đż 2022-11-05 09:05:00 â Paris/France.
Les voix contre La Couronne Ils augmentent. Il est possible que ce ne soit pas Ă cause de la mort dâElizabeth II et de cette croyance populaire quâil ne faut pas dire du mal des morts, mais Ă cause de lâinconfort de la sĂ©rie Netflix pour Carlos III, lâactuel monarque. La couronne britannique a un problĂšme : le scĂ©nariste Peter Morgan Ă©crit lâhistoire non officielle mais massive, accessible et primĂ©e de leur vie, indĂ©pendamment de leur consentement. Et compte tenu de son succĂšs et Ă quel point les Windsor tiennent Ă elle, directement ou indirectement, La Couronne Câest un ouvrage incontestablement pertinent.
Maintenant que la plateforme de contenu a ouvert lâinterdiction de commenter la cinquiĂšme saison, qui dĂ©butera mercredi prochain et Ă©tait auparavant fournie aux mĂ©dias, une rĂ©alitĂ© doit ĂȘtre reconnue : la mort dâIsabelle II et la succession de Carlos III peuvent changer la perception de fiction et sa façon dâaffecter la couronne en tant que symbole du Royaume-Uni mais, en tant que fiction, peut-ĂȘtre La Couronne offre lâune de ses saisons les plus faibles. Ă certains moments, cela peut mĂȘme ĂȘtre qualifiĂ© dâennuyeux.
La série revient dans les années 90 dans lesquelles Carlos et Diana mÚnent des vies séparées et la reine se prépare à avoir son « annus horribilis »
Keith Bernstein/Netflix
La sĂ©rie revient dans les annĂ©es 90 oĂč Carlos et Diana mĂšnent dĂ©jĂ des vies sĂ©parĂ©es. La reine est sur le point de lâavoir Annus horribilis: Le divorce de la princesse Anne avec Mark Phillips, le divorce du prince Andrew avec Sarah Ferguson, la relation Ă trois mal dissimulĂ©e entre Diana, Charles et Camilla, et enfin lâincendie du chĂąteau de Windsor. Son royaume sâapprĂȘte Ă liquider lâun de ses derniers actifs impĂ©riaux, la ville de Hong Kong, qui doit ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă la Chine. Et, avec un John Major comme locataire secret du numĂ©ro 10 Downing Street, la reine subit une Ă©rosion de son image publique car elle est vue par la population comme le vestige dâune autre Ă©poque avec un fils, Carlos, dĂ©sireux dâoccuper le trĂŽne et revitaliser la monarchie.
Il est ironique quâaprĂšs la mort dâElizabeth II, La Couronne dix Ă©pisodes si peu lucides pour le monarque. Cela nâaide pas quâImelda Staunton incarne le personnage, hĂ©ritĂ© dâOlivia Colman, qui lâavait Ă son tour empruntĂ© Ă Claire Foy. JusquâĂ prĂ©sent, chaque comĂ©dienne avait su faire vivre le monarque Ă sa maniĂšre, avec des Ă©nergies diffĂ©rentes mais un ensemble crĂ©dible. Claire Foy a vĂ©hiculĂ© une solennitĂ© qui a Ă©clipsĂ© les insĂ©curitĂ©s dâoccuper un poste dâune telle responsabilitĂ© Ă un si jeune Ăąge; Olivia Colman a montrĂ© lâattitude froide de la reine, oui, mais aussi une attitude plus folklorique, qui a servi Ă merveille lors des dĂ©placements dans Balmoral; et, dâautre part, Staunton perd de sa prĂ©sence en mĂȘme temps quâil transmet un caractĂšre simplement irritant.
Il est ironique quâaprĂšs la mort dâElizabeth II, The Crown comporte dix Ă©pisodes si peu lucides pour le monarque : cela nâaide pas quâImelda Staunton ait moins de prĂ©sence et soit plus irritante
Crédit photo : Alex Bailey
Au lieu de cela, Peter Morgan a raison avec la signature de Dominic West et Elizabeth Debicki en tant que Carlos et Diana. West joue parfaitement un prince de Galles plus confiant, embrassant son potentiel en tant que rĂ©gĂ©nĂ©rateur potentiel de la couronne, tout en transmettant lâaveuglement du privilĂšge. Il ne faut pas oublier quâil a un complot dans lequel il veut usurper le trĂŽne de sa mĂšre et quâil a mĂȘme rĂ©cupĂ©rĂ© John Major de lâoubli, qui a qualifiĂ© la sĂ©rie de « malveillante ». Elizabeth Debicki, clairement trop grande pour ĂȘtre Diana Ă ses six pieds de haut, est toute lâattirance pour la camĂ©ra, une victimisation charmante, lâhumilitĂ© paradoxale de quelquâun connu pour ĂȘtre populaire et magnĂ©tique.
Ce sont eux deux, en fait, qui sâallument La Couronne. Autant les premiĂšres saisons Ă©taient une interprĂ©tation dĂ©licate et exubĂ©rante de la tĂ©lĂ©vision dâĂ©poque et du rĂšgne dâElizabeth II, autant le mariage royal et le destin de Diana sont de la dynamite dramatique. Ce nâest pas un hasard si, avec lâarrivĂ©e de Diana, les Emmys du meilleur drame sont Ă©galement arrivĂ©s et aussi pour la rĂ©alisation, lâĂ©criture et les acteurs (bien que, malheureusement, Gillian Anderson avec son interprĂ©tation douteuse de Margaret Thatcher ait vaincu Emma Corrin comme son innocente Diana).
Les premiĂšres saisons Ă©taient une approche dĂ©licate et exubĂ©rante de la tĂ©lĂ©vision dâĂ©poque et du rĂšgne dâElizabeth II, mais le mariage des princes de Galles et le destin de Diana sont de la dynamite dramatique.
Crédit photo : Keith Bernstein
Parfois, on peut presque imaginer le crĂ©ateur de La Couronne, Peter Morgan, cherche un moyen de divertir le spectateur tout en retardant la prĂ©sence de Diana jusquâĂ la sixiĂšme saison, oĂč elle perdra la vie sur le Pont de lâĂąme Ă Paris avec Dodi Al-Fayed, son dernier partenaire. Parfois, la piĂšce sâachĂšve par un Ă©pisode amusant consacrĂ© Ă lâhomme dâaffaires Mohamed Al-Fayed, obsĂ©dĂ© par lâidĂ©e de sâintĂ©grer dans la haute sociĂ©tĂ© britannique Ă partir dâun chĂ©quier et dâacquĂ©rir les coutumes de lâaristocratie.
Dans dâautres, cependant, les images souffrent de ne pas jubiler sur la vie quotidienne du prince Charles et dâune Diana toujours prĂ©sente dans les meilleurs moments de la saison, que ce soit avec la planification de lâinterview mythique pour la BBC ou son premiĂšre conversation avec le patriarche Al-Fayed. Morgan a le talent indĂ©niable de rechercher (ou dâimaginer) des passages de la vie de la famille royale britannique pour dĂ©cortiquer le chagrin, la solitude, le devoir ou les temps qui changent.
Vous pouvez presque imaginer que le créateur Peter Morgan trouve un moyen de divertir le spectateur tout en retardant la présence de Diana dans la saison six.
Keith Bernstein/Netflix
Avec les valeurs de production de La Couronne, il faut avouer que mĂȘme dans ses moments les plus ennuyeux sa version de la vraie rĂ©alitĂ© est un plaisir. Mais lâĂ©cran ne brĂ»le que comme seules les grandes sĂ©ries peuvent le faire lorsque, par exemple, le mariage ratĂ© de Carlos et Diana est dissĂ©quĂ© dans un affichage dâinterprĂ©tation, de scĂ©nario et de planification de scĂšne. Lâombre de Diana est si longue que, un quart de siĂšcle aprĂšs sa mort, elle est encore capable de surpasser les Windsor et de leur voler la vedette dans sa propre sĂ©rie.
Lâombre de Diana est si longue quâun quart de siĂšcle aprĂšs sa mort, elle est encore capable dâĂ©clipser les Windsor et de leur voler la vedette dans sa propre sĂ©rie.
SOURCE : Reviews News
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