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Mis à jour Mercredi 31 Août 2022 – 20:00
Noah Baumbach ouvre le festival vénitien avec l’adaptation du roman inadaptable de Don DeLillo pour réaliser un exorbitant exercice de cinéma entre terreur, comédie et spasme
Adam Driver et Noah Baumbach à Venise.MARCO BERTORELLOAFP
Il y a des films qui naissent avec la condition et l’aspect du symptôme. Ce sont plus des épiphénomènes que des phénomènes. Avant la fièvre que la maladie. Si vous voulez, et pour dépoussiérer les classiques, plus ‘pour-s’, pour ce qu’ils ont de conscience (de conscience et de représentation du monde) ; Quoi ‘en-s’, pour son immédiateté et sa réalité proprement mondaine. l’écrasante ‘Bruit de fond’, par Noah Baumbach est un bon exemple. Le meilleur exemple peut-être. Il semblerait que la décision d’ouvrir la Mostra vénitienne avec cette adaptation impossible du roman deDon DeLillo publié en 1985 est étonnamment cohérent dans son incohérence sauvage.
Pas en vain, nous sommes devant la radiographie la plus appropriée d’une époque – celle-ci qui est la nôtre – qui, à force de se dématérialiser, de perdre le goût et la substance, de se dépouiller du privilège le plus élémentaire du sens de le temps s’est écoulé ce ne sera plus que le reflet lointain de probablement rien. Ce n’est pas tant du pessimisme, ou du catastrophisme élitiste et souffrant, que, justement, du bruit de fond. Et ce qui vaut pour le réel, le dur, vaut exactement pareil pour le cinéma lui-même, le soft. Comment comprendre qu’un tel exercice cérébral qui remet tout en question et qui détruit tout finisse par être le drapeau commercial de ce temple du consommation stressante et irréfléchie que représente Netflix (elle en est la productrice) ? Et à un festival de cinéma ! Appelez cela un paradoxe ou, comme nous l’avons dit, un épiphénomène.
Le réalisateur raconte qu’il y a tout juste trois ans, il a surpris avec ‘Histoire d’un mariage‘ ici même au Lido, que le livre de DeLillo est tombé entre ses mains au bon moment. « Quand je vais voir »Couru‘ de Kurosawa est venu dans ma maison ‘Bruit de fond’», commente-t-il sans être tout à fait clair sur le rapport d’un fait à un autre. Le fait est que depuis c’est devenu une obsession (le roman, pas l’art des samouraïs). En y regardant d’un peu plus près, ça se comprend. de ce New-Yorkais convaincu vit pris au piège, entre stupeur et farce, dans l’éternelle obsession de la perte ; à la recherche, pour ainsi dire, de certitudes (seulement les plus évidentes). Et l’énorme travail de l’écrivain aussi de New York a beaucoup de cela : une description schématique et polyphonique de chacune des supposées évidences qui nous consument dans une société consumée par la consommation ; des certitudes qui ne font que nous conduire à la plus simple erreur.
Julianne Moore et Audrey Diwan.AFP
Adam Driver et Greta Gerwig Ils sont les protagonistes d’une histoire qui raconte à sa manière une catastrophe écologique causée par un terrible accident. En réalité, il ne raconte pas tant la catastrophe du nuage toxique lui-même que le chaos qu’il produit soudainement dans une communauté qui vit heureusement seule entre des supermarchés parfaitement approvisionnés et de très excellentes universités. Bien qu’en vérité, la vie de personne ne soit comptée comme le néant de la vie de tout le monde. Driver est un enseignant qui sait tout sur Hitler et commence à savoir quelque chose sur Elvis (les deux mythes, nous dit-il, qui sont là pour sublimer la peur légitime de la mort) et Gerwig est une femme effrayée à l’extrême difficilement mesurable par la science. .imminence de, précisément, la mort. Bien sûr, toute ressemblance avec ces temps de crises énergétiques, catastrophes migratoires et post-pandémies qu’ils ne s’arrêtent pas est tout sauf une simple coïncidence. Très brièvement, le film parle essentiellement de la mort. Comme tous les bons, d’ailleurs.
Avec ces éléments très mal placés, ‘Bruit de fond’le film, parvient à devenir un état d’esprit fébrile qui renvoie aussi à une terreur plus élaborée qu’à la comédie ‘burlesque‘ le plus évidemment claqué. Et il est là, dans son impossibilité physique, dans son délire satisfait, où il met en évidence chacune de ses réalisations à côté de chacune de ses limites. Disons que tout le film est très conscient de son heureuse contradiction et en fait ainsi prendre conscience au spectateur dans l’excès délicat de chacun de ses plans. Être contradictoire, pour hâter l’argumentation, fait partie de la structure même de l’intrigue jusqu’au point d’épuisement le plus évident. Que sa société de production soit la plateforme qui symbolise à nul autre pareil que la vision bulmique inconsciente de la durée (de l’expérience du temps et de ses limites) serait la cerise sur le gâteau de ce prodigieux oxymore projeté dans une ville en perdition. Littéralement.
Catherine Deneuve.AFP
Le philosophe nous a dit qu’il y a longtemps qu’on a cessé de produire des objets pour leur valeur d’usage pour fabriquer simplement des symboles, des drapeaux ou des étiquettes. C’est-à-dire rien ou presque rien. Ainsi, lorsque nous consommons quelque chose, plutôt que de satisfaire un besoin, nous nous limitons à utiliser un signe ou, mieux, nous sommes utilisés par un code dont on comprend à peine le fonctionnement et dont la fonction n’est autre que, dans une lecture maximaliste, de garder intact le vide qui nous anime. Bruit de fond.
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SOURCE : Reviews News
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