Avis | ‘Stranger Things’ : pop, entre exorcisme et Ă©vasion

Avis |  'Stranger Things' : pop, entre exorcisme et Ă©vasion - The Washington Post

🍿 2022-07-03 00:17:00 – Paris/France.

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Jorge CarriĂłn est Ă©crivain et critique culturel.

Cet article contient des spoilers.

La quatriĂšme saison de choses Ă©tranges C’était le meilleur et le pire Ă  la fois. Les sept chapitres de son premier volume ont rĂ©ussi Ă  nous impliquer Ă©motionnellement et Ă  nous surprendre avec leurs rebondissements. Mais les deux longs mĂ©trages qui composent le second, malgrĂ© la puissance de certaines de leurs scĂšnes, n’ont pas su faire durer cette tension. Et bien que notre complicitĂ© avec le gang d’adolescents soit devenue fraternelle – ou, selon l’ñge du spectateur, paternelle-filiale -, il a Ă©tĂ© dĂ©cevant de voir Ă  quel point l’esprit de ruche des monstrueux ennemis du monde Ă  l’envers (À l’envers) avait en fait un seul cerveau central.

À l’approche de la derniĂšre saison, les personnages collectifs se dissolvent donc en deux protagonistes uniques: la super-hĂ©roĂŻne Eleven contre Vecna, la supervillain. Ce qui semblait ĂȘtre une fiction qui revisitait les annĂ©es 1980 d’un regard nostalgique et rĂ©seautĂ© sur le XXIe siĂšcle est en rĂ©alitĂ© une histoire manichĂ©enne du type Le Seigneur des Anneaux ou de Harry Potter. Si vous voulez voir une sĂ©rie sur l’adolescence exigeante, polyĂ©drique, troublante de notre temps, vous avez dĂ©jĂ  euphoriesemblent nous dire les frĂšres Duffer, crĂ©ateurs de la sĂ©rie : ce que nous cherchons, c’est de nous rĂ©fugier dans les certitudes des clichĂ©s et des courant dominant, au caractĂšre apaisant des manigances Ă©culĂ©es. Que recherche la majoritĂ© unanime ?

Le contexte historique a favorisĂ© la rĂ©ception de la sĂ©rie. Lorsque les Duffers ont dĂ©cidĂ© de mĂȘler l’imaginaire de la science-fiction et de la terreur Ă  celui de la guerre froide, ils ne pouvaient pas deviner que Vladimir Poutine attaquerait l’Ukraine et prĂ©cipiterait l’élargissement de l’Organisation du traitĂ© de l’Atlantique Nord (OTAN). C’est-Ă -dire choses Ă©tranges elle coexisterait avec le retour de la guerre froide. Ils ne pouvaient pas non plus prĂ©voir qu’un nouveau virus mettrait toute l’humanitĂ© en Ă©chec, ni qu’il provoquerait la prolifĂ©ration sans prĂ©cĂ©dent de thĂ©ories du complot – qui impliqueraient des laboratoires secrets – et l’augmentation de l’anxiĂ©tĂ© et de la peur.

Le conflit entre les États-Unis et l’Union soviĂ©tique, ainsi que le traumatisme et l’insĂ©curitĂ© psychologique de certains personnages secondaires – les victimes de Vecna ​​- et d’Onze elle-mĂȘme, sont la reprĂ©sentation macro et micro du mĂȘme phĂ©nomĂšne que la sĂ©rie a magistralement explorĂ©. . Tous les sujets, collectifs et individuels, des puissances mondiales aux enfants, sont unis par les mĂȘmes monstres. Des ĂȘtres terribles attendant le bon moment pour se rĂ©veiller et grandir en nous : la violence d’un pĂšre, un accident scientifique, une urgence sanitaire, l’invasion d’un pays voisin.

Mais le contexte favorable ne se trouve pas seulement dans la gĂ©opolitique et dans la pandĂ©mie mentale, mais aussi dans la plateforme elle-mĂȘme. choses Ă©tranges fait partie de la constellation de sĂ©ries Netflix qui ont battu les records d’audience de la plateforme ces cinq derniĂšres annĂ©es, aux cĂŽtĂ©s de Le vol d’argent Oui le jeu du calmar. Trois projets trĂšs diffĂ©rents et, nĂ©anmoins, avec une gĂ©nĂ©tique trĂšs similaire. Un ensemble de personnages composent une famille artificielle face Ă  un dĂ©fi complexe. Le dĂ©passement des Ă©preuves, la rĂ©solution des Ă©nigmes acquiert, dans le plan de l’action dramatique, la forme du dĂ©passement des Ă©crans d’un jeu vidĂ©o et des phases sentimentales de relations multiples ; et, dans le cas de la sĂ©miotique, elle implique l’activation des spectateurs, qui deviennent des radars ou des dĂ©tecteurs de clins d’Ɠil et de rĂ©fĂ©rences. En mĂȘme temps qu’elles crĂ©ent une mythologie et un monde, les Ɠuvres brevettent aussi leur propre esthĂ©tique, potentiellement virale : les masques des braqueurs, les uniformes des gardes, l’architecture du labyrinthe ludique, les silhouettes eighties qui rappellent les goonies Soit HE. Tout cela recouvert de diverses formes de nostalgie.

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Si dans la deuxiĂšme saison de euphorie le personnage clĂ© est Lexi, qui transforme la vie des protagonistes de la sĂ©rie en une reprĂ©sentation thĂ©Ăątrale baroque, dans le quatriĂšme de choses Ă©tranges ce rĂŽle conscient est assumĂ© par Max. « Il voit l’obscuritĂ© en nous, je dois aller dans la direction opposĂ©e, vers la lumiĂšre », dit-il alors qu’il s’apprĂȘte Ă  ĂȘtre l’appĂąt qui leur permettra d’achever Vecna. MalgrĂ© la narration vertigineuse et parfaite des attaques simultanĂ©es, sur diffĂ©rents fronts, des cinq groupes de personnages qui se trouvent dans des espaces diffĂ©rents lors de l’apogĂ©e qui provoque cette dĂ©cision sacrificielle dans le dernier chapitre; le point culminant de la saison se produit Ă  la fin du quatriĂšme Ă©pisode, lorsque Max elle-mĂȘme est sauvĂ©e in extremis par ses amis des griffes de la terreur. Ce n’est pas seulement le point culminant Ă©motionnel de la saison. C’est aussi votre clĂ© conceptuelle.

Max – traumatisĂ©e enfant par son propre frĂšre, possĂ©dĂ© par les dĂ©mons de la À l’envers et dĂ©cĂ©dĂ© la saison prĂ©cĂ©dente – a Ă©tĂ© traitĂ© par le mĂȘme psychothĂ©rapeute de l’institut qui a Ă©galement interrogĂ© le reste des victimes de Vecna. Mais, comme d’habitude dans la sĂ©rie, l’aide ne se trouvera pas dans le monde des adultes, mais dans celui des copains et de la pop culture. La seule chose qui la rĂ©conforte et la protĂšge de la bĂȘte de la rĂ©alitĂ© parallĂšle est la chanson « Running Up That Hill (A Deal With God) », de Kate Bush, que son baladeur passe en boucle. la pop, la courant dominant Non seulement ils nous distraient, mais ils nous protĂšgent Ă©galement de nos fantĂŽmes. C’est peut-ĂȘtre le secret de notre dĂ©pendance Ă  eux et le secret de choses Ă©tranges. Le plus Ă©trange dans la culture de masse : elle est bonne et mauvaise Ă  la fois, capable du meilleur et du pire, et elle oscille entre l’exorcisme et l’évasion.

SOURCE : Reviews News

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