adriana a Ă©tĂ© droguĂ©e, torturĂ©e et Ă©touffĂ©e Ă  mort et Diomedes DĂ­az n’a passĂ© que 32 mois en prison.

Toute la culture qui vous accompagne vous attend ici.

s’abonner

Le documentaire recueille les voix de la famille de Doris Adriana Niño et la recherche de justice, des hommes qui entouraient le musicien et des fans qui ne croyaient pas qu’il avait commis un crime ou qu’ils ne se souciaient pas de la vie personnelle de l’artiste. La Colombie est encore trĂšs similaire Ă  ce pays qui a cĂ©lĂ©brĂ© DiomĂšde : le trafic de drogue, la violence et le machisme sont toujours lĂ , tous les jours, mais les lois d’aujourd’hui, avec un fĂ©micide classĂ© comme un crime dans le Code pĂ©nal et un mouvement fĂ©ministe qui demande justice auraient interrogĂ© – et peut-ĂȘtre empĂȘchĂ© – qu’un homme accusĂ© du meurtre d’une femme puisse continuer Ă  mener une vie d’artiste en toute libertĂ©.

Abonnez-vous ici Ă  la newsletter EL PAÍS AmĂ©rica et recevez toutes les informations clĂ©s sur l’actualitĂ© de la rĂ©gion

SOURCE : Reviews News

N’hĂ©sitez pas Ă  partager notre article sur les rĂ©seaux sociaux afin de nous donner un solide coup de pouce. đŸ€“

Quitter la version mobile