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|  Avant-premiÚres en ligne : critique de « The Viewing », de Panos Cosmatos (Netflix) - micropsiacine.com

🍿 2022-10-31 13:50:21 – Paris/France.

Remarque : compte tenu du fait que la sĂ©rie CABINET DE CURIOSITÉScoordonnĂ© et commandĂ© par Guillermo del Toro, est composĂ© de huit Ă©pisodes indĂ©pendants rĂ©alisĂ©s par des cinĂ©astes connus, je vais Ă©crire Ă  leur sujet ici (pas nĂ©cessairement sur chacun d’eux ou en respectant l’ordre dans lequel ils apparaissent dans l’anthologie) pour ce que ce sont des courts mĂ©trages – mais enfin des films – individuels et sĂ©parĂ©s les uns des autres.

Ceux qui ont dĂ©couvert Panos Cosmatos grĂące Ă  la participation de Nicolas Cage Ă  cet incroyable dĂ©lire qui fut MANDY ils savent que le rĂ©alisateur ne s’adapte pas aux styles ou aux formats connus, que sa façon d’apprĂ©hender le cinĂ©ma est absolument la sienne, quelles que soient les influences et les rapprochements que l’on peut trouver dans ses films. Et dans son incursion sur Netflix, grĂące Ă  l’appel de Guillermo del Toro, le rĂ©alisateur ne modifie ni n’altĂšre en rien sa façon d’apprĂ©hender le cinĂ©ma. Pas seulement la terreur mais le cinĂ©matographique comme vibration particuliĂšre formelle, esthĂ©tique, presque physique.

l’intrigue de LE VISAGE (Soit L’INSPECTION, tel qu’il a Ă©tĂ© traduit en espagnol), qui dure Ă  peine 56 minutes, est on ne peut plus Ă©vident ou banal : un milliardaire reclus invite un groupe hĂ©tĂ©roclite de personnes dans son manoir avec un objectif secret qui y sera rĂ©vĂ©lĂ©. Rien de nouveau par ici : des centaines de films ont Ă©tĂ© tournĂ©s dans des locaux similaires. La diffĂ©rence est qu’aucun d’entre eux n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Cosmatos. L’homme, soyons d’accord, se soucie peu ou pas de l’intrigue. Ce qu’il essaie de faire, c’est de mettre le spectateur dans un climat Ă©trange, magique, lysergique, Ă©trange, sombre et oui, finalement, assez terrifiant, mais qui n’occupera qu’une partie – la plus impressionnante, bien sĂ»r – de ce genre de «rencontre des esprits ».

Dans un garage, en 1979, quatre personnes ont reçu une curieuse invitation. Il s’agit du producteur de musique Ă  succĂšs Randall Roth (comĂ©dien Eric AndrĂ©), du psychique paranormal Targ Reinhhard (Michael Therriault), du cĂ©lĂšbre Ă©crivain Ă  succĂšs Guy Landon (Steve Agee) et de la scientifique Carlotte Yie (Charlyne Yi). Ils ont en commun d’avoir parfois Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  Talk shows et sont rĂ©putĂ©s dans leurs domaines. LĂ , un certain HĂ©ctor les attend dans une voiture, qui les emmĂšne jusqu’au manoir comme s’ils allaient tomber sur Charlie et sa chocolaterie.

Le manoir, bien sĂ»r, est un dĂ©lire architectural futuriste qui, filmĂ© avec les couleurs saturĂ©es et les projecteurs cinĂ©matographiques diffus de Cosmatos, ressemble Ă  quelque chose comme un dĂ©cor d’un film de Dario Argento entourĂ© d’une sorte de forĂȘt, quelque chose qui augmente en fonction de la musique Ă©lectronique de synthĂ©tiseurs (avec l’aimable autorisation de Daniel Lopatin) qui s’entend non seulement sur la bande sonore mais dans la maison elle-mĂȘme.

Ils y sont reçus par le milliardaire en question, un certain Lionel Lassiter (le grand Peter Weller, des dĂ©cennies aprĂšs ROBOCOP), qui a un mĂ©decin particulier nommĂ© Zahara (Sofia Boutella) qui lui injecte diffĂ©rentes drogues par voie intraveineuse aux propriĂ©tĂ©s curieuses. Et la plupart du temps LE VISAGE partira dans la rare sĂ©rie de conversations que Lassiter aura avec ses invitĂ©s au cours desquelles il s’enquerra de leur vie et, en mĂȘme temps, leur fournira leurs boissons et drogues prĂ©fĂ©rĂ©es, toutes d’excellente qualitĂ©.

Pourquoi les avez-vous rĂ©unis lĂ -bas ? Pour qu’ils voient quoi ? Eh bien, cela sera rĂ©vĂ©lĂ© dans le dernier tiers de LE VISAGE, une sĂ©quence d’horreur presque « cronenbergienne » qui semble curieusement trop courte, comme le dĂ©but de quelque chose qui pourrait durer de plus en plus longtemps. En fait, vous pourriez considĂ©rer le film comme une sorte d ‘ »histoire d’origine » de, eh bien, quelque chose qui se produit une fois que les quatre invitĂ©s et les deux hĂŽtes se connectent avec ce que Lassiter a promis de leur montrer. En dĂ©voiler plus n’est pas nĂ©cessaire, mais j’ai l’impression que c’est le dĂ©but de quelque chose qui va continuer.

LE VISAGE (le septiĂšme Ă©pisode des huit qui composent LE CABINET DE CURIOSITÉS) pourrait ĂȘtre vue comme une maniĂšre de filmer astucieuse et subtile, d’une durĂ©e Ă  peine supĂ©rieure Ă  celle d’un court mĂ©trage, l’une de celles histoires d’origine qui sont gĂ©nĂ©ralement inutilement prolongĂ©s dans des dizaines de films de genre. Mais on a le sentiment que Cosmatos ne pense pas en ces termes. Ou du moins ce n’est pas ce qui compte le plus pour lui. Une grande partie du film consiste Ă  mettre le spectateur dans le climat dans lequel ces six personnes se connectent (il est recommandĂ© de regarder le film la nuit et toutes les lumiĂšres Ă©teintes), Ă  comprendre pourquoi ils ont Ă©tĂ© choisis et Ă  remarquer comment cette consommation les amĂšne Ă  un Ă©tat mental que le film « correspond » sur le plan esthĂ©tique, conduisant Ă  ce que les scĂšnes elles-mĂȘmes et la musique se dĂ©forment en fonction de la voyage des protagonistes.

Cosmatos n’est pas pressĂ© – ses films se caractĂ©risent par une lenteur sombre Lofi–, ses dialogues semblent ĂȘtre Ă©crits via Google Translate et ses personnages ont l’emphase caricaturale des films de genre europĂ©ens de classe B des annĂ©es 70. Sans ĂȘtre strictement un hommage, le rĂ©alisateur de AU-DELÀ DE L’ARC-EN-CIEL NOIR semble convoquer les fantĂŽmes de ce type de cinĂ©ma (le fait qu’il soit italo-canadien semble la meilleure justification du combo Argento-Cronenberg citĂ© ici, mĂȘme si l’on pourrait ajouter bien d’autres rĂ©fĂ©rences) et toute une Ă©poque d’horreur du ton et le type de vibration produit par sa façon de filmer.

L’histoire, au moins jusqu’à son dernier tiers, est la moindre des choses. Les personnages sont assez typiques, tout comme leurs problĂšmes et leurs conflits internes. Et il n’y a pas non plus de temps pour les dĂ©velopper beaucoup plus. Ce qui intĂ©resse Cosmatos, c’est voyage lui-mĂȘme, le voyage auquel le spectateur est invitĂ©, comme s’il Ă©tait l’un des invitĂ©s. En fait, lorsque Weller regarde la camĂ©ra pour dire Ă  ses invitĂ©s ce qu’il veut leur montrer, il est clair qu’il nous parle aussi. Certes, le spectateur n’a sans doute pas consommĂ© les mĂȘmes choses que les protagonistes, mais il a Ă©tĂ© sĂ©duit, intoxiquĂ© (droguĂ© si l’on veut) par la puissance lysergique de son cinĂ©ma.



SOURCE : Reviews News

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