Carlos FernĂĄndez : « Netflix veut ĂȘtre une tĂ©lĂ©vision ouverte quand il sera grand, mais payant »

Carlos FernĂĄndez : "Netflix veut ĂȘtre une tĂ©lĂ©vision ouverte quand il sera grand, mais payant" - EL PAÍS

😍 2022-07-09 05:30:00 – Paris/France.

Au cours de ses plus de trois dĂ©cennies d’existence, Antena 3 n’avait pas Ă©tĂ© couronnĂ©e chaĂźne la plus regardĂ©e en aucune saison. Jusqu’au cours qui vient de se terminer. Avec une part d’écran de 14%, il a scellĂ© la meilleure note en 13 ans. Il a prĂ©valu dans la bataille de plus en plus sanglante pour le public et a vaincu la poussĂ©e des rois du diffusion. Une grande partie du succĂšs repose sur ce que la chaĂźne privĂ©e a baptisĂ© « le golden mile » : le trident formĂ© par Pasapalabra, ActualitĂ©s 2 Oui La fourmiliĂšre, des titres qui dominent leurs crĂ©neaux horaires respectifs et ont forgĂ© un bloc gagnant. « Être des leaders n’a jamais Ă©tĂ© notre objectif », avoue Carlos FernĂĄndez (Madrid, 60 ans), directeur gĂ©nĂ©ral du contenu chez Atresmedia, qui possĂšde Ă©galement des marques telles que La Sexta et Onda Cero. « Notre objectif », souligne-t-il, « a toujours Ă©tĂ© d’avoir un modĂšle de tĂ©lĂ©vision basĂ© sur le divertissement, la fiction et l’actualité ».

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FernĂĄndez connaĂźt bien le secteur audiovisuel. Sociologue de formation, il entre dans le monde de l’audiovisuel au dĂ©but des annĂ©es 1990. Il est passĂ© par Telemadrid, Telecinco, Sogecable, TVE, Plural Entertainment et Vocento jusqu’à ce qu’en 2009 il devienne le directeur du contenu d’Atresmedia TV. Il est maintenant Ă  la tĂȘte de l’activitĂ© tĂ©lĂ©vision aprĂšs la rĂ©cente nomination de Javier BardajĂ­ au poste de PDG. Dans un bureau dont la seule note de couleur est la mosaĂŻque d’écrans sur lesquels scintillent une dizaine de chaĂźnes, il dĂ©fend l’engagement envers les sĂ©ries turques et soutient que la fiction a atteint son apogĂ©e sur le marchĂ© mondial. « Il est impossible d’alimenter Netflix, Disney, HBO, la tĂ©lĂ©vision gratuite et les milliers de chaĂźnes dans le monde. Les talents sont limitĂ©s. »

le poids de la fiction

Ses prĂ©dictions sont gĂ©nĂ©ralement justes. DĂ©jĂ  en 2015, il avait annoncĂ© qu’un changement de cycle arrivait. « Beaucoup ne m’ont pas cru, mais on a vu qu’il fallait abandonner la fiction et s’ouvrir Ă  un modĂšle de divertissement beaucoup plus solide et puissant », se souvient-il. En effet, les formats destinĂ©s Ă  distraire sont le grand atout d’Antena 3. Ton visage m’est familier Il est diffusĂ© depuis maintenant dix ans et s’est exportĂ© dans 38 pays. Ce qui est symptomatique, c’est que ces contenus ne sont plus seulement l’hĂ©ritage de la tĂ©lĂ©vision conventionnelle. « Avec l’émergence des plateformes de paiement qui mettent l’accent sur la fiction, le divertissement prend le relais sur la tĂ©lĂ©vision linĂ©aire. C’est ce qui fait la diffĂ©rence. DĂ©sormais, les plateformes se sont inscrites au divertissement. S’ils entrent dans des genres qui sont le territoire de la tĂ©lĂ©vision gratuite, il faudra bouger », prĂ©vient FernĂĄndez, qui envisage un retour Ă  la diffusion gratuite de sĂ©ries plus conceptuelles. « Si les distributeurs de vidĂ©os font des mĂ©lodrames, comme des adaptations de fictions turques, cela nous ouvrira des opportunitĂ©s de retour dans l’ancien monde. Maintenant, 80 % sont du divertissement et peut-ĂȘtre devrions-nous passer Ă  60 % et donner plus de poids Ă  la fiction. Et si des marques comme Netflix proposent aussi de la publicitĂ©, il semble clair que ce qu’elles veulent ĂȘtre quand elles seront grandes, c’est de la tĂ©lĂ©vision ouverte, mais payante ».

Roberto Leal, animateur de ‘Pasapalabra’, l’une des clĂ©s du succĂšs de la chaĂźne.

Le tournant pour gagner la saison n’a pas Ă©tĂ©, selon FernĂĄndez, l’incorporation de Mot de passe (prĂ©cĂ©demment sur Telecinco) sur la grille d’Antena 3, qui a recueilli 22,5% d’audience, ce qui se traduit par 2,5 millions de tĂ©lĂ©spectateurs. Le concours « est important, mais pas tant pour construire le leadership. Il a aidĂ©, mĂȘme s’il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©cisif. « The Golden Mile » est la clĂ© pour gagner aux heures de grande Ă©coute, mais nous avons commencĂ© Ă  gagner toute la journĂ©e quand il est arrivĂ© Terre amĂšre. C’est l’axe de la victoire. Il attire un million et demi de tĂ©lĂ©spectateurs sur le bureau (16,3%) et amĂ©liore les performances du vĂ©tĂ©ran L’amour est pour toujours (12,3%).

Le groupe a Ă©tĂ© pionnier en pariant sur les feuilletons d’origine turque, qui dans le commerce international ont pris le relais des grands feuilletons vĂ©nĂ©zuĂ©liens des annĂ©es 1990, mais avec un style modernisĂ©, un « niveau de production impressionnant ». Le rĂ©alisateur d’Atresmedia perçoit que le spectateur exige de revenir « au mĂ©lodrame classique ». des titres comme infidĂšles, frĂšres Soit terre amĂšre Ils sont le reflet de cette nouvelle tendance, qui a mĂȘme Ă©tĂ© adoptĂ©e par les plateformes de paiement. « Netflix a dĂ©jĂ  des sĂ©ries turques et travaille sur des adaptations pour le marchĂ© mondial », explique FernĂĄndez.

MalgrĂ© tout, il constate une certaine stagnation de l’offre de fiction sur les plateformes. « D’un cĂŽtĂ©, Netflix a commencĂ© Ă  annuler des projets et, de l’autre, d’un point de vue crĂ©atif, son objectif est de trouver des minimums communs pour attirer tout le monde et cela fait perdre de l’originalitĂ© Ă  la sĂ©rie. A cela s’ajoute que l’industrie audiovisuelle mondiale ne suffit pas. Ce n’est pas que la fiction s’est effondrĂ©e, mais elle a atteint un sommet. D’oĂč le pari des plateformes de programmes de divertissement et l’enchĂšre sur le marchĂ© des droits sportifs : Disney a repris la Formule 1 pour les USA et Amazon a achetĂ© les images du Premier ».

Image de la série turque « Bitter Land ».

Aller sur le marchĂ© turc est compatible avec sa propre production. Actuellement, Atresmedia compte 18 sĂ©ries en cours d’enregistrement, mais beaucoup ne sont pas destinĂ©es Ă  ĂȘtre diffusĂ©es sur la chaĂźne gĂ©nĂ©raliste mais sur sa plateforme de paiement, Atresplayer Premium, qui sera diffusĂ©e cette annĂ©e. la mariĂ©e gitane, La route Oui deux ans et un jourentre autres titres.

Actualités et réseaux sociaux

L’information est un autre des piliers fondamentaux de la tĂ©lĂ©vision gratuite. Et dans ce domaine, Antena 3 l’emporte Ă©galement sur ses rivaux. Les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s reprĂ©sentent 19,5 % de part d’audience, contre 13,5 % pour Telecinco, 10,5 % pour TVE et 8,5 % pour La Sexta. Les deux chaĂźnes gĂ©nĂ©ralistes du groupe agissent de maniĂšre autonome. « Antena 3 et La Sexta ont leur propre ligne Ă©ditoriale et il n’y a aucune sorte d’ingĂ©rence. Il y a de la concurrence dans le bon sens, avec deux rĂŽles clairement rĂ©partis. La Sexta est la chaĂźne de l’actualitĂ© et Antena 3 celle du divertissement, mais sans nĂ©gliger l’actualitĂ© ».

Le dĂ©fi rĂ©current est de savoir comment attirer un jeune public. L’Institut Reuters et l’UniversitĂ© d’Oxford ont dĂ©tectĂ© que 39% des 18-24 ans utilisent les rĂ©seaux sociaux comme principale source d’information. FernĂĄndez qualifie ce phĂ©nomĂšne de « terrifiant » car « dans les rĂ©seaux sociaux, ce que les jeunes appellent l’information n’a probablement rien Ă  voir avec le journalisme car ce sont des histoires qui ne sont ni vĂ©rifiĂ©es ni Ă©tayĂ©es par un travail professionnel ». Et il considĂšre que si les mĂ©dias traditionnels veulent se rapprocher des rĂ©seaux sociaux, ils devront s’adapter aux rĂ©cits de TikTok, Instagram ou Twitch. « Le dĂ©fi est de ne pas entrer dans un environnement toxique qui vous engloutit. Si des mĂ©dias solvants entrent, comme nous ou EL PAÍS, nous aurons une opportunitĂ©. Il faut apprendre le langage des jeunes, leur façon de communiquer et se mettre Ă  leur place, ne pas chercher Ă  les faire venir au vĂŽtre. Il ne s’agit pas de rĂ©duire un journal tĂ©lĂ©visĂ© d’une demi-heure Ă  cinq minutes ».

La rĂ©forme de la loi audiovisuelle a placĂ© les grands opĂ©rateurs dans la gĂąchette du fait de la figure du producteur indĂ©pendant. FernĂĄndez rejette la polĂ©mique : « Avant, nous avions l’obligation d’investir 0,9 % de la facturation dans des sociĂ©tĂ©s de production indĂ©pendantes. Maintenant, il va falloir monter Ă  3,5 %. Et les OTT s’engagent Ă©galement dans cette obligation. On a calculĂ© que le secteur passerait d’un investissement de 32 millions Ă  112. Si on regarde l’ancien modĂšle amĂ©ricain, dans lequel le producteur prenait le risque, on voit qu’ici un producteur apporte une idĂ©e et ne prend pas de risques. Votre seul risque est de perdre votre profit industriel.

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SOURCE : Reviews News

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