đ 2022-06-10 23:30:00 â Paris/France.
Maintenant en VOD, Petite Maman est la suite de la cinĂ©aste CĂ©line Sciamma au magistral de 2019 Portrait dâune dame en feu, alors oui, hĂ© lĂ , prenez note, sâil vous plaĂźt. Les deux sont des films calmes, rĂ©flĂ©chis, contemplatifs, mais oĂč Portrait Ă©tait richement sensuelle de maniĂšre sexy et non sexy, Petite MamanLe charme de dĂ©coule de son innocence juvĂ©nile, Ă©tant lâhistoire dâune fillette de huit ans faisant face Ă une perte importante et rencontrant quelque chose de magique dans la forĂȘt.
Lâessentiel: Nelly (Josephine Sanz) va de chambre en chambre dans la maison de retraite, disant au revoir, au revoir, au revoir aux femmes ĂągĂ©es avec lesquelles elle sâest liĂ©e dâamitiĂ©. La derniĂšre piĂšce dans laquelle elle entre est vide Ă lâexception de sa mĂšre (Nina Meurisse) et dâun lourd sentiment de perte. Nelly demande si elle peut garder la canne appuyĂ©e contre le lit. Maman dit oui. Ils montent dans la voiture et suivent le pĂšre de Nelly (StĂ©phane Varupenne) dans un gros camion. Nelly sort quelques collations et grignote. Gros plan sur MĂšre pendant quâelle conduit : une petite main sort de lâĂ©cran pour lui donner des gribouillis au fromage, puis une gorgĂ©e dâune boĂźte de jus. Maman sourit un peu et deux petites mains passent autour du dossier du siĂšge pour la serrer dans ses bras.
Il est tard quand ils arrivent Ă la maison. Maman porte Nelly. Il fait noir et les meubles sont recouverts de draps. Le lendemain, Nelly interroge sa mĂšre sur la cabane dans les bois dans laquelle elle a jouĂ© lorsquâelle Ă©tait enfant. Elle le lui montrera quand elle aura le temps, dit maman, mais maintenant, papa et elle doivent nettoyer la maison de grand-mĂšre. Nelly erre seule dans les bois, trouve un grand arbre dĂ©racinĂ©, trouve une clairiĂšre paisible, trouve une souche avec un trou pour pouvoir reculer de quelques pas et y jeter des glands. Elle revient et sâassoit avec sa mĂšre pendant quâelle regarde Ă travers ses affaires dâenfance. Cette nuit-lĂ , Nelly et MĂšre sont assises dans le noir. « Le dernier au revoir nâa pas Ă©tĂ© bon. Parce que je ne le savais pas », dit Nelly. Mais elle ne pouvait pas savoir, personne ne pouvait savoir, rĂ©pond MĂšre. Ils finissent par dormir ensemble sur un canapĂ© et quand Nelly se rĂ©veille, maman est partie. Il fallait quâelle parte, dit PĂšre, en laissant dans le flou, bien que nous sachions peut-ĂȘtre tous Ă quel point câĂ©tait dur pour elle dâĂȘtre lĂ .
Nelly sort pour explorer, passe devant lâarbre dĂ©racinĂ© et se dĂ©gage jusquâĂ lâendroit avec les quatre arbres oĂč se trouvait la hutte de MĂšre. Correction : est. Une collection de membres forme un abri de fortune et une petite fille travaille Ă le construire. Nous louchons lâĂ©cran. Est-elle le sosie de Nelly ? Oui, oui, mais Nelly ne semble pas du tout surprise ou bouleversĂ©e. Perplexe peut-ĂȘtre, tranquillement ravi, presque certainement. Elle sâappelle Marion (Gabrielle Sanz) et elle aussi a huit ans. Le tonnerre gronde et la pluie tombe et ils se prĂ©cipitent sur le chemin menant Ă la maison de Marion, qui ressemble exactement Ă la maison de grand-mĂšre, sauf quâelle ne semble pas si froide et vide. Ils se sĂšchent, prennent du cacao ensemble. Nelly marche dans le couloir pour utiliser la salle de bain et entre dans une chambre et voit une femme plus ĂągĂ©e (Margo Abascal) endormie dans le lit et câest enfin ce qui effraie Nelly, au moins pour un moment, car elle semble bien la regarder Grand-mĂšre, dĂ©cĂ©dĂ©e quelques jours auparavant.
Photo: Everett Collection
Quels films cela vous rappellera-t-il ? : Petite Maman rĂ©alise ce que Benh Zeitlin nâa pas tout Ă fait atteint avec son interprĂ©tation de Peter Pan Wendy; Sciamma puise dans un puits de rĂ©alisme magique plus pur et plus propre qui rĂ©pond au dĂ©sir de se souvenir des choses telles quâelles Ă©taient parce que câest prĂ©fĂ©rable Ă la façon dont elles sont maintenant.
Performances Ă surveiller : Gabrielle et JosĂ©phine Sanz occupent toutes les images de ce film â ensemble ou sĂ©parĂ©ment â ââet font preuve dâune remarquable capacitĂ© de performance naturaliste. Peu dâenfants acteurs peuvent ignorer la camĂ©ra et travailler avec une authenticitĂ© aussi mĂ©morable.
Dialogue mĂ©morable : « Vous savez, les secrets ne sont pas toujours des choses que nous essayons de cacher », dit Marion. « Parfois, il nây a personne Ă qui le dire. »
Sexe et peau : Aucun.
Notre avis : Convient pour un film sur une pĂ©riode de transition, notez les subtiles transitions de scĂšnes de Sciamma et du monteur Julien Lacheray, et comment elles dĂ©notent le contraste entre les «mondes» respectifs de Marion et Nelly. Nous existons Ă une Ă©poque oĂč les histoires de « multivers » et de voyage dans le temps sont une tendance, et sont souvent un fourrage conceptuel Ă la recherche dâune base Ă©motionnelle solide. Petite Maman construit Ă partir de zĂ©ro, en commençant par le banal, une famille en deuil, et en travaillant avec un but, Ă travers le dĂ©sir et la dysphorie, vers le fantastique. La magie ne commence pas par un Ă©clair ou un bang, mais par ce qui semble ĂȘtre une coĂŻncidence ordinaire, le dĂ©part de MĂšre et lâarrivĂ©e de Marion, qui se rĂ©vĂšle bientĂŽt tout Ă fait extraordinaire.
Sciamma nous maintient intensĂ©ment ancrĂ©s dans les prosaĂŻques du moment avec un accent dĂ©libĂ©rĂ© sur la conception sonore; le craquement de Nelly en train de manger des cĂ©rĂ©ales, le grattage du crayon sur le papier et le bruit des cheveux brossĂ©s sont tous rĂ©pandus, et le seul exemple de musique se produit une heure aprĂšs le dĂ©but de ce film de 72 minutes dâune finesse exquise, rendant le moment dâĂ©lĂ©vation Ă©motionnelle vraiment compter. La simple intimitĂ© rend chaque scĂšne rĂ©sonnante : MĂšre racontant Ă Nelly la « panthĂšre noire » qui a Ă©mergĂ© de lâombre pour se reposer sur son lit la nuit ; Nelly enduisant de crĂšme Ă raser le visage de son pĂšre ; Marion et Nelly jouent comme les adorables enfants quâelles sont, rigolant en cassant imprudemment des Ćufs et en remuant la pĂąte Ă crĂȘpes. Le film reconnaĂźt la douleur que nous ressentons Ă la suite de la mort, une notion universelle, et la rend profondĂ©ment empathique dans ses dĂ©tails et sa spĂ©cificitĂ©, et ses implications sur la fĂ©minitĂ© gĂ©nĂ©rationnelle. Le film ne construit pas une catharsis calculĂ©e et artificielle, mais plutĂŽt une comprĂ©hension plus profonde de ce que signifie aimer.
Notre appel : Petite Maman est une exploration calme et tendre de la perte, racontĂ©e avec une grande clartĂ© et un but prĂ©cis. Et peut-ĂȘtre le plus important, Sciamma trouve la joie et lâĂ©merveillement au milieu de la mĂ©lancolie. DIFFUSEZ-LE.
John Serba est un écrivain indépendant et critique de cinéma basé à Grand Rapids, Michigan. En savoir plus sur son travail sur johnserbaatlarge.com.
SOURCE : Reviews News
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