Creedence Clearwater Revival : le groupe qui jouait Ă  Woodstock, n’a pas durĂ© longtemps et Ă  qui Netflix rend justice dans un documentaire

Creedence Clearwater Revival : le groupe qui jouait à Woodstock, n'a pas duré longtemps et à qui Netflix rend justice dans un documentaire

😍 2022-10-10 22:41:46 – Paris/France.

Abbey Road (The Beatles), In the Court of the Crimson King (King Crimson), Tommy (The Who), Space Oddity (David Bowie), Clouds (Joni Mitchell), Ummagumma (Pink Floyd), The Soft Parade (The Doors ), Volunteers (Jefferson Airplane), Let it Bleed (The Rolling Stones), Hot Rats (Frank Zappa), Led Zeppelin, The Velvet Underground, The Stooges, The Band and their disques Ă©ponymes, ils sont tous apparus en 1969. A cette Ă©poque, un jeune groupe d’El Cerrito, en Californie, qui venait de sortir son deuxiĂšme LP, mĂ©langeait dĂ©jĂ  leur nom entre eux et se considĂ©rait parmi les artistes les plus importants des États-Unis, tout en commençant dĂ©couvrir une renommĂ©e internationale.

VOIR: « ‘LĂĄgrimas negra’ est un album unique, un de ceux qui ne se font plus »

Ces disques qui tournaient autour d’eux pendant ces annĂ©es Ă©taient du rock de toutes sortes, saveurs et projections, faisant partie du riche panorama d’une Ă©poque oĂč il semblait que le monde Ă©tait en train de s’inventer et de donner des noms aux choses, alors que des milliers de jeunes vivaient un dĂ©lire psychĂ©dĂ©lique et concret Ă  l’ùre rĂȘvĂ©e du Verseau qui a vu la splendeur de la culture hippie et la reformulation du rĂȘve amĂ©ricain. Parmi les nombreux groupes qui ont secouĂ© la scĂšne, Creedence Clearwater Revival –« CCR »- s’est dĂ©marquĂ© grĂące Ă  son son particulier, influencĂ© par le blues sĂ©minal, le folk du sud, la country rĂąpeuse, le rockabilly Ă©picĂ© et l’esprit supĂ©rieur des marais accidentĂ©s de la Louisiane, bien qu’alors aucun de ses membres ne connaissait ces limites auxquelles la musique amĂ©ricaine contemporaine doit tant. Ils portaient pourtant dans leur sang la rage vibrante du marais. Le sceau incontestĂ© lui a Ă©tĂ© donnĂ© par la voix de John Fogerty, un rĂȘveur de rock qui envisageait l’arrivĂ©e des Beatles aux États-Unis en 1964 comme quelqu’un vivant une expĂ©rience Ă©piphanique. Il a dĂ©cidĂ© qu’il voulait que son groupe aille aussi loin qu’eux, et il le voulait bientĂŽt. AprĂšs quelques annĂ©es d’instabilitĂ©, de service militaire obligatoire et plusieurs changements de nom jusqu’à ce qu’ils consolident le CCR dĂ©finitif, ils se sont lancĂ©s dans une voie de succĂšs et d’expansion musicale qui les mĂšnera Ă  l’un de leurs plus hauts sommets, lorsqu’ils se produiront au Royal Albert Hall. Ă  Londres, en avril 1970. Le monde ne s’était pas encore remis de l’éclatement des Beatles, annoncĂ© la mĂȘme semaine, au moment mĂȘme oĂč les AmĂ©ricains revenaient leur rendre visite. Le documentaire « Travelin’ Band » raconte le chemin qui les a menĂ©s lĂ -bas, qui est aussi le chemin que tout jeune qui rĂȘve d’ĂȘtre une rock star aurait pu parcourir. Dans ses paroles, son attitude et sa normalitĂ© entre tant d’autres rockstars, CC Revival a fait en sorte que ces gars se sentent authentiquement reprĂ©sentĂ©s.

guitares tranchantes

L’annĂ©e du Seigneur 1969 n’était pas seulement clĂ© pour John (chant) et Tom Fogerty (guitare), Stu Cook (basse) et Doug Clifford (batterie), mais pour l’histoire du rock en gĂ©nĂ©ral. C’était peut-ĂȘtre aussi l’apogĂ©e d’un sentiment gĂ©nĂ©ral qui allait ĂȘtre un Ă©lĂ©ment moteur du mouvement contre-culturel qui se manifestait Ă  travers une nouvelle littĂ©rature, un nouveau cinĂ©ma, une nouvelle musique et, bien sĂ»r, les protestations sociales qui transformaient leur pays. Pour certains, c’était le dĂ©but de quelque chose. Pour d’autres, la fin. En 1968, ils sortent leur premier album, dans lequel le groupe prĂ©sente Ă©galement son nouveau nom, aprĂšs s’ĂȘtre fait appeler The Blue Velvets ou The Golliwogs, et laisse deux chansons pour l’éternitĂ© : I Put a Spell on You et Susie Q, versions de deux classiques de des annĂ©es 1950, interprĂ©tĂ©s respectivement par deux artistes qu’ils admiraient, Screamin’ Jay Hawkins et Dale Hawkins. Cependant, ce n’est que sur leur album de janvier 1969, Born on the Bayou, qu’ils ont atteint le son dĂ©finitif qui en ferait l’un des morceaux live les plus forts du rock.

Cependant, malgrĂ© le fait que le nom de l’album et sa sonoritĂ© nous renvoient Ă  la gĂ©ographie de la Louisiane liĂ©e au fleuve Mississippi, les CC Revival ont mis du temps Ă  atteindre cette rĂ©gion du pays, alors qu’ils se consolidaient Ă  Los Angeles et San Francisco et ils sont devenus l’un des groupes les plus importants d’AmĂ©rique du Nord, remplissant les scĂšnes de Salt Lake City, Chicago, Honolulu, Minneapolis, Portland, Fort Lauderdale, Detroit, Dallas ou New York. Ils sont convoquĂ©s, quelques mois plus tard, au festival le plus cĂ©lĂšbre de l’époque, Woodstock. Cependant, aprĂšs quelques dĂ©sagrĂ©ments, la performance du groupe n’a finalement pas Ă©tĂ© incluse dans la version originale du documentaire sur l’évĂ©nement qui a remportĂ© l’Oscar de 1971 dans sa catĂ©gorie.

Born on the Bayou et Proud Mary sont deux des chansons dont on se souvient le plus de cet album qui serait la premiĂšre des 3 qu’ils sortiraient cette annĂ©e-lĂ . En fait, Proud Mary a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e, presque dĂšs sa crĂ©ation, comme l’une des meilleures compositions que John Fogerty ait faites pendant ses annĂ©es Ă  la tĂȘte du groupe. Il a atteint la deuxiĂšme place du palmarĂšs Billboard et est, Ă  ce jour, l’une des versions les plus couvertes de CC Revival, car plus de 100 artistes y ont Ă©galement ajoutĂ© leur voix et leur style. Bob Dylan lui-mĂȘme le considĂ©rait comme l’un de ses favoris de cette annĂ©e-lĂ . La premiĂšre semaine d’aoĂ»t 1969, peu avant leur prĂ©sentation Ă  Woodstock, ils sortent le LP Green River, qui aura le thĂšme Ă©ponyme parmi ses principaux succĂšs, en plus de Wrote a Song for Everyone, Lodi ou Bad Moon Rising, qui signifierait son premier numĂ©ro 1 en Angleterre et, prĂšs de 50 ans plus tard, il sera « versionnĂ© » par les supporters argentins lors de la Coupe du monde 2014 comme « BrĂ©sil, dis-moi ce que ça fait ».

Des nĂ©gociations Ă©puisantes et infructueuses et d’autres problĂšmes juridiques ont fait que son apparition Ă  Woodstock n’a pas pu ĂȘtre vue en vidĂ©o pendant des dĂ©cennies. Apparemment, l’inconfort de John Fogerty avec la performance a Ă©tĂ© dĂ©cisif pour cela. Ils avaient attendu pendant des heures le retard des Grateful Dead et l’extension exagĂ©rĂ©e subsĂ©quente de leur set aprĂšs avoir tous consommĂ© des doses incalculables de LSD. Curieusement, The Dead ou The Band, eux aussi mĂ©contents de leurs performances au festival, n’apparaissaient pas non plus dans la premiĂšre version du documentaire « Woodstock, 3 jours de paix et de musique ». Pour cette raison, beaucoup ne se souviennent pas – ou ne savent mĂȘme pas – qu’il y a 53 ans, ils y ont jouĂ© et qu’ils ont jouĂ© un rĂŽle important dans l’histoire du rock.

« Pour moi, cette tournĂ©e montre que, 15 ans plus tard, le rock and roll doit ĂȘtre pris plus au sĂ©rieux »dit Stu Cook dans le documentaire. Dans Travelin’ Band, les quatre membres du groupe, au look sobre et simple, loin de l’attirail colorĂ© de nombre de leurs contemporains, parlent avec un naturel absolu de leur passage en tant que groupe, du chemin parcouru, de la libertĂ© qu’on y trouve ou leur impression lors de sa premiĂšre tournĂ©e europĂ©enne, qui s’est arrĂȘtĂ©e dans des villes comme Rotterdam, Essen, Stockholm, Copenhague, Berlin, Paris ou Londres. Leurs grands moments lĂ -bas ont eu lieu les 14 et 15 avril au Royal Albert Hall, oĂč Cream ou Jimi Hendrix se sont Ă©galement produits, lorsqu’ils ont reçu une standing ovation de plus de 15 minutes. Ces images marquent pleinement la deuxiĂšme partie du documentaire de Netflix qui compte des images inĂ©dites, des interviews, des apparitions tĂ©lĂ©visĂ©es et des vidĂ©os personnelles enregistrĂ©es par eux-mĂȘmes. Un matĂ©riau qui n’avait pas Ă©tĂ© vu jusqu’à prĂ©sent et qui est racontĂ© de maniĂšre fiable par l’acteur Jeff Bridges.

(Photo : Netflix)

« A Rotterdam, ils ont eu la mĂȘme rĂ©action qu’à Oakland, Los Angeles et Omaha. Quelque chose est en train de se passer », a ajoutĂ© Stu Cook dans ses dĂ©clarations documentaires. Lui et ses compagnons commençaient Ă  comprendre que le rock Ă©tait un langage universel.

OĂč est CC Revival ?

Dans la pĂ©riode suivante, CC Revival sortira des albums comme Willy and the Poor Boys (1969), Cosmo’s Factory (1970), Pendulum (1970) ou Mardi Gras (1972), qui reçurent un accueil mitigĂ© parmi les critiques et les fans, mais nous laissĂšrent des chansons comme Down on the Corner, Cotton Fields, Fortunate Son -l’une des meilleures chansons contre la conscription militaire pour le Vietnam-, Midnight Special, Travelin’ Band, Up Around the Bend, I Heard It Through the Grapevine, Molina, Hey Tonight, Someday Never Comes, Sweet Hitch-Hiker ou the evergreen Avez-vous dĂ©jĂ  vu la pluie? C’est justement Ă  partir de cette chanson que Juan Gabriel fera une surprenante reprise de « Quiero Creedence », l’hommage latin dĂ©diĂ© au groupe californien. « Merci au soleil » a Ă©tĂ© l’une des derniĂšres sorties de la vie de la divo mexicaine. À sa mort, John Fogerty lui-mĂȘme a reconnu son talent, l’a considĂ©rĂ© comme une lĂ©gende et a avouĂ© qu’il « aimait » la version qu’il avait faite en espagnol.

Plus de 50 ans aprĂšs ces annĂ©es merveilleuses, CC Revival a rĂ©cemment trouvĂ© une paix qu’ils n’avaient pas eue depuis le dĂ©but des annĂ©es 70, lorsque des troubles internes ont d’abord aliĂ©nĂ© le frĂšre de John, Tom, puis Stu Cook et Doug Clifford. Tom est dĂ©cĂ©dĂ© en 1990, sans jamais se lier d’amitiĂ© avec son frĂšre. Il n’y avait que deux exceptions : une apparition privĂ©e au mariage de Tom en 1980 et une rĂ©union Ă©phĂ©mĂšre pour une rĂ©union de classe de son Ă©cole, en 1983.

John Fogerty lors d’un concert au Ziggo Dome d’Amsterdam en 2017. (Photo : Paul Bergen / ANP / AFP) / PAUL BERGEN

Stu et Doug ont eu des batailles avec John sur les redevances pour les chansons et l’hĂ©ritage du groupe. En effet, ils ont formĂ© leur propre groupe, Creedence Clearwater Revisited, afin de tourner le meilleur de leur rĂ©pertoire. L’un des moments les plus tendus, cependant, a eu lieu en 1993, lorsque le groupe a Ă©tĂ© intronisĂ© au Rock and Roll Hall of Fame. John Fogerty a refusĂ© d’apparaĂźtre avec Cook et Clifford et l’a fait Ă  la place avec Bruce Springsteen et Robbie Robertson de The Band qui, assez curieusement, ont Ă©galement eu des problĂšmes avec ses camarades de groupe. Fogerty’s Ă©tait une impolitesse sĂ©rieuse qui ne ferait qu’ajouter du sel aux plaies. « Comment serre-t-on la main d’un serpent Ă  sonnette ? », Fogerty a dit un jour s’il y avait eu une communication avec ses anciens coĂ©quipiers. Il semble qu’il sache quelque chose que nous ignorons. L’ancien chanteur aurait, oui, la carriĂšre solo la plus rĂ©ussie parmi les 3 membres survivants, tous maintenant septuagĂ©naires.

Pourtant, en aoĂ»t 2020, Stu Cook assurait dans une interview Ă  ABC qu’ils Ă©taient parvenus Ă  des accords qui, finalement, mettaient fin Ă  leurs diffĂ©rends et Ă©taient bĂ©nĂ©fiques pour les 3 rescapĂ©s de CC Revival. Bien sĂ»r, le pacte n’est que dans un domaine. « Nous avons une relation d’affaires aujourd’hui »dit Doug Clifford. « Mais personne n’invite personne Ă  dĂźner”.

« As-tu l’impression que le groupe va dans la direction que tu veux ? »demandent-ils Ă  John Fogerty dans le documentaire. « Oui, mais pas Ă  la vitesse que je souhaite », il dit. C’était en 1970. Le groupe n’est restĂ© ensemble que 2 ans de plus. Peut-ĂȘtre qu’aujourd’hui, Fogerty est Ă  la vitesse dont il a besoin. Comme le protagoniste de Old Man Down The Road, l’une des chansons emblĂ©matiques de sa carriĂšre solo, il avance parce qu’il prend le tonnerre de la montagne et l’éclair du ciel.

SOURCE : Reviews News

N’hĂ©sitez pas Ă  partager notre article sur les rĂ©seaux sociaux afin de nous donner un solide coup de pouce. 👓

Quitter la version mobile