Autoportrait dans une théière : le cinéma d’Andrés Duprat

Andrea Frigerio y Guillermo Francella en

✔️ 2022-04-02 01:10:59 – Paris/France.

Après le malaise de l’Oscar, intéressons-nous au cinéma argentin. Andrés Duprat Il est architecte et conservateur. Pourtant, en moins de quinze ans, il s’est imposé comme un scénariste hors norme. Avec son frère Gaston Duprat (qui dirige habituellement avec Mariano Cohn), ce trio de créateurs argentins affine de plus en plus ses recherches. En 2008, ils se sont fait connaître avec L’artiste. Depuis, Andrés Duprat affine de plus en plus une recherche dans laquelle on devine l’introspection, l’autoportrait.

Son travail s’articule autour de ces axes : art visuel, lutte des classes et amitié. L’homme d’à côté (disponible à la location via Apple TV) a été créé en 2009. Il s’agit d’un designer qui devient un « poisson hors de l’eau » lorsque le voisin décide d’abattre son mur pour ouvrir une fenêtre. En plus du drame, la comédie commence donc. Et c’est qu’en ouvrant ce trou, non seulement le voisin fait irruption dans la solitude du protagoniste, mais il détruit aussi la perfection d’une maison froide comme lui. Une maison construite par Le Corbusier.

L’important du point de vue des recherches de Duprat est que ce créateur est incapable de communiquer avec le voisin, un type excentrique mais adorable et, comme on l’apprend, loyal. La communication entre voisins échoue à cause de préjugés de classe. Au sens marxiste le plus pur, l’un des deux doit succomber.

Le même combat renaît dans d’autres films écrits par Andrés Duprat. Au le citoyen distingué 2016 (disponible sur Netflix), le scénariste et commissaire recrée un écrivain argentin lauréat du prix Nobel. Agacé par la célébrité et l’apparat, l’écrivain voyage vers ses origines et, descendu de sa tour d’ivoire, retourne dans sa ville natale. Le contraste entre la sophistication intellectuelle du protagoniste et les habitants vulgaires de la ville sert aux créateurs de ce film magnifique à faire une nouvelle critique sociale. Et en elle résonnent les trois thèmes qui préoccupent Andrés Duprat. le citoyen distingué C’est une œuvre pleine d’ironie dans laquelle l’auteur critique une fois de plus violemment la société argentine tout en continuant à se critiquer pour son statut d' »intellectuel » de cette société.

En 2018, il a été créé Mon chef-d’œuvre (également disponible sur Netflix). Dans ce film, Duprat écrit un autre personnage qui se révèle peu à peu comme un alter ego. Ainsi, le dessinateur et scénariste des autres films se transforme ici en galeriste qui, fidèle à son amitié avec un peintre décadent, trouve le moyen idéal de remettre ses œuvres à la mode. Puissent ces trois films servir d’apéritif pour profiter de ce qui est, à ce jour, la production la plus aboutie d’Andrés Duprat, son frère Gastón et Mariano Cohn.

Le film compétition officielle Il vient de faire sa première sur le circuit du film d’art. Le trio d’artistes argentins y revient pour élaborer ces thèmes qu’ils se sont appropriés. Duprat est un scénariste dont l’alter ego renaît à chaque fois, dans chaque film. C’est cet homme troublé qui vit des aventures intenses et hilarantes ; profondes parce qu’elles sont le portrait d’une société classiste et préjugée. Dans ces œuvres légères, se reflètent les aspirations et les misères d’une classe moyenne ayant beaucoup de mal à aimer. Rappelons-nous que dans le théâtre classique, la comédie pointe avec douceur ce qui ne va pas dans la société. C’est exactement ce que fait Andrés Duprat. Quoi Oscar Wildenous montre son visage déformé, comme quelqu’un qui se regarde dans une théière et nous fait rire.

QA

SOURCE : Reviews News

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