Diffusez ces trois grands documentaires

Diffusez ces trois grands documentaires - The New York Times

🍿 2022-08-26 23:51:28 – Paris/France.

La prolifĂ©ration des documentaires sur les services de Streaming rend difficile le choix de ce qu’il faut regarder. Chaque mois, nous choisirons trois films de non-fiction – des classiques, des documentaires rĂ©cents nĂ©gligĂ©s et plus encore – qui rĂ©compenseront votre temps.


Diffusez-le sur Criterion Channel et HBO Max.

L’un des grands films new-yorkais est aussi l’un des plus trompeusement simples. Dans « News From Home », la cinĂ©aste belge Chantal Akerman juxtapose des scĂšnes apparemment ordinaires de la ville avec une voix off de lettres que sa mĂšre, Natalia, a Ă©crites pendant que Chantal y vivait. Bien que cela ne soit jamais explicitement clarifiĂ© dans le film, les lettres sont lues par Chantal, et ce que nous entendons est un Ă©change Ă  sens unique, Natalia demandant Ă  plusieurs reprises Ă  sa fille d’écrire davantage. Le cĂŽtĂ© de la correspondance de Chantal est rĂ©fĂ©rencĂ© mais jamais citĂ©.

Pendant et entre les lettres, nous voyons des extraits presque Hopper-esques de la vie Ă  New York dans les annĂ©es 1970 : plans de parkings et de cuillĂšres Ă  graisse, de voitures et de bĂątiments, d’une prolifĂ©ration industrielle dans le West Side et de rues animĂ©es du centre-ville. . La ville est photographiĂ©e au lever et au coucher du soleil, depuis les trottoirs et depuis le mĂ©tro, oĂč les passagers regardent parfois l’objectif d’Akerman d’un air interrogateur.

Le film le plus cĂ©lĂšbre du rĂ©alisateur, « Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles », prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois en 1975, est un repĂšre cinĂ©matographique pour son utilisation de la durĂ©e, qu’il utilise pour sensibiliser les spectateurs aux changements infimes dans les routines d’un seul mĂšre (Delphine Seyrig) Ă  Bruxelles. « News From Home » joue Ă©galement avec le temps, Ă©tablissant une asynchronie subtile entre les longues prises en temps rĂ©el d’Akerman – au dĂ©but, elle offre aux tĂ©lĂ©spectateurs plusieurs arrĂȘts d’un trajet en centre-ville sur ce qui est maintenant le 1 train – et les Ă©carts entre chacun des dĂ©pĂȘches de Natalia. Bien que les images ne soient pas Ă©tiquetĂ©es avec des dates, le manque de vĂȘtements d’extĂ©rieur indique qu’elles ont Ă©tĂ© filmĂ©es en Ă©tĂ©. Les anecdotes de la voix off et les supplications de Natalia (« S’il vous plaĂźt, ne laissez pas passer autant de temps. Vos lettres sont si importantes pour moi »), en revanche, suggĂšrent que les Ă©vĂ©nements en Europe se dĂ©roulent Ă  toute allure.

À travers la disjonction entre la narration et les scĂšnes de rue, Akerman divise en effet l’attention des spectateurs comme la sienne Ă©tait vraisemblablement divisĂ©e. Les cinĂ©philes doivent choisir entre prĂ©sence et distance, entre vivre l’instant prĂ©sent et dĂ©sirer en savoir plus sur ce qui est loin. À partir d’ingrĂ©dients minimes, « News From Home » apparaĂźt comme l’un des films de non-fiction expĂ©rimentaux les plus poignants et les plus personnels.

Diffusez-le sur Criterion Channel.

Lorsqu’il est diffusĂ© dans des revivals, le documentaire d’une heure de Martin Scorsese « American Boy: A Profile of Steven Prince » est souvent associĂ© Ă  « Italianamerican », le portrait affectueux du rĂ©alisateur de ses parents.

« American Boy » est aussi, au moins en partie, une sorte de film amateur ; entre les chapitres, il montre des images amateurs de l’enfance de son sujet, Steven Prince – un directeur de la route, conteur et acteur occasionnel peut-ĂȘtre le plus reconnaissable en tant que vendeur d’armes Ă  feu de « Taxi Driver ». Mais le gros du film se dĂ©roule sur une seule nuit de janvier 1977 Ă  Los Angeles chez l’acteur George Memmoli, oĂč Prince peut tenir sa cour.

Avant que Prince n’apparaisse, Scorsese, qui apparaĂźt tout au long de l’écran, apprend qu’il ne reste plus que deux minutes de film Ă  la camĂ©ra – Ă  peine assez de temps pour toute histoire impliquant Prince. Nous dĂ©couvrirons bientĂŽt ce que cela signifie. Prince arrive, s’attaquant de maniĂšre ludique Ă  Memmoli alors qu’il entre et se dĂ©bat longuement avec lui. Puis, sous l’impulsion de ses amis rassemblĂ©s, il commence Ă  raconter une histoire effrayante (et souvent terriblement drĂŽle) aprĂšs l’autre.

Nous apprenons comment Prince a rencontrĂ© un gorille Ă  dos argentĂ© domestiquĂ©. Comment Prince a Ă©vitĂ© d’aller au Vietnam. Comment pendant une pĂ©riode de gestion de la route alors qu’il Ă©tait accro Ă  l’hĂ©roĂŻne, il ne prendrait jamais des vols de plus de quatre heures. Comment il a abattu un voleur potentiel dans une station-service dont le corps a atterri « entre l’éthyle et l’ordinaire ». Comment, pour sauver une femme en surdose, il a utilisĂ© un marqueur magique pour localiser le point d’injection et, avec un mouvement de couteau, a plongĂ© une aiguille d’adrĂ©naline directement dans son cƓur. Ce dernier morceau est immĂ©diatement reconnaissable Ă  l’hommage qu’il a reçu dans « Pulp Fiction », qui a recrĂ©Ă© l’incident assez fidĂšlement et a mĂȘme rĂ©utilisĂ© certains des mots de Prince.

Sa fiabilitĂ© n’est jamais vraiment Ă©tablie, mais d’une certaine maniĂšre, qui s’en soucie ? « American Boy » est plus ou moins un one-man show qui parvient Ă  ĂȘtre aussi frĂ©nĂ©tique, horrifiant et absurde que « After Hours » de Scorsese (1985).

Il n’est pas facile de montrer comment l’esprit d’un artiste fonctionne Ă  l’écran, sans parler de l’esprit d’un compositeur, dont le processus imaginatif implique le son mais pas nĂ©cessairement quelque chose qui serait visuellement intĂ©ressant. Le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto peut ĂȘtre une exception.

Le portrait de Stephen Nomura Schible le dĂ©peint comme un homme qui voit de la musique partout. Alors que le film le montre Ă©coutant attentivement dans les bois, il parle en voix off de vouloir mĂ©langer les sons du monde avec des instruments dans un « mĂ©lange sonore Ă  la fois chaotique et unifié ». Au dĂ©but du film, il joue sur un piano qui a survĂ©cu au tsunami de 2011 au Japon. MĂȘme sur un piano normal, il semble ĂȘtre aussi concentrĂ© sur les fils que sur les touches. À un moment donnĂ©, il explique comment les pianos ne se dĂ©saccordent pas vraiment, comme il le voit; au contraire, les matĂ©riaux, qui ont Ă©tĂ© façonnĂ©s par l’industrie, tentent de revenir Ă  un Ă©tat naturel. Ailleurs, il rĂ©alise un collage sonore qui inclut des mots prononcĂ©s par Paul Bowles. (Il a Ă©crit la partition de « The Sheltering Sky », le film de Bernardo Bertolucci de 1990 sur le livre de Bowles. Pendant « Coda », il travaille sur la partition de « The Revenant ».)

Le documentaire capture Sakamoto peu de temps aprĂšs que le musicien a reçu un diagnostic de cancer de la gorge, alors qu’il rĂ©flĂ©chit Ă  combien il devrait continuer Ă  travailler. Il dit que peu importe le temps qu’il lui reste, il sait qu’il veut composer plus de musique qu’il « n’aura pas honte de laisser derriĂšre lui – un travail significatif ». « Coda » montre d’une maniĂšre dĂ©sarmante comment ses idĂ©es, son oreille et son activisme vont de pair.

SOURCE : Reviews News

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